Présidentielle - Le Rassemblement catégoriquement opposé à tout amendement constitutionnel Il faut tourner une bonne fois pour toutes la page de la reconduction, affirme Kornet Chehwane

Le Rassemblement de Kornet Chehwane a affirmé hier qu’il fallait « tourner une bonne fois pour toutes la page de la prorogation et de la reconduction et s’en tenir aux dispositions constitutionnelles pour assurer une alternance naturelle du pouvoir et l’élection d’un nouveau président de la République ». « Un président qui pourra, comme l’a déjà indiqué le communiqué des évêques maronites, traduire les revendications populaires exprimées par certaines fractions nationales libres en faveur de la fin de la tutelle et de la capacité du pays à assumer ses pleines responsabilités sans recourir à des moyens passant par le suivisme et l’asservissement. La poursuite des polémiques concernant la prorogation et la reconduction, et les propos des responsables libanais qui accompagnent ces polémiques concernant le rôle déterminant de la Syrie au niveau de la nomination du président de la République sont honteux. Ils constituent une violation de la souveraineté et du droit naturel des Libanais à désigner leurs responsables et gérer leurs affaires nationales », a indiqué Kornet Chehwane. Réuni hier sous la présidence de l’archevêque d’Antélias, Mgr Youssef Béchara, à Kornet Chehwane, en présence de tous ses membres, à l’exception de MM. Simon Karam et Salah Honein, le Rassemblement a indiqué qu’« il n’est un secret pour personne que la prorogation ou la reconduction du mandat du président Émile Lahoud constitue une prorogation de la crise et du régime de la corruption et du suivisme, dont tous les pôles du pouvoir assument la responsabilité ». « Si cela vient à se produire, le danger qui nous guette actuellement sera encore plus grand, compte tenu de l’amalgame d’échéances à tous les niveaux : financier, économique et social. Le seul moyen de pouvoir faire face à ce qui nous attend comme échéances est la mise en place d’un pouvoir souverain, inspirant la confiance aux citoyens et garant de leur soutien. Ce pouvoir suscitera un regain d’espoir dans l’esprit des Libanais et les encouragera à participer à la renaissance de leur patrie », a-t-il poursuivi. Selon Kornet Chehwane, la présidentielle « doit être une étape vers le changement attendu, pour la mise en place d’un pouvoir alternatif qui ne sera pas le produit d’un autre pouvoir, mais issu de la volonté libre des Libanais, fondé sur la démocratie et la participation, à même de susciter le respect, capable de se mettre sous le plafond de la loi et de rendre des comptes ». « Les développements mettent en exergue, jour après jour, le caractère légitime de cette revendication et la nécessité de la satisfaire, surtout dans le climat d’effondrement accéléré du pouvoir, qui est quasi paralysé, du fait des querelles entre ses pôles », a ajouté le Rassemblement. Pour le Rassemblement, « la question des amendements constitutionnels dessert l’intérêt national, et va à l’encontre de la position de l’opposition ». « Le fait de se barricader derrière les communautés pour faire circuler ses intérêts privés est inadmissible. Il porte atteinte à l’essence du pacte national interlibanais et se répercute négativement sur les institutions de l’État, à commencer par la présidence de la République et son rôle de symbole d’unité du pays et d’arbitre institutionnel. La priorité va aujourd’hui à l’application complète du document de Taëf sans dévoyer le texte ou en ôter la clause relative au retrait des forces syriennes du Liban », a-t-il souligné, mettant l’accent sur le caractère définitif des réformes de 1990. Kornet Chehwane a, en outre, indiqué que « l’alternance du pouvoir se trouve au cœur du pacte de convivialité », précisant qu’il faut distinguer sa position de celles qui s’opposent à la reconduction pour des motifs personnels, en rapport avec le président actuel. « Nous n’acceptons pas l’équation qui consiste à choisir entre le pire et le plus pire, que certains tentent de faire circuler. La stabilité d’un pays ne dépend pas de la stabilité des mêmes personnes à leurs postes, mais de la stabilité du système, de la Constitution et du pacte », a ajouté le Rassemblement, appelant les Libanais à « se solidariser par tous les moyens démocratiques avec tous les appels nationaux en faveur de la défense de la Constitution et du régime parlementaire ». Les participants ont enfin évoqué l’expérience des municipales, notamment « les failles qui sont apparues tant au niveau de l’opposition que du pouvoir ». Il a estimé qu’il ne fallait pas « donner des interprétations politiques fausses des résultats des élections ».