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Après l’Irak, la candidature turque à l’UE entretient la discorde Bush-Chirac

L’épineux dossier de l’adhésion turque à l’Union européenne a été l’occasion à Istanbul d’une nouvelle passe d’armes entre le président américain George W. Bush et son homologue français Jacques Chirac, déjà en désaccord sur l’Irak. Tout a commencé dimanche lorsque M. Bush, au début d’un entretien avec le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan, a déclaré que l’UE devait intégrer la Turquie, intervenant sur un sujet qui divise profondément les opinions européennes. La réponse du président français Jacques Chirac a fusé dès le lendemain, en marge du sommet de l’Otan : M. Bush « est non seulement allé trop loin, mais il est allé sur un terrain qui n’est pas le sien », a-t-il dit lors d’une conférence de presse. M. Bush « n’avait aucune vocation à donner une obligation ou une voie quelconque à l’Union européenne. C’est comme si j’expliquais aux États-Unis la façon dont ils doivent gérer leurs relations avec le Mexique », a ajouté M. Chirac, qui a par ailleurs jugé « irréversible » la marche de la Turquie vers l’UE. Mais hier, faisant fi des remarques de son homologue français, le président Bush a enfoncé le clou à l’occasion d’un discours destiné aux étudiants de l’Université de Galatasaray à Istanbul. « Les États-Unis estiment qu’en tant que puissance européenne, la Turquie a sa place dans l’Union européenne », a déclaré M. Bush, en ajoutant que cette adhésion « représenterait une avancée cruciale dans les relations entre le monde musulman et l’Occident ». « Inclure la Turquie dans l’UE montrerait que l’Europe n’est pas un club exclusif ne comprenant qu’une seule religion et que le choc des civilisations est dépassé », a insisté le président américain. Le Premier ministre turc a de son côté fait son possible pour ne pas envenimer le débat. Le président américain, « dirigeant du pays le plus puissant du monde », est parfaitement en droit de s’exprimer sur la candidature de la Turquie à l’UE, a-t-il fait valoir, tout en rappelant que la décision restait du seul ressort des Européens. Avant son départ d’Istanbul, M. Chirac a tenté de relativiser ses divergences avec les États-Unis qui, selon lui, n’altèrent pas la « profonde estime et amitié » qui unissent Français et Américains. « Nous sommes des amis, nous sommes des alliés, nous ne sommes pas des serviteurs », a-t-il toutefois tenu à préciser. « Quand nous ne sommes pas d’accord, nous le disons. Nous ne le disons pas de façon agressive, mais nous le disons de façon ferme », a poursuivi M. Chirac en rappelant que « ce fut le cas pour tout ce qui a touché la stratégie américaine pour l’Irak ». Sur ce point, « nous n’avons pas aujourd’hui le sentiment de nous être profondément trompés », a fait remarquer Jacques Chirac. Au sommet de l’Otan à Istanbul, la France s’est encore démarquée avec l’Allemagne de la politique en Irak du président Bush et de son fidèle allié britannique Tony Blair, en opposant un refus catégorique à l’envoi de soldats sur le territoire irakien pour former les forces de sécurité irakiennes. Avant de quitter la Turquie, M. Chirac a d’ailleurs réaffirmé son hostilité de principe à toute « implantation » de l’Otan en Irak, qui serait selon lui vécue comme une « ingérence supplémentaire » par les Irakiens.
L’épineux dossier de l’adhésion turque à l’Union européenne a été l’occasion à Istanbul d’une nouvelle passe d’armes entre le président américain George W. Bush et son homologue français Jacques Chirac, déjà en désaccord sur l’Irak.
Tout a commencé dimanche lorsque M. Bush, au début d’un entretien avec le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan, a...