Le siège imposé à Arafat est indigne, estime Barnier

Le chef de la diplomatie française Michel Barnier, en visite dans les territoires palestiniens, a estimé hier que le siège imposé par Israël au dirigeant palestinien Yasser Arafat est « indigne » et doit cesser. « Au cours de mes entretiens avec le président Arafat, j’ai pu mesurer de plus près le sort qui lui est fait, la situation pénible dans laquelle il vit et qui n’est pas digne, compte tenu de ce qu’il représente », a affirmé aux journalistes M. Barnier après une rencontre avec le Premier ministre palestinien Ahmed Qoreï à Ramallah en Cisjordanie. « Nous considérons que cette situation ne doit pas durer parce qu’il est le président élu et légitime (du peuple palestinien). Voilà aussi le sens de la visite que je lui ai faite ici au nom du gouvernement français », a ajouté le ministre. M. Barnier s’était entretenu mardi soir à Ramallah avec M. Arafat dans son QG dévasté, où il est confiné depuis décembre 2001. Le ministre français a affirmé mercredi avoir transmis à M. Qoreï ainsi qu’à M. Arafat « un message de solidarité dans les difficultés quotidiennes que vivent les Palestiniens, notamment en raison des bouclages, des barrages, des destructions, de ce mur ». Il se référait à la barrière de séparation érigée par Israël en Cisjordanie, dénoncée par les Palestiniens comme un « mur de l’apartheid ». Il a salué les efforts déployés par M. Qoreï dans la mise en œuvre de réformes, appelant l’Autorité palestinienne à « aller plus loin vers une réorganisation des services de sécurité ». M. Barnier a en outre qualifié d’« utile » le retrait israélien envisagé de la bande de Gaza, estimant qu’il doit s’inscrire dans le cadre de la « feuille de route ». M. Qoreï a pour sa part affirmé avoir évoqué avec le ministre français les « réformes administratives et financières, et également dans le domaine de la sécurité ». « Nous étions en accord sur les sujets abordés », a-t-il dit. M. Barnier a tenu à rencontrer M. Arafat lors de sa visite en dépit des critiques d’Israël qui cherche, avec le soutien des États-Unis, à isoler le dirigeant palestinien, considéré comme « un obstacle à la paix ». À l’issue de sa rencontre, le chef de la diplomatie française a appelé à la fin de la « répression » israélienne et a exhorté l’Autorité palestinienne à poursuivre les réformes. Réagissant aux critiques israéliennes, le ministre palestinien des Affaires étrangères Nabil Chaath a salué la France comme « un pays fier » qui ne « plie pas face au chantage israélien ». Le président français Jacques Chirac a pour sa part affirmé mardi à Istanbul qu’il était « légitime » de rencontrer Yasser Arafat. M. Chirac, qui s’exprimait lors d’une conférence de presse en marge du sommet de l’Otan, a souligné que le président de l’Autorité palestinienne est « aujourd’hui le seul à pouvoir imposer au peuple palestinien des compromis, notamment de nature territoriale ». « Il n’est pas très prudent dans une stratégie de retour à la paix de vouloir l’isoler », a ajouté le président français.