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EN DENTS DE SCIE - Les nourritures terrestres

Vingt-cinquième semaine de 2004. Certes, il y a les swaps, jetés sur le tapis, à quatre mois de la fin de son mandat par un Émile Lahoud qui a dû lire et relire le présidentiable Riad Salamé, et la (pas) très « convaincante » mais néanmoins hilare volte-face de Fouad Siniora, jeudi, en Conseil des ministres. Et cette question que toutes les explications crypto-politiques ne pourraient pas arriver à éclaircir : pourquoi Rafic Hariri a-t-il tenu à s’opposer publiquement à ces swaps puis à les bénir, tout aussi publiquement, alors qu’il était pleinement convaincu dès le départ de leur nécessité ? D’autant que son homme de confiance, le gouverneur de la Banque centrale, les défendait aussi fermement que l’un de ses rivaux les plus talentueux, le lahoudien Alain Bifani ? Une question qui impose un évident corollaire : maintenant qu’il n’a plus l’exclusivité de l’annonce économique – même s’il a formulé hier une sévère mise en garde contre une explosion de la dette en 2007 si les privatisations ne sont pas rapidement mises en œuvre –, que va faire le maître de Koraytem, de quel pain va-t-il manger (lui qui semble s’être interdit le levain à tous les repas) ? Démissionnerait-il avant l’échéance présidentielle s’il apparaissait que l’amendement à des fins personnelles de la Constitution devenait inéluctable ? Quitterait-il plutôt le Sérail après une éventuelle confirmation de la retentissante prophétie d’un Assem Kanso, autocanonisé référence ultime en matière de bon goût politique ? Ou bien conserverait-il la troisième présidence envers et contre tout (tous) ? Dans tous les cas, le maître de Koraytem n’a certainement pas oublié sa douloureuse absence du pouvoir pendant 24 mois, suivie, en l’an de grâce 2000, de sa colossale réintronisation. Quelques mois en Sardaigne puis un raz-de-marée aux législatives 2005 ? Scénario idéal au cas où, même s’il risquera de consacrer sans aucune ambiguïté, et au grand malheur de l’un comme de l’autre, la théorie du couple maudit d’Aphrodite : jamais sans toi, « Over my dead body » avec toi. La sauce du package deal a des chances de tourner au vinaigre. Vingt-cinquième semaine de 2004. De quoi se nourrit Nabih Berry entre 9h00 et 12h00 les mercredis ? Le matin à Baabda, tout va bien, le discours est tendance rose – « le climat est positif » –, aucune critique n’est adressée à un gouvernement que le chef de l’État a décidé de prendre en main (cf. « Sinon la dette publique aurait dépassé les cinquante milliards »). À midi place de l’Étoile, le président de la Chambre, qui peut se prévaloir d’un nombre impressionnant de proches au sein de l’actuelle équipe, vise, tire en plein dans le mille : « Le véritable handicap se trouve au gouvernement, et c’est un handicap dont nous ne tirons aucune fierté. Ce gouvernement a pris l’habitude de manœuvrer dans tous les sens pour éviter d’appliquer les lois. » Le tout devant... des handicapés venus manifester pour leurs urgentissimes droits. Certes, un élu, quel qu’il soit, est vite tenté de caresser l’électeur dans le sens du poil, mais qu’est-ce que le n° 2 de l’État, gonflé ces derniers temps au bon et pur air du Barada, n’a pas pu digérer ? Un jour allié indestructible et l’autre Louis XIV, cela fait longtemps, très longtemps, depuis le drame de Hay el-Sellom, que Nabih Berry et Rafic Hariri ne se sont pas parlé. Mis à part, évidemment, lors des condoléances au moment du décès de la sœur du premier. À quand un déjeuner à Chtaura entre les deux hommes ? Vingt-cinquième semaine de 2004. Accusé d’avoir détourné à son profit et à celui de ses frères une aide américaine accordée à des coopératives agricoles dans la Békaa, et après que le parquet eut rejeté une demande de libération adressée par son avocat, l’ancien ministre de l’Agriculture, Ali Ojeij Abdallah, a décidé jeudi d’entamer, lui, une grève de la faim. Pour un Ali Ojeij Abdallah qui a perdu le soutien de l’un des très gros protecteurs autochtones et qui croupit, en toute légitimité certes, en prison, combien, qui ont commis la même faute, sont encore en train de se remplir, impunément, au soleil, les poches ? Dis-moi ce que tu manges, je te dirai qui tu es. Ziyad MAKHOUL
Vingt-cinquième semaine de 2004.
Certes, il y a les swaps, jetés sur le tapis, à quatre mois de la fin de son mandat par un Émile Lahoud qui a dû lire et relire le présidentiable Riad Salamé, et la (pas) très « convaincante » mais néanmoins hilare volte-face de Fouad Siniora, jeudi, en Conseil des ministres. Et cette question que toutes les explications crypto-politiques...