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Actualités - REPORTAGE

GUIDE DES MÉTIERS - Comédien, metteur en scène, dramaturge... Le théâtre, un secteur qui lutte pour sa survie

Suivre des études scéniques et d’art dramatique au Liban c’est avant tout succomber à une passion, suivre ses impulsions et s’intégrer contre vents et marées dans une société où le théâtre n’a jamais été vraiment considéré comme un besoin culturel, mais plutôt comme un endroit de luxe et de plaisir. Et l’affaire de Masrah el-Madina, où le rideau est tombé lundi soir pour la dernière fois, ne fait que remuer le couteau dans la plaie. Il s’agit d’un secteur qui lutte pour exister. Alors que les métiers de l’audiovisuel offrent une panoplie de débouchés (voir L’Orient-Le Jour du jeudi 25 mars 2004), ceux du théâtre sont plus réduits, plus serrés et plus pointus. Le diplômé a le choix entre la mise en scène ou la réalisation, la dramaturgie ou la profession d’acteur. Certains pourront pousser loin dans leurs études et se spécialiser dans des domaines bien spécifiques, l’éclairage théâtral, à titre d’exemple, ou encore se consacrer à l’enseignement. De leur côté, professionnels et directeurs des quelque quatre facultés et instituts qui assurent cette formation ne voient pas d’un bon œil l’avenir du métier au Liban, notamment en l’absence d’une politique étatique pour soutenir le secteur. « L’avenir du métier dépend de plusieurs facteurs, affirme M. Jean Daoud, chef du département d’art dramatique à l’Institut des beaux-arts – section II – de l’Université libanaise. Il s’agit en premier lieu de développer l’action syndicale pour mieux protéger les professionnels du métier. Nous devons refaire la culture théâtrale de notre pays. Les autorités concernées doivent, quant à elles, accorder une plus grande importance à ce secteur et l’inclure dans leurs listes des priorités. » « Certains se plaignent d’être au chômage, poursuit-il. Mais je peux vous assurer que le problème ne se présente pas uniquement au niveau du marché de travail. Certains des diplômés ne déploient aucun effort pour décrocher un rôle dans un feuilleton ou dans une pièce. Ils attendent que les propositions de travail leur tombent du ciel. À mon avis, le problème se pose au niveau des personnes et non au niveau de la situation générale du secteur. D’ailleurs, une grande majorité de nos diplômés a déjà fait ses preuves dans ce domaine. En somme, j’estime que le nombre de chômeurs dans la profession n’est pas supérieur à celui observé dans les autres spécialisations. J’aimerais insister sur le fait que la passion demeure la base de toute réussite. » Insécurité financière Un avis qui demeure controversé. « Je considère que l’avenir du métier n’est pas encourageant, notamment en l’absence d’une industrie cinématographique, affirme M. Paul Zogheib, chef du département des arts visuels et scéniques au sein de la faculté des beaux-arts de l’Université Saint-Esprit de Kaslik. De plus, nous n’avons pas de possibilités d’ouverture sur les pays arabes. » Quant à M. Paul Matar, directeur de l’Institut d’études scéniques, audiovisuelles et cinématographiques à l’Université Saint-Joseph, il se déclare pessimiste quant à l’avenir du secteur. « Le théâtre traditionnel survit difficilement d’autant qu’il n’est pas diffusable par multiplication, dans ce sens qu’une pièce de théâtre peut réunir au maximum 200 personnes par représentation, alors qu’un film peut être projeté dans plusieurs salles en même temps, explique-t-il. C’est gratifiant sur le plan personnel, mais c’est une des causes du retard économique du métier. » « Le pays a besoin de cette spécialisation, mais nous avons déjà des difficultés à faire fonctionner les théâtres culturels que nous avons, poursuit M. Matar. Le théâtre sous-entend le mécénat ou la subvention, comme c’est le cas d’ailleurs dans tous les pays du monde. » Les professionnels, quant à eux, dressent un tableau sombre concernant l’avenir du théâtre culturel, d’autant que rien ni personne n’assure une stabilité, au moins financière, au comédien. Ils ne vous décourageront pas pour autant de vous lancer dans ce domaine, surtout si vous êtes habités par cette flamme qui fait toute la beauté du métier. Nada MERHI
Suivre des études scéniques et d’art dramatique au Liban c’est avant tout succomber à une passion, suivre ses impulsions et s’intégrer contre vents et marées dans une société où le théâtre n’a jamais été vraiment considéré comme un besoin culturel, mais plutôt comme un endroit de luxe et de plaisir. Et l’affaire de Masrah el-Madina, où le rideau est tombé...