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Actualités - OPINION

CITOYEN GROGNON Lignes prépayées, halte au juteux marché noir

La ligne prépayée, en cette période de haute saison touristique, est un véritable casse-tête pour les vacanciers à la recherche d’un moyen de communication simple et abordable. C’est surtout une manne venue du ciel pour les profiteurs locaux, devenus de véritables rapaces, dès qu’ils sentent l’odeur de l’argent, du gain rapide. « Nous allons débloquer 80 000 lignes prépayées de cellulaire, 40 000 à la société MTC (ex-Libancell) et 40 000 à la société Detecon (ex-Cellis) », promettait le ministre des Télécommunications, Jean-Louis Cordahi, il n’y a pas si longtemps. « Paroles, paroles, paroles ! » comme l’a si bien dit Dalida dans l’une de ses chansons. Car si l’intention y est, les lignes, elles, c’est au compte-gouttes qu’elles sont distribuées et de manière anarchique, sans crier gare : un jour, Detecon donne trente lignes, alors que MTC n’en propose que vingt. Le lendemain, MTC en distribue une quarantaine et Detecon pas plus de vingt. Le surlendemain, aucune ligne n’est mise en vente, ni ici ni là. Allez savoir pourquoi. Personne n’est à même de vous l’expliquer. Personne non plus n’est à même de vous dire comment faire pour obtenir une ligne prépayée, Première Plus ou Clic. Les vacanciers, eux, n’ont d’autre choix que de prendre leur courage à deux mains et se résoudre à grossir les files d’attente devant les sièges des deux opérateurs, dès deux ou trois heures du matin, afin de voir leur nom figurer sur les listes des opérateurs. Certains même, venant de loin, passent la nuit devant le siège de l’une des deux compagnies et prennent leur mal en patience en jouant aux cartes ou dormant à même le sol, histoire d’assurer l’obtention de leur ligne. Mais ils repartent souvent bredouilles, l’œil noir, proférant des injures. Sous l’œil moqueur du personnel et des gardiens de parking, pas vraiment étrangers à leurs misères. Car au vu et au su de tous, un marché parallèle s’est lentement, mais sûrement, constitué. Le tarif officiel de 70 dollars pour la ligne prépayée, seuls quelques rares privilégiées y ont droit, et souvent, en dehors des heures ouvrables. Il leur suffit pour cela d’être bien introduits au sein de l’une des deux compagnies, de graisser la patte au gardien de parking ou de bénéficier d’un piston quelconque. Les autres citoyens, appartenant au commun des mortels, autrement dit au Liban d’en bas, devront s’échiner à attendre, deux, voire trois jours, parfois même plus, sans pour cela être sûrs de se procurer cette ligne si précieuse. Autrement, ils devront acheter leur numéro au marché noir à 150, 250 ou même 700 dollars. Prix fixé à la tête du client, à la tête du touriste surtout. À ce tarif, il est si facile d’obtenir un numéro de cellulaire avec, en prime, les salamaleks d’usage. Numéro qu’ils peuvent se procurer au parking d’en face, chez un revendeur de cartes prépayées, chez les commerçants d’une station estivale ou même dans un des grands hôtels de la capitale, soucieux de rendre ainsi service à sa clientèle. Le problème devrait être réglé très bientôt, disent de manière officieuse des employés des deux compagnies, comme pour justifier cet injustifiable trafic. Mais les promesses, les belles paroles, le vacancier en a déjà assez de les entendre. Ce qu’il voudrait, c’est qu’une solution radicale, efficace et rapide mette fin aux petites misères qui ne manquent pas d’empoisonner ses vacances. Ce qu’il espère surtout, c’est que ce problème prenne vite fin afin qu’il reparte avec une image positive de ce pays qui n’en finit pas de le décevoir. Anne-Marie EL-HAGE
La ligne prépayée, en cette période de haute saison touristique, est un véritable casse-tête pour les vacanciers à la recherche d’un moyen de communication simple et abordable. C’est surtout une manne venue du ciel pour les profiteurs locaux, devenus de véritables rapaces, dès qu’ils sentent l’odeur de l’argent, du gain rapide.
« Nous allons débloquer 80 000 lignes...