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Actualités - CHRONOLOGIE

Social - Plusieurs centaines de manifestants, place de l’Étoile, hier Les handicapés du Liban réclament leur droit devant le Parlement

Ils étaient plusieurs centaines, représentant près de cinquante ONG, à répondre hier à l’appel lancé par l’Union des handicapés du Liban, protestant ainsi devant la place de l’Étoile contre la non-application de la loi 220 sur les droits des handicapés. « Les hôpitaux refusent de nous recevoir, pourquoi continuons-nous à être exposés à l’insulte ? », « Nous sommes des êtres humains et non pas des créatures étranges », « Chacun d’entre vous risque de devenir infirme, y avez-vous pensé ? »... Brandissant des slogans qui reflètent, on ne peut mieux, la marginalisation dont ils sont victimes, des drapeaux libanais et ceux des différentes ONG, les handicapés, vêtus de chemises blanches, se sont dirigés hier, sur leurs chaises roulantes ou sur leurs béquilles, de la place Riad el-Solh vers la place de l’Étoile, se frayant un chemin entre les chaises et les tables des restaurants qui bordent une bonne partie de la rue Maarad. Leurs demandes sont simples et justes. Elles ne doivent pas d’ailleurs être soulevées dans un pays qui se veut défenseur de la démocratie et des droits de l’homme : le droit au travail, à l’éducation, à la sécurité sociale, à la pension, à un environnement dans lequel ils peuvent circuler librement... des revendications élémentaires au XXIe siècle, qui tardent pourtant à être accordées aux personnes « différentes ». En effet, les handicapés du Liban ne sentent pas qu’ils sont des citoyens à part entière. Leur handicap continue à être résolu par des actions charitables, au moment où ils peuvent participer effectivement à l’économie du pays, l’un des articles de la loi 220 stipulant que 3 % des employés des sociétés publiques et privées doivent être des handicapés. « Nous continuons toujours à supplier les sociétés de nous embaucher », explique l’une des manifestants. « Nous vivons dans une situation dégoûtante, révèle un autre. Notre handicap nous suffit, pourquoi insistent-ils à nous malmener ? » Mia, une jeune fille trisomique, a expliqué qu’elle souhaite qu’on permette aux enfants d’intégrer les écoles, et « qu’on soutienne les adultes ». De son côté, Sylvana Lakkis, présidente de l’Union des handicapés du Liban, a expliqué qu’une délégation formée de plusieurs membres des différentes associations a remis au secrétaire général du Parlement ainsi qu’à tous les députés un dossier les informant de leurs revendications et une liste de questions adressées aux différents ministères concernés. « Nous invitons les députés à interroger le gouvernement sur les raisons pour lesquelles la loi n’est pas appliquée, a-t-elle souligné. Qu’est-ce qui empêche le gouvernement de le faire, s’il le désire vraiment ? Ne serait-ce pas donc une simple absence de volonté politique pour le développement social et économique des handicapés ? » Et d’ajouter : « M. Nabih Berry nous a promis de convoquer une séance parlementaire consacrée au dossier des handicapés. Nous avons demandé d’assister à cette séance qui nous concerne directement. S’ils ne répondent pas à nos demandes, nous organiserons d’autres mouvements. » Votée il y a quatre années, cette loi a défini un cadre visant la réintégration sociale des handicapés à tous les niveaux : éducation, emploi, hospitalisation, etc. Elle a même prévu la réhabilitation des bâtiments publics, des quotas de l’emploi et une politique douanière spéciale pour les voitures. Les décrets d’application tardent toutefois à être promulgués. « Le problème de la non-application n’est pas propre à la loi des handicapés », souligne le député Ghassan Moukeiber, qui a rejoint les manifestants, ainsi que les députés Élie Aoun, Kassem Hachem, Abbas Hachem, Oussama Saad et Nassib Lahoud, et l’ancien député Kamil Ziadé. « Il s’agit d’une loi complète, poursuit M. Moukheiber, l’une des meilleures lois qui aient traité des droits des handicapés. Son application nécessite toutefois une volonté politique et non des décrets d’application. Ceux-ci ne sont nécessaires que pour certains articles de la loi, notamment celui concernant la réhabilitation des bâtiments. J’estime que la pression ne doit pas être exercée uniquement sur les députés mais sur les ministères concernés également. » N.M.
Ils étaient plusieurs centaines, représentant près de cinquante ONG, à répondre hier à l’appel lancé par l’Union des handicapés du Liban, protestant ainsi devant la place de l’Étoile contre la non-application de la loi 220 sur les droits des handicapés.
« Les hôpitaux refusent de nous recevoir, pourquoi continuons-nous à être exposés à l’insulte ? », « Nous...