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Actualités - CHRONOLOGIE

Communautés - Message pascal du chef de l’Église maronite Sfeir : C’est l’égoïsme qui nous a livrés à ceux qui cherchaient à nous dominer

Le patriarche maronite a dénoncé hier, dans son message du carême, l’égoïsme qui domine la vie privée et publique, estimant que ce type de conduite a fait du Liban et des Libanais « une proie facile » pour ceux qui cherchaient à les dominer. Le chef de l’Église maronite a également rendu cette conduite responsable du marasme dans lequel pataugent les Libanais, alors que d’autres pays qui se trouvaient dans des situations analogues ont su changer de conduite et s’en sortir. Tout cela, a dit le patriarche Sfeir, nous accable parce que nous n’avons pas su mettre en pratique les commandements que le Christ nous a donnés. Et d’appeler les Libanais à la solidarité, à l’abnégation, à la générosité pour que, libres de tout « suivisme », ils puissent retrouver, après avoir connu la pauvreté, leur statut de nation souveraine, indépendante et libre. Voici le texte intégral du message pascal du chef de l’Église maronite : « Le deuxième livre des Maccabées raconte comment le roi Antiochus arrêta sept frères et essaya de les contraindre, par la torture, à manger une nourriture interdite par leur religion. Il finit par les tuer, n’ayant pu avoir raison de leur refus. Le livre rapporte que le quatrième frère avait répondu, peu avant de mourir : “Je meurs dans l’espoir que Dieu me ressuscitera, mais toi, tu n’auras pas part à la résurrection.” Depuis que l’homme est sur terre, son rêve est de triompher de la mort et de devenir immortel. C’est l’une des raisons qui ont poussé nos premiers ancêtres à tomber dans le piège que leur avait tendu le Diable. Dans le Livre de la Genèse, on lit en effet que le serpent leur dit : “Dieu sait que lorsque vous mangerez du fruit de l’arbre planté au milieu du Paradis, vos yeux s’ouvriront et vous serez comme des dieux, connaissant le Bien et le Mal”. C’est-à-dire immortels. Ce rêve, le Christ l’a réalisé pour les hommes par sa Passion et sa mort sur la croix, et par sa résurrection victorieuse de la mort. La fête de la Résurrection est donc la fête de la vie qui demeure. Le catéchisme de l’Église catholique affirme que la Résurrection du Christ n’est pas un retour à la vie terrestre, comme ce fut le cas pour ceux qu’il ressuscita des morts avant Pâques, à l’exemple de la fille de Jaïre, du fils de la veuve de Naïn et de Lazare. Ces cas-là étaient miraculeux. Mais ceux qui ont bénéficié de ces miracles ont retrouvé, par la puissance de Jésus-Christ, une vie terrestre ordinaire. Ils finiront par mourir un jour. Mais la résurrection du Christ est radicalement différente de la leur. Dans son corps ressuscité, le Christ passe de la mort à une vie qui se situe au-delà du temps et de l’espace. Après la Résurrection, le corps du Christ a été transfiguré par l’Esprit Saint et a participé à la vie divine dans la gloire. De sorte que l’apôtre Paul a pu parler du Christ comme d’un “homme céleste”. Ressuscité avec le Christ « Mais si le Christ est ressuscité, il n’est pas ressuscité pour lui, mais il nous a ressuscités avec lui du sommeil de la mort. C’est la raison pour laquelle nous disons dans le Credo : “J’attends la résurrection des morts et la vie du monde à venir.” La destinée de l’homme n’est pas comparable à celle de toutes les créatures. « L’homme, dit le Christ, “même s’il meurt, vivra”. Le Christ s’est solidarisé avec sa créature et nous a rachetés par son sang versé sur la croix. Il nous a pardonné nos péchés et nous a rouvert la porte du ciel, cette porte fermée par nos rébellions héritées de nos premiers ancêtres. C’est cela, la faute originelle. « Et le Christ est l’unique médiateur entre nous et son Père céleste, comme l’affirme le concile œcuménique Vatican II qui affirme : “Le Christ, l’unique médiateur, a institué sa sainte Église dans ce monde. Il appuie cette communauté de foi, d’espérance et de charité, et grâce à sa structure visible, il répand la vérité et la grâce pour tous”. Pour sa part, l’apôtre Paul dit : “Nous avons cru celui qui est ressuscité des morts, notre Seigneur Jésus-Christ, qui a été livré pour nos péchés, et ressuscité pour notre justification”. Et d’assurer, ailleurs, que “baptisés dans sa mort, nous avons été ensevelis avec lui pour que, comme le Christ est ressuscité des morts à la gloire de son Père, nous aussi nous marchions dans la vie nouvelle et que, ensevelis avec lui dans une mort semblable à la sienne, nous participions à sa Résurrection”. « C’est pourquoi la résurrection du Christ est la grande fête des chrétiens, car elle leur rappelle qu’ils sont immortels et qu’après la mort corporelle, à l’image du Christ et avec lui, ils vivront dans une béatitude éternelle à ses côtés. C’est le sens des paroles qu’il a adressées à ses disciples et, à travers eux, à tout homme de