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Actualités - OPINION

Ce qu’ils en pensent Assassinat du chef du Hamas, Abdel-Aziz al-Rantissi

En moins d’un mois, deux assassinats qui ont décapité l’organisation Hamas harcelée par Israël. Comme si cet État, que certains continuent à qualifier de « seule démocratie de la région », était revenu à la loi du Talion, faisant fi des lois, de la justice et des conventions internationales. Pourtant, ces actes qui laissent pantois les Arabes bénéficient de la bienveillance de l’Administration américaine et même du candidat démocrate à la présidence, M. John Kerry. Nous avons demandé au Dr Toufic Hindi, ancien conseiller du chef des FL Samir Geagea et actuel membre de Kornet Chehwane, ce qu’il pense de cette situation nouvelle. Toufic Hindi, membre de Kornet Chehwane Q : Selon vous, jusqu’où ira Israël en pourchassant les têtes du Hamas et peut-on sérieusement envisager la relance d’un processus de négociations dans une telle atmosphère ? R : « Cette succession d’assassinats s’inscrit tactiquement dans le cadre du plan de retrait unilatéral élaboré par Sharon. C’est comme s’il voulait éviter que l’expérience du retrait unilatéral au Liban-Sud ne se reproduise. Il cherche donc à casser toute résistance avant de retirer ses troupes de Gaza. Sur un plan plus stratégique, ces agissements s’inscrivent dans le cadre de la politique de monopole américaine de la décision internationale, excluant les Européens et toute autre partie qui pourrait avoir la moindre influence. Israël veut donc imposer ses solutions, en dehors des résolutions internationales, du processus de Madrid et même de la “feuille de route”. Il ignore toutes les initiatives de paix, que ce soit au sujet du droit de retour des Palestiniens ou des territoires de 1967. Apparemment, ils veulent donner aux Palestiniens la bande de Gaza et une partie de la Cisjordanie, les mettant quasiment en cage. Quant au fait de les décapiter, Israël semble ne pas vouloir s’arrêter aux leaders du Hamas, mais veut également atteindre Yasser Arafat et l’Autorité palestinienne en général. C’est la politique de la force et des solutions imposées, qui intervient à un moment où les Arabes sont totalement déboussolés. Les régimes n’ont pu se réunir dans le cadre d’un sommet, et les populations ne sont pas prêtes, faute d’institutions, à faire face à cet assaut. » Q : Comment expliquez-vous « la bienveillance américaine », toutes tendances confondue, à l’égard des agissements d’Israël ? R : « Ce qui vient de se passer montre combien les politiques américaine et israélienne sont étroitement liées, je dirais même qu’elles le sont organiquement. Il n’y a plus de différences entre elles. Israël n’est plus un allié important pour les États-Unis, mais l’allié préférentiel. À mon avis, la position de John Kerry, candidat démocrate à la présidence américaine, ne s’explique pas seulement par le besoin de se rallier le vote des juifs américains. Je crois plutôt que la politique étrangère des États-Unis ne dépend plus des personnes ou des partis. J’entends parfois des gens se demander : « Mais que font les Américains ? Ils sont devenus fous ! » Je crois personnellement qu’il y a eu surtout un changement radical dans la politique américaine, entre l’avant-Bush et le 11 septembre 2001 et l’après. Les Américains semblent désormais convaincus de la nécessité de remodeler le “ Grand Moyen-Orient ”, en utilisant un mélange de force et de coercition, afin d’amener les pays arabes et notamment musulmans à procéder à des changements radicaux, politiques, mais aussi culturels. Nous vivons une nouvelle ère, qui peut être très dangereuse. » Q : Les Arabes peuvent-ils faire quelque chose ? R : « Ils devraient pouvoir se réunir pour voir comment affronter cette situation, avec une nouvelle ouverture et une compréhension des réalités telles qu’elles sont et non telles qu’ils les souhaitent. Sinon, l’assaut dont ils font l’objet pourrait aboutir au chaos. Nous avons d’un côté des régimes arabes faibles, parce qu’ils n’ont pas su ouvrir à temps les vannes de la démocratie et que, maintenant, ils sont acculés et doivent faire face à l’extrémisme (comme l’a fait remarquer le président égyptien), et une détermination américano-israélienne à aller jusqu’au bout du projet “de remodelage”. Il est donc urgent pour les Arabes d’agir. » Q : Et le Liban ? R : « De par sa structure multiconfessionnelle, la présence des Palestiniens sur son territoire, la politique du Hezbollah et la coordination de sa politique avec celle de la Syrie, le Liban vit une situation extrêmement dangereuse. Pour éviter les retombées néfastes de cette situation sur leur pays, les Libanais doivent faire preuve de retenue et de sagesse dans leur comportement. Le seul chemin possible est l’intensification du dialogue et la prise des décisions nationales par consensus. » Omar Moumtaz, formation d’ingénieur et étudiant en diplomatie et négociations stratégiques Q :Vous sentez-vous concerné par l’assassinat par Israël des leaders du Hamas ? R : « Bien sûr que je me sens concerné. D’abord sur le plan humain. Ces agissements dépassent toutes les normes internationales, même celles qui prévalent en période de guerre. À mon avis, rien ne peut les justifier. Le rapport de force est inégal et c’est un terrorisme d’État qui répond à un autre, du moins, selon les terminologies occidentales. De plus, ce terrorisme d’État est appuyé par la superpuissance mondiale américaine, dont la politique est totalement alignée sur celle d’Israël. Comment, dans ces conditions, faire respecter un minimum de règles internationales ? » Q : Comment voyez-vous l’avenir dans ces conditions ? R : « Je crois que la guerre est ouverte entre les Israéliens et les Palestiniens et elle n’est pas près de se terminer. En fait, elle a déjà commencé depuis longtemps et elle est passée par plusieurs étapes ; d’abord, le terrorisme israélien pour faire fuir les Palestiniens et jeter les bases d’un État, puis les attaques palestiniennes dans le monde et ensuite le déplacement de la guerre à l’intérieur d’Israël et aujourd’hui, le cycle infernal de la violence et du terrorisme d’État, face à celui des Palestiniens, conditionné par le désespoir et la faiblesse de leurs moyens. Sincèrement, je ne vois pas d’issue. » Q : Les Arabes, et le Liban en particulier, peuvent-ils faire quelque chose ? R : « Exception faite des États-Unis, nul ne peut rien faire. Au lieu de faire des discours dans le plus pur style de la langue de bois, les Arabes devraient, à mon avis, consolider leur situation interne et démocratiser leurs institutions. Ce n’est qu’en rendant aux populations leurs libertés et en leur permettant de s’épanouir et de se cultiver qu’ils pourront espérer faire un contrepoids à l’influence israélienne sur les États-Unis et, en tout cas, se prémunir contre les conséquences éventuelles de la guerre ouverte entre les Palestiniens et les Israéliens. » Scarlett HADDAD
En moins d’un mois, deux assassinats qui ont décapité l’organisation Hamas harcelée par Israël. Comme si cet État, que certains continuent à qualifier de « seule démocratie de la région », était revenu à la loi du Talion, faisant fi des lois, de la justice et des conventions internationales. Pourtant, ces actes qui laissent pantois les Arabes bénéficient de la...