Diplomatie - Le président du Parlement iranien reçu par Lahoud, Berry et Hariri Karoubi rend les USA indirectement responsables du meurtre de l’émissaire de Téhéran en Irak

Le président du Parlement iranien Mehdi Karoubi a rejeté hier sur les forces américaines en Irak la responsabilité de l’assassinat, le 15 avril, d’un diplomate iranien à Bagdad, estimant qu’elles n’ont pas réussi à assurer la sécurité dans ce pays. « Les forces américaines sont responsables de l’assassinat du diplomate iranien à Bagdad », a affirmé M. Karoubi dans des déclarations à la presse à Beyrouth, où il effectue une visite de trois jours à l’invitation de son homologue libanais, Nabih Berry, après un séjour en Syrie. « Évidemment, les États-Unis doivent assumer la responsabilité de son assassinat. Ce sont eux les occupants, donc les responsables de la sécurité en Irak, et puisque la sécurité n’est pas assurée, ce sont les forces américaines qui doivent assumer la responsabilité » de l’assassinat. Le premier secrétaire de l’ambassade d’Iran à Bagdad, Khalil Naïmi, a été abattu le 15 avril par des hommes armés près de l’ambassade, dans le centre de la capitale irakienne. Cet assassinat est intervenu au lendemain de l’arrivée à Bagdad d’une délégation du ministère des Affaires étrangères iranien pour servir d’intermédiaires avec les chiites du chef radical Moqtada Sadr qui ont pris les armes contre les Américains à Bagdad et dans le sud de l’Irak. « Il n’y a pas d’avenir pour l’Irak » sans le retrait des forces d’occupation, a estimé M. Karoubi. Si les forces d’occupation ne se retirent pas d’Irak, ne permettent pas la tenue d’élections libres ou le transfert du pouvoir aux Irakiens, il n’y aura pas un bon avenir pour l’Irak, a-t-il estimé. « Si les forces d’occupation continuent à mener leur politique erronée, je peux vous dire que le problème ne fera que se compliquer jour après jour », a-t-il poursuivi. Reçu par le président de la République, Émile Lahoud, au palais de Baabda, en présence du député Ghazi Zeaïter (Baalbeck-Hermel) et de l’ambassadeur d’Iran à Beyrouth, Massoud Idrissi, M. Karoubi a rendu hommage à l’action de son hôte et notamment à sa « détermination de renforcer les relations entre le Liban et l’Iran ». De son côté, M. Lahoud a souligné l’importance des « liens de coopération et d’amitié » entre les deux pays, réaffirmant que « l’Iran s’est toujours rangé aux côtés du Liban dans les périodes difficiles qu’il a connues et dans son combat pour libérer la plus grande partie de son territoire, au Liban-Sud, de l’occupation israélienne ». Le chef de l’État a réitéré aussi à cette occasion ses vues concernant la paix au Proche-Orient et la situation en Irak, mettant à nouveau l’accent sur les récentes prises de position du président américain George W. Bush au sujet du conflit israélo-palestinien. Selon lui, l’attitude de M. Bush, qui avait notamment jugé « irréaliste » un retour aux frontières d’avant juin 1967 et prôné un retour des réfugiés palestiniens dans le seul État palestinien qui reste à créer et non en Israël, « rend pratiquement caduques toutes les résolutions des Nations unies en rapport avec le Proche-Orient, viole les conventions internationales et donne à Israël un prétexte pour poursuivre sa guerre d’extermination du peuple palestinien et continuer à adresser des menaces à l’égard du Liban et de la Syrie ». M. Lahoud a poursuivi en mettant l’accent sur « l’importance de la coordination libano-syro-iranienne pour traverser la phase en cours en adoptant des positions unifiées préservant les droits et la dignité et montrant que l’option de la paix doit être en harmonie avec le droit légitime de libérer la terre ». Place de l’Étoile Recevant le responsable iranien au siège du Parlement, M. Berry devait pour sa part souligner l’importance de la visite de M. Karoubi en ce moment précis, « eu égard à l’offensive que subit la région ». « Cette visite est une reconnaissance de ce que représente le Liban comme modèle de coexistence des civilisations », a poursuivi le président de la Chambre, remerciant Téhéran tout particulièrement pour sa position solidaire du Liban au sujet du refus de l’implantation des réfugiés palestiniens sur le sol libanais. Enfin, M. Karoubi et sa délégation ont été reçus Sérail par le chef du gouvernement, Rafic Hariri. « La rencontre a été amicale, bonne et franche sur l’ensemble des questions abordées », a déclaré le responsable iranien à l’issue des discussions. Ces dernières ont porté sur les relations bilatérales et les questions régionales. Aujourd’hui, M. Karoubi doit rencontrer une délégation d’anciens détenus en Israël. Il s’entretiendra également avec un certain nombre de députés puis avec une délégation du mouvement Amal.