Rechercher
Rechercher

Actualités - CHRONOLOGIE

Parallèlement à un exposé sur les fouilles de Yanouh, en présence de Lecourtier et Clavier Visite guidée au musée de la Préhistoire de l’USJ (photo)

Guidé par deux spécialistes, Corine Yazbeck et Maya Haïdar-Boustany, l’ambassadeur de France, M. Philippe Lecourtier, et l’attaché culturel, M. Fréderic Clavier, ont entrepris une visite au musée de la Préhistoire de l’Université Saint-Joseph où ils ont été accueillis par le père René Chamussy, recteur de l’Université Saint-Joseph, M. Jarjoura Hardane, doyen de la faculté des lettres et des sciences humaines, et M. Lévon Nordiguian, directeur du musée. Étaient également présents Mme Suzy Hakimian, conservateur du Musée national de Beyrouth, et M. Pierre-Louis Galtier, directeur de la mission archéologique de Yanouh. À cette occasion, M. Galtier a donné un aperçu des opérations de fouilles entreprises dans la vallée de Nahr Ibrahim. Mais tout d’abord, visite au musée où plusieurs centaines d’outils, en pierre, os et bois, témoignent du comportement des hommes qui, bien avant les Phéniciens, ont habité cette terre, mais au sujet desquels on ne dispose pas de documents écrits. M. Nordiguian a rappelé que c’était la Compagnie de Jésus qui a été pionnière en matière de préhistoire au Liban. Citant les pères fondateurs, Godefroy Zumoffen (1848-1908) et Paul Bovier Lapierre (1873-1950), qui ont amassé les premiers outillages, et Francis Hours (1921-1987) qui a introduit les méthodes scientifiques des fouilles, le directeur du musée a souligné que «la préhistoire libanaise a été le domaine privilégié des savants jésuites de l’Université Saint-Joseph qui, dès la fin du XIXe siècle, ont réuni un fonds d’objets préhistoriques particulièrement riche». La gestion scientifique et pédagogique de ce fonds a été confiée par la suite à la faculté des lettres et des sciences humaines (FLSH) qui l’a mise à la portée du grand public, en créant le musée. Sous l’impulsion du père Sélim Abou, alors doyen de la FLSH, un projet de réhabilitation a été élaboré, en 1988, et un centre de recherches préhistoriques et archéologiques réunissant l’ensemble des collections, et doté d’une bibliothèque spécialisée, a été ouvert aux chercheurs. Le projet, signale Lévon Nordiguian, avait bénéficié du soutien du gouvernement français, de l’Institut français d’archéologie du Proche-Orient (l’actuel Ifpo) et de l’Unesco. Les acteurs de Yanouh En visitant l’amphithéâtre de la Bibliothèque orientale, MM. Lecourtier et Clavier ont écouté un exposé sur les fouilles archéologiques de l’église Mar Girios al-Azraq, dit de Yanouh, nichée dans la haute vallée de Nahr Ibrahim. L’exploration est menée conjointement par la FLSH et la Direction générale des antiquités (DGA), en partenariat avec la direction des sciences humaines du ministère français des Affaires Étrangères (Commission de l’archéologie) et l’équipe Hisoma-Institut Fernand Courby de l’Université de Lyon 2. La mission scientifique qui se consacre, depuis 1999, à l’étude de ce site, bénéficie également du soutien de l’Institut français du Proche-Orient (Ifapo) et de l’aide de la municipalité de Mgheiri et de son président le Dr el-Hage, a indiqué M. Jarjoura Hardane, ajoutant que l’Association pour la préservation du site de Yanouh, présidée par M. Georges Assaker, est «un lien précieux entre les habitants des villages de Yanouh et de Mgheiri, d’une part, et la mission, d’autre part». Dirigée par Pierre-Louis Gatier, directeur de recherches au CNRS, celle-ci «constitue pour les étudiants de la section d’archéologie de l’USJ un cadre pour le stage des étudiants, qui leur permet de s’initier aux méthodes de la prospection et de la fouille. Les notions ainsi acquises sont complétées par des travaux pratiques dans l’enseignement universitaire», précise M. Hardane. «Les étudiants s’initient alors à l’identification, au classement, au dessin et au traitement du matériel.» Vestiges uniques Prenant ensuite la parole, Pierre-Louis