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Actualités - CHRONOLOGIE

MUNICIPALES - Reçu par Assad il y a deux jours, le leader beyrouthin s’est entretenu avec la délégation des partis qui tentent une médiation Tammam Salam « ouvert à tout dialogue, mais sans conditions préalables »

Dans cette demeure historique, tout invite à la sérénité et à la méditation. C’est sans doute dans cette atmosphère paisible que Tammam Salam puise son calme à toute épreuve, en dépit des vents contraires et d’une rue de plus en plus bruyante. Fidèle à lui-même et aux principes défendus par son père, Saëb bey, Tammam Salam œuvre en priorité pour l’entente et la convivialité. Mais cela ne signifie nullement qu’il les recherche à tout prix, au détriment de ses convictions. À qui veut l’entendre, et ils sont nombreux ces jours-ci, il répète que l’échéance municipale ne doit pas être politisée, l’objectif final étant d’assurer le développement de la ville, qui appartient à tous. Reçu par le président syrien Bachar el-Assad, il rapporte que ce dernier souhaite des élections transparentes qui permettent aux citoyens d’exercer leurs droits démocratiques. Malheureusement, la réalité est tout autre sur le terrain. Dans ses salons lumineux où le soleil entre à flots, le téléphone sonne en permanence : les dernières nouvelles des campagnes municipales, les échos des médias, les problèmes des citoyens lésés, en raison de leur non-affiliation au courant dominant actuellement la rue beyrouthine... Tammam Salam est là pour tous, à l’écoute de toutes les revendications, essayant d’aider, tout en gardant un œil sur l’évolution des positions des diverses parties concernées par la bataille de Beyrouth. Face à toutes les informations, même les plus mauvaises, il garde son ton égal et sa politesse. Ce n’est pas auprès de lui qu’on peut trouver de l’huile à jeter sur le feu. Pourtant, avec son honnêteté habituelle, il reconnaît que sa démarche est très difficile, dans le climat malsain qui règne actuellement, mais qu’il poursuivra jusqu’au bout ses tentatives d’éviter le monopole de la décision à Beyrouth, tout en permettant aux citoyens de s’exprimer librement, selon leurs véritables besoins. L’équipe actuelle s’est placée sous le contrôle de Hariri Tammam Salam ne comprend pas pourquoi le président du Conseil, Rafic Hariri, a tenu un discours aussi violent au cours de son meeting mercredi soir, à Beyrouth. « Il doit se sentir sérieusement menacé pour tenir de tels propos, précise-t-il. Personnellement j’aurais préféré qu’il évoque, au lieu des législatives 2000, les municipales de 1998, lorsque toutes les parties se sont concertées et ont donné naissance à un conseil municipal équilibré. » Dans ce cas, pourquoi avoir rejeté l’initiative de Hariri de renouveler le mandat de l’actuel conseil municipal ? « Parce que les choses se sont gâtées, juste après les élections, lorsque le conseil a démissionné de son rôle, préférant se placer sous le contrôle d’un homme, et non répondre aux attentes des citoyens. Ce qu’il a accompli aurait pu l’être en quelques mois, et non au cours d’un mandat de six ans. Enfin, lorsque le président du Conseil a lancé son initiative de réclamer le renouvellement du mandat du conseil actuel, il n’a consulté personne, voulant monopoliser la décision, en soumettant à l’opinion une formule préfabriquée, pour garder le contrôle sur l’actuelle équipe. Or, c’est justement cela que nous refusons. D’autant qu’en agissant ainsi, il a totalement politisé l’échéance. » Il n’est pas le seul... « C’est vrai. D’autres parties, le courant aouniste notamment, veulent faire de cette échéance l’occasion de montrer le rapport des forces. Nous autres, nous continuerons à combattre cette tendance, en essayant d’aider les gens, et plus particulièrement les Beyrouthins, à définir leurs propres besoins. Les municipales ont toujours été une question de développement et de considérations familiales. Les citoyens devraient donc choisir ceux qui sont le plus à même de s’occuper de leurs problèmes. » En France, les régionales sont totalement politisées... « Parce qu’il y a un système de partis qui contrôlent tous les aspects de la vie, des syndicats professionnels aux projets de développement. Mais au Liban, c’est différent. D’autres considérations doivent déterminer le choix des électeurs dans les élections municipales. Et plus nous nous éloignerons de la politique, plus les élections seront une réussite. » Apparemment, vous n’avez pas réussi à convaincre les autres parties de votre théorie ? « Il me semble que c’est trop tôt pour juger qui a réussi et qui a échoué. Ce sont les bulletins de vote qui permettront de décider qui sont les vainqueurs. Pour l’instant, le discours politique prend le dessus et les gens qui partagent nos idées peinent à se faire entendre. Mais nous n’abandonnerons pas la partie. D’autant que de plus en plus de gens sont conscients que l’actuel conseil municipal