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Actualités - CHRONOLOGIE

Au terme d’une année d’activités culturelles Bilan du « Nouvel Espace »: une jeunesse en pleine léthargie

L’année universitaire se termine et il est donc temps de tirer un bilan du « Nouvel Espace – innovation et mémoire ». Cette initiative avait pour objectif d’organiser une série de débats sur plusieurs campus universitaires autour des thèmes de l’innovation dans la réflexion politique et de la mémoire collective libanaise. Sur huit événements prévus au départ pour le semestre janvier-juin 2004, seuls trois (« Autocritique de l’opposition » avec M. Paul Khalifé, « Pluralisme et gestion des conflits » avec M. Charles Chartouny et « Confrontation entre les étudiants et les amicales » avec M. José Jamhouri) ont eu lieu, et uniquement dans la partie « innovation ». Toutefois, l’objectif d’intégrer l’Université libanaise dans un débat avec des étudiants de l’AUB et de l’USJ a été atteint grâce à l’organisation du débat sur le pluralisme à l’Institut des sciences sociales de l’UL. Plusieurs facteurs ont conduit à ce bilan mitigé, facteurs qui permettent de mieux cerner la réalité de la scène estudiantine locale. 1- Les amicales À part, une partie du bureau de l’amicale de la faculté des sciences économiques (FSE) de l’USJ, aucune n’a vraiment été réceptive au projet du Nouvel Espace. En effet, pour donner un exemple, un des débats concernant la mémoire (La prison de Khiam avec Mme Véronique Ruggirello) était prévu à la faculté des lettres de l’USJ. L’amicale concernée a reporté une première fois le débat, affirmant que la date prévue était trop proche pour la mise en place des affiches, etc. Par la suite, la condition pour organiser l’événement était l’approbation de l’initiative du Nouvel Espace pour voir et contrôler quelles étaient les idées qui y étaient véhiculées. Quant à l’AUB, le bureau représentatif des étudiants a apprécié le fond du projet, mais n’a fait en pratique aucun effort réel pour qu’un débat puisse y avoir lieu. Enfin, concernant la confrontation entre les étudiants et les amicales, alors que ces dernières étaient les principales concernées, celle de la faculté de droit s’est décommandée à la dernière minute alors que seulement la moitié des membres de celle de la FSE étaient présents. 2- La mobilisation Lors du premier débat organisé sur l’autocritique de l’opposition avec M. Paul Khalifé, au campus des sciences sociales de l’USJ, trente élèves étaient présents. Au second débat, autour de M. Charles Chartouny, sur le pluralisme et la gestion des conflits, à l’UL à Rabieh, il y avait quinze étudiants présents ; la distance a peut-être été un obstacle dans ce cas. Enfin, au troisième débat, qui consistait en une confrontation étudiants-amicales, animée par M. José Jamhouri, trente élèves aussi. Ces chiffres sont éloquents. Alors que les sujets proposés étaient non pas une simple réflexion intellectuelle, mais une analyse et discussion pratiques, autour de journalistes et professeurs reconnus, une mobilisation minimale a été assurée. Mais c’est le dernier débat qui est choquant. L’amicale de la FSE y était présente pour discuter avec les électeurs. Ces derniers, qui réclament du pouvoir libanais plus de démocratie, plus de responsabilité de la part des autorités, qui réclament aux ministres et présidents de rendre des comptes devant le peuple, oui, ceux-là étaient bizarrement absents quant il s’agissait de faire preuve de démocratie à l’intérieur de leurs campus. Ce manque de mobilisation a découragé quelques intervenants. Il y a une certaine immaturité de la part des étudiants libanais, qui se permettent de critiquer tout, de ne faire aucun effort pour le changement, et d’attendre en râlant que celui-ci vienne d’en haut. De plus, leurs excuses pour leur absence aux débats sont on ne peut plus inacceptables. D’ailleurs, ce n’est pas uniquement des initiatives isolées, comme le Nouvel Espace, qui sont victimes de ce désengagement : les amicales aussi se plaignent du manque d’entrain au niveau des événements qu’elles organisent. 3- Autocritique Il est facile de rejeter sur les autres l’échec d’une initiative. L’histoire du peuple libanais abonde d’exemples significatifs en la matière. Le Nouvel Espace se voulait un précurseur en matière d’’innovation politique, il se doit donc d’innover et de s’autocritiquer. Il faut le reconnaître : l’effort en direction des intervenants, des amicales et des étudiants n’a peut-être pas été assez marqué. Le Nouvel Espace a aussi peut-être fait des fautes dans sa stratégie marketing, affiches insuffisamment attrayantes, titres de débats trop intellectuels ou élitistes. Le but de ce bilan n’est pas d’accuser tel ou tel ou de louer les efforts du Nouvel Espace, mais d’essayer de faire comprendre, à travers cette initiative, ce qu’est réellement la scène estudiantine libanaise. Et cela, au-delà des clichés comme « La jeunesse, force vive de la société libanaise ». Si les manifestations étudiantes paraissent être un mouvement de masse parce que médiatisées à cause, ou grâce, à la violence de la répression, il n’en est rien. C’est le fait d’une minorité, et les sujets proposés n’intéressent plus personne. Il y a un nivellement par le bas de la jeunesse libanaise, qui se trouve dans un état de léthargie. Aucune dynamique positive pour le futur du Liban, pour des questions essentielles comme celles proposées par le Nouvel Espace ou parfois par les amicales (pluralisme, opposition, démocratie, mémoire…). Uniformisation des mentalités, retour des idées du passé, renforcements de préjugés, antinomie entre divertissement et engagement… sont les caractéristiques de cette jeunesse sans ambition pour son pays. Ce manque d’éveil est renforcé par un système scolaire aliénant, ne comportant aucune matière d’ouverture ; sans oublier, la surprenante particularité de l’USJ, qui empêche toute initiative politique ou sociale des étudiants, si celle-ci est indépendante de l’amicale ou de l’administration. Ziad F. Gebran Étudiant à l’USJ
L’année universitaire se termine et il est donc temps de tirer un bilan du « Nouvel Espace – innovation et mémoire ». Cette initiative avait pour objectif d’organiser une série de débats sur plusieurs campus universitaires autour des thèmes de l’innovation dans la réflexion politique et de la mémoire collective libanaise. Sur huit événements prévus au départ pour...