Galtier a rappelé que le site de Yanouh a été exploré avant la guerre de 1914 par les archéologues allemands Krencker et Zschietzschmann qui n’ont pu y découvrir que quelques murs d’un temple romain. Dans les années 60, des travaux menés par la DGA et l’ingénieur H. Kalayan ont permis de dégager, sur une surface de 2000 m2, plusieurs bâtiments, dont le temple romain, une basilique à trois nefs et une chapelle à une nef. La guerre du Liban a ensuite empêché la publication des résultats et a fait disparaître la presque totalité de la documentation. Hormis quelques pages de l’ouvrage de Krencker et Zschietzschmann, «on ne disposait d’à peu près plus rien sur les vestiges de Yanouh», a indiqué M. Galtier. La situation est semblable pour la haute vallée du Nahr Ibrahim où quelques découvertes fortuites ont été signalées. «Or, cette région a une place importante dans l’histoire du pays», souligne M. Galtier. «Contrairement à la théorie en vigueur qui fait de la montagne une zone forestière sous-occupée jusqu’à l’époque médiévale, les sondages ont permis de montrer la très longue histoire de l’occupation du site, depuis le bronze ancien jusqu’à la fin de l’époque médiévale, avec des périodes de déclin et des phases d’expansion», a précisé l’archéologue, ajoutant que parmi les tombeaux découverts, il est un «d’un type particulier qui ne se trouve nul part ailleurs au Liban». De même, «la seule inscription en araméen découverte au Liban» a été déterré à Mar Girios el-Azraq. «Malheureusement, l’archéologie s’étant concentrée sur la côte et dans la Békaa, aucune prospection et aucune fouille stratigraphique n’ont été entreprises dans la montagne pour étudier les phases de peuplement et de dépeuplement et le rôle qu’ont pu jouer les Phéniciens, Romains et maronites, lesquels ont fixé à Yanouh le premier siège du patriarcat», a encore souligné le conférencier. Il ajoute, en substance, que la prospection de la région a révélé des installations agricoles antiques, une concentration d’églises, de chapelles et de nombreux tombeaux ; d’importants habitats fortifiés datant des époques hellénistique et romaine, mais aussi deux villages médiévaux. Une projection de diapositives a permis aux visiteurs de découvrir les vestiges mis au jour à Yanouh, notamment : – Un grand temple romain, vraisemblablement du IIe siècle après JC, de type libanais à «adyton», construit en calcaire, mais entouré d’un mur d’enceinte en grès jaune. Ce temple transformé en église, vers le XIIe siècle, a été, en raison de sa couleur bleutée, à l’origine du nom de Saint-Georges-le-Bleu. – Un second temple romain, également en calcaire, contemporain du «grand temple» et dit «petit temple». – Un bâtiment à plate-forme en grès, monument de culte d’époque hellénistique, exceptionnel au Liban. – Une basilique protobyzantine à trois nefs, transformée de basilique à colonnes en basilique à piliers au cours de l’époque byzantine, puis de nouveau reconstruite (refaite) à l’époque médiévale. – Une chapelle médiévale à une seule nef, datant du XIIe-XIIIe siècle après JC. – Diverses installations annexes, dont certaines de nature agricole (pressoir à huile, pressoir à vin), d’époques byzantine et médiévale, liées à la transformation du temple en église et à la construction de la chapelle. Actuellement, les spécialistes entreprennent des sondages stratigraphiques destinés à assurer les datations des différentes phases de construction à Yanouh. Au programme également, des travaux d’architecture, de nettoyage du terrain et de déplacement des blocs pour faciliter la lisibilité du site et préparer sa mise en valeur. M. M.
Guidé par deux spécialistes, Corine Yazbeck et Maya Haïdar-Boustany, l’ambassadeur de France, M. Philippe Lecourtier, et l’attaché culturel, M. Fréderic Clavier, ont entrepris une visite au musée de la Préhistoire de l’Université Saint-Joseph où ils ont été accueillis par le père René Chamussy, recteur de l’Université Saint-Joseph, M. Jarjoura Hardane, doyen de la...