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Actualités - REPORTAGE

Un festival haut en couleur et empreint de nostalgie Deux jours durant, Montréal a vécu à l’heure libanaise

Montréal – de Danielle JAZZAR NOUJEIM L’arrivée de l’été donne le coup d’envoi à une multitude de festivités à Montréal. Dès les premières chaleurs, la population entière sort dans les parcs, les rues ou au vieux port, à pied ou à vélo, chantant, dansant ou se prélassant tout simplement au soleil. En ce magnifique mois de juin, des milliers d’immigrants d’origine libanaise en font autant, et au cœur du quartier Saint-Laurent, un gigantesque drapeau libanais interpelle passants et automobilistes: le deuxième Festival libanais de Montréal ouvre ses portes. À l’origine de ce rassemblement, deux prêtres dynamiques, les pères Sami Farah et Antoine Tahhan, respectivement de la cathédrale Saint-Maron de Montréal et de l’église Saint-Antoine-le-Grand d’Outremont. Au terme d’un premier festival, rapidement mis sur pied l’année dernière, ils ont réalisé l’ampleur de l’implication des jeunes paroissiens dans l’organisation de l’événement et ont décidé de renouveler l’expérience en sollicitant à nouveau leur concours. « Montrer au monde la belle culture libanaise et prouver au Canada que le Liban existe à part entière à travers une colonie dynamique, toutes confessions confondues, et rassemblée dans le respect des traditions communes », tel est le but des deux prêtres. Mais le père Sami est lucide : « Nous sommes conscients que c’est un projet ambitieux, un ou deux festivals ne suffiront pas à nous faire connaître de tous les Montréalais, il faut laisser faire le temps. » Parrainé par le consul général du Liban à Montréal, M. Khalil Habre, ce festival a obtenu l’appui du président de la République, le général Émile Lahoud, qui a promis son soutien à toute délégation, tant diplomatique que religieuse, faisant l’effort de réunir les communautés libanaises dans le monde. Une ambiance familiale Samedi 19 juin au matin, les familles affluent. Il y en a pour tous les âges. Assis à des tables de pique-nique, les parents et grands-parents dégustent les plats cuisinés sur place ainsi que les viandes cuites au barbecue. Le narguilé, bien sûr, est de rigueur. Les présents sont unanimes : la raison de leur venue au festival est de se replonger dans les traditions et l’ambiance de leur pays d’origine et de les transmettre à leurs enfants. Une fumée tout en senteur enveloppe le site, attirant les affamés vers la tente restaurant tenue par des bénévoles. Au nombre de 300, les scouts, aidés par les dames de la paroisse, se chargent de l’organisation, de la cuisine et de la vente des billets de tombola. Quant à la sécurité, elle est assurée par une solide équipe veillant à ce qu’aucun débordement de joie ne vienne troubler la paix de la fête. Quant aux enfants, ils ne sont nullement oubliés ; des jeux les occuperont durant les deux journées du festival, alors que les jeunes déambulent entre les échoppes de musique, d’artisanat libanais ou de pâtisserie spécialisée en attendant l’heure de danser. L’animation est assurée en journée par des DJ de choix, et en soirée par des orchestres et chanteurs professionnels, offrant tous leurs services gratuitement. Tout au long du festival, le père Tahhan pourra constater avec bonheur que les participants, originaires de tous les coins du Liban, ont dépassé largement le cadre de la paroisse. Il a atteint ainsi son but, qui est de réunir le plus grand nombre de familles pour célébrer et transmettre la culture libanaise. Campagne électorale au festival L’ouverture officielle du festival se fait en grande pompe en présence de 25 personnalités politiques fédérales, provinciales et municipales, dont Michelle Courchesne, ministre des Relations avec les citoyens et de l’Immigration, et Gérald Tremblay, maire de Montréal, autour du consul général du Liban, M. Khalil Habre. Tous témoignent de l’importance de la communauté libanaise au sein de la société québécoise. L’intérêt des personnalités politiques pour cet événement n’est pas surprenant car, à la veille des élections fédérales, un tel rassemblement est une mine d’or pour les candidats au Parlement canadien. Et ils étaient largement présents; notamment deux d’entre eux, d’origine libanaise, se présentant dans deux arrondissements de Ville Saint-Laurent où habitent un grand nombre de Libanais. C’est ainsi que Maria Mourani, candidate du Bloc québécois, et Marc Rahmé, du Parti conservateur, sont venus rappeler aux Libanais qu’il serait bon de voter pour leurs compatriotes en vue d’assurer une présence au Parlement. Les réactions à cette sollicitation électorale sont variées. Une chose est sûre : chacun fera son choix en son âme et conscience, profitant pleinement de la démocratie de son pays d’accueil. Deux jours durant, le festival a joui d’une bonne couverture médiatique. Les journalistes de Radio-Canada International, May Abou Saab, Pierre Ahmarani et Fadi Harouni, ont présenté leur émission arabe de 15h15, diffusée au Liban à 22h15 en direct, animant des tables rondes avec les organisateurs du festival et des invités de choix. Côté télévision, Randa Hassoun, animatrice du magazine libanais de la chaîne ethnique Global TV diffusé au Canada les jeudis à 20h00, a couvert l’événement tout en aidant à son organisation. Dimanche soir, le parc Marcelin-Wilson était noir de monde. La musique envloppait tout le quartier, et une farandole, non pas le rap ou le hip-hop, mais une dabké endiablée, a entraîné les personnes présentes dans une danse interminable. La dabké est très populaire parmi les jeunes Libanais de Montréal, conscients de la valeur traditionnelle de leur danse folklorique. « Elle est de rigueur dans toutes les fêtes libanaises, car nous voulons transmettre notre culture et nos traditions. Ceux qui ne savent pas danser la dabké sont immédiatement pris en main par les plus experts qui leur enseignent les premiers pas et sont vite séduits par la cadence et le rythme de la danse du pays. C’est presque une obligation pour tout Libanais de Montréal », avoue Randa, scoute bénévole affectée aux cuisines. Avec plusieurs milliers de jeunes, elle dansera la dabké et chantera toute la soirée, brandissant fièrement un drapeau libanais. L’ambiance est à son paroxysme quand la foule entonne d’une seule voix l’hymne national puis la chanson fétiche des émigrés Rajeh yitaammar Lebnan de Majida Roumi, que reprend l’orchestre plusieurs fois. À 23h, la fête est finie ; le quartier doit retrouver le silence, mais les 300 bénévoles continuent leur tâche pour nettoyer le site et le rendre à la ville aussi propre qu’ils l’ont trouvé. Le Liban peut être fier de ses émigrés. Ils ont prouvé qu’à l’autre bout du monde, ils ont tenu la promesse de perpétuer la culture libanaise et ses traditions.
Montréal – de Danielle JAZZAR NOUJEIM

L’arrivée de l’été donne le coup d’envoi à une multitude de festivités à Montréal. Dès les premières chaleurs, la population entière sort dans les parcs, les rues ou au vieux port, à pied ou à vélo, chantant, dansant ou se prélassant tout simplement au soleil. En ce magnifique mois de juin, des milliers d’immigrants...