Rechercher
Rechercher

Actualités - CHRONOLOGIE

HUMANITAIRE - Rencontre-débat du Centre international de rencontre et de dialogue culturel La prison au Liban, un gouffre de misère

L’une des hontes du Liban est l’état de ses prisons. Le constat en a été fait récemment par une commission parlementaire, tandis qu’une émission de la LBCI, animée par Marcel Ghanem, lui était consacrée. Le constat était accablant. Pour sa première activité publique, le Centre international de rencontre et de dialogue culturel relevant du Conseil pontifical de la culture et présidé par Mgr Guy Noujeim, évêque maronite de Sarba, a voulu profiter de l’écho soulevé par la retentissante émission de Marcel Ghanem pour sensibiliser davantage encore l’opinion à cette tragédie silencieuse et ce qu’elle laisse voir du gouffre de misère où vivent, le plus souvent, les prisonniers et leurs familles. Son secrétaire général, le père Fadi Daou, a donc invité M. Ghanem, ainsi que le brigadier Amine Saliba, adjoint du commandant de la gendarmerie, et le père Élie Nasr, aumônier des prisons, à parler non plus des seules prisons, mais aussi de la vie après la prison. Pour beaucoup de prisonniers relâchés, le stigmate est tel qu’ils sont condamnés au chômage et à l’opprobre. Pour parler en leur nom, le Centre international de rencontre et de dialogue a choisi une ancienne prisonnière, Antoinette Chahine. Une femme qui a été acquittée de l’accusation du meurtre d’un prêtre maronite, pour lequel elle avait été condamnée sur un faux témoignage, après cinq ans de réclusion. Dans la petite salle de conférences de l’ Usek mise à la disposition du centre, le public était relativement à l’étroit. Mais la conférence a dédommagé les auditeurs de leur peine. C’est Marcel Ghanem, le présentateur vedette de la LBCI, qui a d’abord pris la parole. Il a témoigné de la genèse de cette émission en tous points exceptionnelle, réalisée avec l’autorisation indispensable du ministre de l’Intérieur et du procureur général près la Cour de cassation, Adnane Addoum, qui a permis à la caméra de pénétrer à l’intérieur de la prison de Roumié, et même d’y interviewer des prisonniers. Une autorisation que dans certains milieux officiels, on a trouvé ensuite « regrettable », estimant que l’émission a « porté atteinte au prestige de l’État ». M. Ghanem a déploré que l’on ait « politisé » une émission dont le mobile était exclusivement humanitaire, et qui cherchait à mettre en lumière certaines des grandes injustices commises au Liban, au nom de la justice. Ce rappel était une entrée en matière indispensable aux propos du brigadier Amine Saliba, qui a relevé le caractère anachronique de la loi sur les prisons, qui date de 1949. L’officier a souligné aussi que la gendarmerie est elle-même « prisonnière » des textes juridiques, qu’elle doit mettre en application, tout en constatant leurs graves insuffisances, quand ce n’est pas leur flagrante injustice. Le ministre de l’Intérieur s’est attiré les sarcasmes de certains, quand il a demandé des crédits pour construire de nouvelles prisons, a-t-il dit, après avoir relevé que, construite pour 1 500 détenus, la prison de Roumié en abrite 4 000. Le père Élie Nasr, pour sa part, a parlé du devoir de l’Église à l’égard des prisonniers. Le temps où ce devoir se limitait à quelques activités spirituelles est révolu, a-t-il dit. L’Église doit s’engager activement dans l’assistance humaine et sociale aux détenus. Et de relever la multiplication des cas de consommation de drogue et d’émission de chèques sans provision, pour en arriver à une véritable « géographie de la criminalité ». Le témoignage d’Antoinette Chahine a ému l’assistance jusqu’aux larmes. Aujourd’hui mariée, Antoinette Chahine, qui est la secrétaire du Centre international de rencontre et de dialogue, a parlé des difficultés du prisonnier à renouer avec les gestes quotidiens de la personne libre, et de l’association qu’elle a formée pour défendre les droits de ces parias du monde moderne condamnés au désespoir et à l’opprobre. Fady NOUN
L’une des hontes du Liban est l’état de ses prisons. Le constat en a été fait récemment par une commission parlementaire, tandis qu’une émission de la LBCI, animée par Marcel Ghanem, lui était consacrée. Le constat était accablant.
Pour sa première activité publique, le Centre international de rencontre et de dialogue culturel relevant du Conseil pontifical de la...