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Actualités - ANALYSE

PERSPECTIVEs - Frangié et Samaha résument en peu de mots la situation concernant la présidentielle Quatre mois de manœuvres dans l’attente du mot d’ordre magique

Lucide et pragmatique, le ministre Sleiman Frangié a résumé, vendredi dernier, en quelques mots la situation : nul, au stade actuel, ne dispose réellement d’indications sur le cours que pourrait prendre l’échéance présidentielle et, en tout état de cause, les alliés de Damas finiront par se rendre comme un seul homme à la place de l’Étoile pour avaliser « la » décision qui aurait été prise – ou initiée – par le grand décideur. Complétant le tableau, le ministre de l’Information, Michel Samaha, soulignait, de retour de Washington, que pour les États-Unis c’est la situation en Irak qui figure en tête des priorités. Une manière diplomatique de confirmer qu’il est très peu probable que l’Administration US en vienne à croiser le fer avec Damas au sujet de la présidentielle, d’autant que cela la placerait en position de demandeur alors qu’elle s’emploie à imposer ses conditions au régime syrien. Le pays est donc engagé dans une longue période d’incertitude et de suspense, appelée à se prolonger jusqu’au début de l’automne. Le chef du Législatif, Nabih Berry, a annoncé clairement la couleur sur ce plan en soulignant que rien ne se décidera avant fin octobre. Cela ne signifie pas pour autant que cette phase constituera un temps mort. D’ici là, chacun des deux camps en présence – les partisans et les adversaires d’une reconduction du mandat Lahoud – multipliera les manœuvres, fera avancer ses pions et cherchera à marquer des points pour créer un climat susceptible d’infléchir « la » décision en sa faveur. C’est ainsi, à titre d’exemple, que les députés haririens se donnent pratiquement le relais pour assurer quotidiennement, ou presque, une déclaration de presse visant à entretenir un ciblage médiatique hostile à la reconduction. Les plus défaitistes des observateurs remarqueront à cet égard qu’en 1995, à la fin du mandat Hraoui, une campagne similaire, opposée à la prorogation, avait été menée par certains milieux politiques locaux, mais, au dernier quart d’heure, le président Hafez el-Assad avait donné le mot d’ordre – dans une interview au quotidien égyptien al-Ahram –, ce qui avait eu pour effet magique de faire taire subitement les voix « discordantes » et d’assurer la majorité requise pour maintenir le président Hraoui au pouvoir trois années supplémentaires. D’aucuns affirment qu’un même scénario pourrait se répéter cette fois-ci. Ce point de vue est toutefois contesté par le président Hussein Husseini qui relève que si en 1995 les opposants s’étaient soumis, à contrecœur, au mot d’ordre syrien, c’est en raison d’une conjoncture régionale exceptionnelle : les efforts de paix entre Israël et la Syrie étaient sur le point d’aboutir et, de ce fait, il était normal que Damas ne s’aventure pas à modifier la donne au Liban juste au moment où un accord devait être signé avec l’État hébreu. Pour l’ancien chef du Législatif, aucune circonstance exceptionnelle similaire n’est susceptible, pour l’heure, de justifier une reconduction ou une prorogation du mandat Lahoud. Car M. Husseini – et avec lui plusieurs autres pôles d’influence – affirme que la durée du mandat du président de la République constitue l’un des paramètres fondamentaux qui sont à la base du pacte national. Modifier un tel paramètre nécessiterait un large consensus interne car cela impliquerait une révision du pacte. Cette démarche serait d’autant plus hasardeuse qu’elle signifierait qu’on aurait pratiquement ouvert la boîte de Pandore. Passant outre à l’argumentation des opposants, les « lahoudistes » les plus convaincus prennent le taureau par les cornes et poussent leur logique jusqu’au bout en englobant la prorogation ou la reconduction dans un package d’amendements constitutionnels prévoyant, notamment, un renforcement, ou du moins un réajustement, des prérogatives du chef de l’État ainsi qu’une rationalisation de l’action du Conseil des ministres en tant qu’organe exécutif. De telles propositions remontent, en réalité, au mandat Hraoui, l’ancien chef de l’État, ayant à plus d’une reprise souligné la nécessité d’une révision des attributions du président de la République afin d’assurer un meilleur équilibre au niveau du pouvoir. L’essentiel de l’actualité locale au cours des quatre prochains mois pourrait bien être axé sur ce point précis : est-il opportun d’ouvrir, dans le contexte présent, le délicat dossier des amendements constitutionnels ? Est-il possible, dans le climat actuel, d’assurer un large consensus national pour redéfinir les rapports entre les principales composantes communautaires du pays ? Pour l’heure, rien n’est moins sûr. Et pour cause : depuis la fin des combats, en 1990, aucun dialogue sérieux et en profondeur n’a été entrepris pour discuter, cartes sur table, de toutes les pierres d’achoppement qui minent les relations entre les diverses fractions qui forment le tissu social libanais. Et, à cet égard, la réaction de certains services ou pôles du pouvoir au récent « Appel de Beyrouth » illustre de manière éclatante à quel point les conditions objectives d’un réel débat national sont encore loin d’être réunies. Michel TOUMA
Lucide et pragmatique, le ministre Sleiman Frangié a résumé, vendredi dernier, en quelques mots la situation : nul, au stade actuel, ne dispose réellement d’indications sur le cours que pourrait prendre l’échéance présidentielle et, en tout état de cause, les alliés de Damas finiront par se rendre comme un seul homme à la place de l’Étoile pour avaliser « la »...