n’a pas été à la hauteur de leur attente. Beyrouth mérite un autre choix, un conseil municipal souverain et indépendant, ne dépendant ni de Tammam Salam ni de quelqu’un d’autre. » Pas d’alliance possible avec Najah Wakim Pourtant, vous appuyez Abdel Hamid Fakhoury. « Bien sûr. Un candidat peut avoir des relations et bénéficier d’appuis, mais cela ne remet pas en cause son indépendance. Nous espérons que M. Fakhoury parviendra à former une liste qui se fixera de nouveaux objectifs, liés aux besoins des citoyens. À Beyrouth, il existe beaucoup de compétences qui attendent l’occasion de s’exprimer. Pourquoi, dans ce cas, rester figés dans le passé, avec une équipe dont les prestations n’ont pas été satisfaisantes ? » Pourquoi M. Fakhoury ne parvient-il pas à former sa liste ? « Les concertations prennent du temps, si on ne veut pas aboutir à une liste préfabriquée. La lenteur est donc normale. » Tammam bey ne croit pas qu’il y aura une troisième liste. Selon lui, son cousin, Assem Salam, a renoncé à se lancer dans la bataille, car il avait posé comme condition à sa candidature l’entente de toute l’opposition sur sa personne. Il a donc été conséquent avec lui-même, en refusant de former une liste contre celle de Abdel Hamid Fakhoury. « Personnellement, je l’avais appuyé et j’ai tout fait pour essayer de convaincre les autres de sa candidature. Mais je ne suis pas seul et le fait que Fakhoury se soit présenté avant en s’affichant comme tête de liste n’a pas facilité les choses et Assem a dû renoncer. » Selon Tammam bey, les propos de Najah Wakim et de ses alliés visent à faire peur plus qu’ils ne sont effectifs, chacun essayant de faire monter les enchères avant les décisions. Mais, en ce qui le concerne, il écarte toute possibilité d’entente avec Wakim et son courant. Même s’il est convaincu que la formation d’une troisième liste serait un désastre pour celle de Fakhoury. Tammam Salam reconnaît que les hésitations au sein du camp chrétien (bien qu’il refuse ce genre de terminologie) compliquent encore plus la situation. « Au lieu de chercher les personnalités les plus compétentes, les parties concernées se retrouvent à vouloir profiter de cette échéance pour mesurer leur popularité. Dans le camp musulman, seul Hariri joue ce jeu. Mais nous espérons que Fakhoury parviendra à former sa liste et nous lui laissons l’entière liberté pour choisir ceux qui en feront partie. » Les Syriens pour des élections transparentes Tammam Salam évite de se prononcer sur l’intiative des partis qui cherchent à obtenir la formation d’une liste commune entre Hariri et les autres. « J’attends de voir les détails de leur proposition. » Mais il n’est pas contre l’idée, d’autant qu’il a toujours été en faveur de l’entente et de la concertation. Il souhaite toutefois que Hariri ne pose pas de conditions préalables ou n’exige pas le maintien de telle ou telle autre personnalité. « Les concertations doivent donc commencer de zéro et être ouvertes à toutes les suggestions. Elles ne doivent pas aboutir à un partage des sièges entre les différents pôles, mais à l’émergence de personnalités compétentes. » Tammam Salam, qui a été reçu en début de semaine par le président syrien Bachar el-Assad, refuse de lier cette rencontre à l’échéance électorale. « J’avais demandé un rendez-vous et on me l’a fixé. Je vous assure que les municipales n’ont occupé qu’une infime partie de l’entretien, qui a essentiellement porté sur la situation régionale. Au sujet des élections municipales, le président syrien a juste précisé qu’il tenait à ce qu’elles aient lieu, pour permettre aux citoyens libanais d’exercer leurs droits démocratiques en toute liberté et transparence. » Tammam bey reste toutefois évasif sur la fiabilité de certaines rumeurs selon lesquelles les Syriens voudraient, par le biais des municipales, réduire le poids de Rafic Hariri. « La relation de M. Hariri avec les autorités syriennes est comme celle de la plupart des personnalités libanaises. Elle obéit à certains facteurs. Mais les Syriens souhaitent surtout que les élections municipales se déroulent en toute transparence. » Il reconnaît toutefois le fait que beaucoup de parties souhaitent que ces élections donnent un avant-goût d’autres échéances, comme la présidentielle et les législatives. « Si on ne peut pas isoler les municipales du contexte politique actuel, le lien n’est pas forcément direct. » Et Tammam bey revient à son leitmotiv : « Politiser les municipales ne sert pas le développement. Nous ne désespérons pas de parvenir à en convaincre les électeurs. » Scarlett HADDAD
Dans cette demeure historique, tout invite à la sérénité et à la méditation. C’est sans doute dans cette atmosphère paisible que Tammam Salam puise son calme à toute épreuve, en dépit des vents contraires et d’une rue de plus en plus bruyante. Fidèle à lui-même et aux principes défendus par son père, Saëb bey, Tammam Salam œuvre en priorité pour l’entente et la...