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Actualités - ANALYSE

ÉCLAIRAGE - Le jeu de l’été : trouvez votre président en remplissant un tableau...

Dans l’océan de passions que déchaîne actuellement la future échéance présidentielle, il est rare d’entendre une opinion raisonnable. Le pays tout entier semble pris de fièvre électorale et, entre les candidats potentiels et ceux qui les appuient (certains appuient même plusieurs candidats, car on ne sait jamais...), il n’y a presque plus de place pour une analyse calme et détachée. Les Libanais impliqués de près ou de loin dans cette échéance sont devenus schizophrènes, tenant un discours aux antipodes de leurs volonté réelle, et le simple observateur ne sait plus où donner de la tête. D’autant que les Syriens, grands maîtres du jeu selon les Libanais, refusent officiellement d’assumer ce rôle, le chef de l’État syrien multipliant les déclarations dans lesquelles il affirme que le choix du futur président reviendra aux Libanais eux-mêmes. Simple déclaration de principe, destinée à la communauté occidentale ou début de réalité, le suspense demeure et devient de plus en plus épuisant pour le pays et ses principaux acteurs. C’est pourquoi, lorsqu’une personnalité qui suit le dossier de près dresse, sans état d’âme, un tableau des critères qui déterminent le choix du futur président, on a l’impression d’avoir affaire à un Martien, tant une telle approche basée sur la raison semble détonner dans la cacophonie actuelle. Et le profil du futur président devient presque un jeu où la logique pourrait aider à trouver la solution. On pourrait presque intituler l’exercice : manuel précis pour choisir le futur président du Liban. D’abord, selon cette personnalité, il y a deux grands critères qui permettent de sélectionner les candidats : la stratégie, autrement dit les relations avec la Syrie, avec les pays de la région et avec la communauté internationale, en particulier les États-Unis ; et le volet interne. Ce dernier critère se divise en deux grandes parties : la correction des lacunes actuelles du système et la lutte contre la corruption ainsi que l’assainissement de l’Administration, puis la construction d’un État de droit. Une équation mathématique avec une marge d’erreur À partir de ce grand schéma, il faut tenter de mettre des notes aux différents candidats, de manière à avoir un tableau général qui a l’avantage de permettre d’avoir les idées plus claires. Par exemple, dans le climat général actuel, où les choix stratégiques du futur président se définissent par rapport à ses relations avec la Syrie et sa vision de l’évolution de la situation dans la région, M. Jean Obeid pourrait obtenir une note élevée dans la stratégie, et il n’est sans doute pas le seul. Quant à son aptitude à combler les lacunes actuelles et à participer activement à l’édification d’un État de droit, elle reste à préciser, selon les estimations de celui qui s’amuse à remplir le tableau et en tenant compte de son passé et de son réseau de relations internes. Car le futur président, aussi pétri de bonnes intentions soit-il – et le discours d’investiture du président Émile Lahoud est à ce titre un excellent exemple –, doit tenir compte de ses autres partenaires au sein du pouvoir et de sa capacité à composer avec eux et peut-être à s’opposer à eux. L’actuel président de la Chambre, Nabih Berry, est en poste au moins jusqu’à l’été 2005, et par conséquent, c’est en premier avec lui que devra traiter le nouveau chef de l’État. Quant à l’actuel président du Conseil, Rafic Hariri, en poste ou non, il reste une composante importante de la scène politique libanaise et par conséquent, c’est un peu aussi par rapport à lui que devra se définir le futur président. Sans oublier aussi le chef du PSP, Walid Joumblatt, qui est à la tête de l’un des plus importants blocs parlementaires, et le Hezbollah, qui reste un élément important sur la scène libano-régionale. À partir de ces considérations fondées sur des éléments, en principe réalistes et relativement objectifs, pour celui qui suit de près les développements politiques, on peut s’amuser à prendre un à un les candidats déclarés et potentiels, et commencer à leur attribuer des notes, case par case, avant de faire le total. Il faut ainsi essayer d’être le moins indulgent possible et tenir compte de données réelles, sinon on risque de se retrouver avec un classement dans le genre de celui de la célèbre École des fans, où tous les candidats sortaient gagnants. En plus de son côté ludique, cet exercice peut aussi être très intéressant parce qu’il permet d’avoir les idées plus claires et surtout de jeter un regard plus détaché sur les candidats et sur leurs chances réelles. Grâce à ce tableau, le choix du futur président devient une opération mathématique avec, comme toutes les équations, une marge d’erreur plus ou moins limitée. Il y a donc ainsi les favoris puis ceux qui, dans le schéma actuel, ont moins de chances et ceux qui en ont très peu. Au train où vont les choses, cet exercice pourrait être le jeu de l’été, et les Libanais pourront s’amuser à comparer leurs tableaux. Les paris sont ouverts. Reste à savoir si les grands maîtres de l’équation ont la même évaluation que les joueurs libanais. Scarlett HADDAD
Dans l’océan de passions que déchaîne actuellement la future échéance présidentielle, il est rare d’entendre une opinion raisonnable. Le pays tout entier semble pris de fièvre électorale et, entre les candidats potentiels et ceux qui les appuient (certains appuient même plusieurs candidats, car on ne sait jamais...), il n’y a presque plus de place pour une analyse calme...