bonne volonté : “Je vais vous préparer une place, et je reviendrai pour vous prendre, pour que là où je suis, vous soyez vous aussi.” « Nous possédons, d’un croyant, les propos poétiques suivants au sujet de la Résurrection du Christ : “Il a assumé tous les espaces et tous les temps. Il est là, dans la lumière du matin, et il a triomphé pour tous les matins de l’histoire, une histoire qu’il transmue en nouveauté permanente. Il nous perce de son regard d’infinie tranquillité, nous voit, mais voit aussi à travers nous tous ceux qui ne le voient pas et ne le verront pas. Ce Christ est transfiguration éternelle. En lui, l’éternité se manifeste comme essence de notre monde mortel.” Le sens de la vie « Frères et fils bien-aimés, « La fête de la Résurrection doit envoyer des rayons de lumière dans les cœurs qui vivent dans l’ombre de la misère et de la pauvreté. S’il est dans la nature déchue des hommes de se renier les uns les autres et de se disputer les biens de ce monde, des riches de s’enrichir davantage et des pauvres de s’appauvrir davantage, le Christ, qui a sillonné notre terre trente-trois années durant, a modifié le sens de la vie. Il a invité l’homme à renoncer à lui-même et à se contenter de ce que Dieu lui accordé comme biens pour se suffire avec sa famille, loin de toute convoitise. Il a donné l’exemple de ce que se sacrifier pour l’autre veut dire, il a aimé jusqu’à l’effacement, et le jour où il a lavé les pieds de ses disciples, il leur a dit : “Si moi, votre Seigneur et maître, je vous ai lavé les pieds, combien plus devez-vous vous laver les pieds les uns des autres ? Je vous ai donné là un exemple pour que, comme j’ai fait, vous fassiez vous aussi.” « Il y a lieu de se demander dans quelle mesure nous mettons les enseignements du Christ en pratique, dans notre vie quotidienne, et dans quelle mesure nous nous en inspirons dans notre vie sociale. Si c’était le cas, notre situation serait différente de ce que nous voyons, entendons et faisons. Le Christ appelle, dans l’Évangile, à la solidarité de tous les hommes, et nous voici devenus des groupes dispersés, dont les membres travaillent chacun pour son intérêt personnel, ignorant celui de ses frères, de sa propre famille et de ses voisins. C’est pourquoi l’égoïsme règne, tandis que la compassion, l’entente et la solidarité disparaissent. C’est pourquoi nous avons facilité les choses à ceux qui convoitent de nous dominer, et c’est pourquoi la majorité se plaint aujourd’hui de la pauvreté, du chômage et de la dégradation du niveau de vie. C’est pourquoi les emplois se sont raréfiés, l’émigration a emporté la jeunesse, espoir de l’avenir, les dettes se sont accumulées, l’État ploie sous ses dettes sans que les responsables n’y trouvent une motivation suffisante pour s’entendre, se solidariser et unir leurs efforts pour lui épargner de boire à l’amère coupe. « C’est à se demander où est le salut. Pourquoi n’imitons-nous pas les pays qui étaient dans une situation plus mauvaise que la nôtre, mais qui se sont solidarisés, ont changé de conduite nationale, se sont organisés, ont compté sur eux-mêmes, et dont la situation s’est améliorée. Après avoir connu la pauvreté, ces pays ont atteint un état d’autosuffisance et de prospérité. Nul besoin ici de les citer nommément, ces pays dont la situation était analogue à la nôtre, car ils sont connus. Mais ils s’en sont sortis grâce à la solidarité des membres de leur peuple, leur sincère attachement à leur patrie et pour avoir écouté la voix de la raison, de l’équité et de la sagesse. « Les malheurs qui nous entourent, que ce soit en Palestine ou en Irak, doivent nous servir de leçon. Nous en avons eu notre part tant et si bien que nous n’en sommes pas encore sortis. Sage est qui sait en tirer la leçon. Des échéances nous attendent, auxquelles nous devons faire face dans un esprit d’abnégation, de solidarité, de sens du service public, de fraternité véritable, nous rappelant que nul n’a le droit de se réjouir tout seul, comme nul n’a le droit d’être malheureux tout seul. Un proverbe dit : “Toute âme qui s’élève élève le monde.” Le contraire est également vrai. Élevons nos esprits vers Dieu, penchons-nous sur cette patrie blessée, peut-être nous éléverons-nous à sa hauteur et retrouverons sa gloire passée. Renonçons au suivisme pour que le Liban retrouve sa place de nation libre dans le concert des nations et se reprenne à jouir de ce dont jouit toute nation prospère qui assume courageusement ses responsabilités propres, dans un climat de souveraineté, d’indépendance et de liberté. »
Le patriarche maronite a dénoncé hier, dans son message du carême, l’égoïsme qui domine la vie privée et publique, estimant que ce type de conduite a fait du Liban et des Libanais « une proie facile » pour ceux qui cherchaient à les dominer.
Le chef de l’Église maronite a également rendu cette conduite responsable du marasme dans lequel pataugent les Libanais, alors...