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Présidentielle - Berry et Mikati veulent temporiser Boutros se joint au camp des anti-prorogation

La bataille en cours autour de l’opportunité ou non d’un amendement de la Constitution en vue d’une prorogation ou d’une reconduction du mandat du président Émile Lahoud se poursuit sans trêve. Hier, l’ancien ministre Fouad Boutros s’est clairement joint au camp des « anti », alors que le président de la Chambre, Nabih Berry, et le ministre des Travaux publics, Négib Mikati, visiblement embarrassés par le clivage qui se dessine de plus en plus nettement sur la question, et ne se voyant pas d’un côté, ni de l’autre, appellent à temporiser. C’est dans son langage caractéristique, se voulant toujours au-dessus de la mêlée, que l’ancien ministre des Affaires étrangères s’est prononcé sur ce dossier. Interrogé par les journalistes à la suite d’un entretien à Bkerké avec le patriarche maronite, Mgr Nasrallah Sfeir, sur ce qu’il pense d’un amendement de la Constitution en vue d’une prorogation du mandat présidentiel, M. Boutros a répondu : « Je pense que cette orientation en direction d’un amendement de la Constitution tel qu’il est envisagé par certains n’est pas une solution. » Au contraire, « il est possible qu’il en résulte un certain nombre de problèmes parce que (l’amendement constitutionnel) entraînerait des bouleversements dans les équilibres », a-t-il souligné, précisant que l’amendement en question est appelé à « traiter un aspect ponctuel alors qu’il est censé revêtir une dimension permanente ». En fin de compte, pour M. Boutros, « il est préférable d’abandonner cette idée ». C’est avec la même conviction, quoique de manière plus militante, que Farès Souhaid, député de Jbeil et membre des Assises de Kornet Chehwane, a évoqué hier le sujet de l’heure, allant jusqu’à affirmer l’existence d’une « unanimité à l’intérieur sur la nécessité d’élire un nouveau président de la République et de s’abstenir d’amender la Constitution ». Interrogé par l’agence Akhbar el-Yom sur le point de savoir si le climat politique actuel était différent de celui qui prévalait en 1995 lorsque la loi fondamentale avait été amendée en vue de permettre la prorogation du mandat du président Élias Hraoui, M. Souhaid a déclaré : « Le climat n’est peut-être pas très différent sur le plan intérieur, dans la mesure où à l’époque des voix s’étaient également élevées avant que l’amendement ne soit voté pour s’y opposer ». Aujourd’hui, « l’assiette des opposants à l’amendement constitutionnel s’est élargie dans la mesure où il existe un consensus islamo-chrétien plus vaste appelant à ne pas toucher à la Constitution », a-t-il souligné. Mais, selon lui, la grande différence par rapport à 1995 réside dans « la très difficile situation régionale, qui pèse en particulier sur la Syrie ». Toujours dans le camp des anti-reconduction, mais avec certaines nuances, le député Henri Hélou (Baabda) s’est dit hostile « dans le principe » à tout amendement constitutionnel, parce que la formule sur laquelle repose la loi fondamentale devrait rester « solide et constante » et qu’elle ne devrait pas, par conséquent, être menacée « à chaque instant d’être amendée ». M. Hélou a expliqué que c’est en se fondant sur le même raisonnement qu’il s’oppose aux « exceptions qui deviennent la règle tous les quatre ans en matière de loi électorale, avec l’aval de tous ceux qui sont au pouvoir, y compris certains qui appellent aujourd’hui au respect de la Constitution ». Rappelant que son défunt père, l’ancien député Pierre Hélou, s’était opposé en 1995 à l’amendement pavant la voie à la prorogation du mandat de M. Hraoui, il a toutefois souligné la nécessité d’empêcher que « le débat en cours sur la présidentielle ne se répercute négativement sur la stabilité politique générale, et partant sur la situation économique et la saison touristique qui s’annonce prospère ». Berry : Les déshérités avant la présidentielle À défaut des proreconductionnistes, restés muets hier, ce sont les « attentistes » qui, à l’instar du président de la Chambre, se sont à nouveau mobilisés hier. M. Berry, qui s’exprimait à l’issue d’une visite au siège du Conseil supérieur chiite, où il a été reçu par le vice-président, cheikh Abdel Amir Kabalan, n’a cependant pas explicitement évoqué l’élection présidentielle dans ses propos. « Nous nous laissons distraire par des échéances lointaines qui ne méritent pas de prendre le dessus sur les questions touchant les pauvres et les déshérités », s’est contenté de déclarer à la presse le président de la Chambre. Ce n’est pas la première fois que M. Berry laisse ainsi éclater son impatience face au débat qui s’est engagé depuis quelques semaines, notamment depuis la prise de position de Bkerké, pour ou contre la reconduction ou la prorogation du mandat du président Lahoud. Il y a quelques jours à peine, il s’était déjà élevé contre ce qu’il considère comme de la précipitation. Abondant dans le même sens, le ministre des Travaux publics, Négib Mikati, s’est efforcé de renvoyer dos à dos les avocats de la prorogation et ses détracteurs. « Chaque chose en son temps, car nous connaissons tous les circonstances que traverse la région et qui changent de jour en jour », a déclaré M. Mikati au terme d’un entretien avec le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, à qui il a rendu visite hier. « Je ne crois pas que ceux qui appellent à la prorogation du mandat servent aujourd’hui cette cause. Je ne crois pas non plus que ceux qui y sont hostiles prennent le bon chemin pour s’y opposer », a souligné M. Mikati. Il a par ailleurs renouvelé ses critiques contre les « vacances » prolongées prises par le Conseil des ministres, alors que des dossiers qu’il juge « très importants » s’entassent. Loin de la polémique sur la prorogation du mandat ou le timing de la campagne, le président du bloc parlementaire du Hezbollah, Mohammed Raad, a souligné pour sa part, dans une déclaration à la presse, que « ce qui intéresse » sa formation dans l’échéance présidentielle était la capacité du chef de l’État, quel qu’il soit, à prendre en charge un certain nombre de dossiers essentiels, et en premier lieu celui qui a trait aux « constantes politiques et stratégiques nationales ». En d’autres termes, les constantes qui stipulent « le droit du Liban à résister jusqu’à la libération du dernier pouce de son territoire », a précisé M. Raad. Pour le député intégriste, l’individu qui sera appelé à assumer cette mission devra « être constant sur la question et l’affronter avec conviction et sincérité ». Il s’agit de qualités que le Hezbollah a trouvées jusqu’ici réunies dans la personne du président Émile Lahoud, qui, en six ans à la tête de l’État, n’a jamais ménagé son soutien au Parti de Dieu dans ce domaine.
La bataille en cours autour de l’opportunité ou non d’un amendement de la Constitution en vue d’une prorogation ou d’une reconduction du mandat du président Émile Lahoud se poursuit sans trêve. Hier, l’ancien ministre Fouad Boutros s’est clairement joint au camp des « anti », alors que le président de la Chambre, Nabih Berry, et le ministre des Travaux publics,...