Actualités - CHRONOLOGIE
Les dirigeants chiites divisés face à la rébellion contre la coalition
le 06 avril 2004 à 00h00
Les principaux dirigeants chiites étaient divisés hier face à la révolte fomentée contre la coalition par le jeune chef radical Moqtada Sadr, craignant qu’une escalade de la violence ne se retourne contre la communauté et remette en cause ses acquis depuis la chute de Saddam Hussein. Au moment où des centaines de fidèles du jeune imam se lançaient à l’assaut des édifices publics et des postes de police dans plusieurs villes chiites, la plus haute autorité religieuse chiite a lancé un appel au calme et à la vigilance.
« Le grand ayatollah Ali Sistani appelle les manifestants (chiites) à garder leur calme et leur sang-froid, et à laisser le problème se résoudre par la négociation », a-t-on affirmé de source proche du dignitaire à Najaf. « Il demande aux manifestants de ne pas riposter aux forces d’occupation en cas d’agression », a souligné cette source.
Le chef spirituel de cette communauté s’est opposé jusqu’à présent à toute confrontation armée avec la coalition, privilégiant le dialogue pour mettre fin à l’occupation et organiser des élections qui permettront aux chiites, majoritaires dans le pays, d’accéder au pouvoir.
Il a été pris à contre-pied par le mentor de Moqtada Sadr, le grand ayatollah Kazem al-Husseini al-Haïri, basé à Qom (Iran), qui a rejeté sur les Américains « la responsabilité de la sécurité du peuple irakien et du sang qui a coulé, et (les a appelés) à la libération des détenus ».
Un des trois autres représentants de la Marjaiya (plus haute autorité religieuse chiite) de Najaf, le grand ayatollah Bachir al-Najafi, a pris une position médiane. Il a d’une part fustigé « les forces d’occupation » en leur faisant assumer « la responsabilité du bain de sang à Najaf et Bagdad », mais, d’autre part, a appelé « à la vigilance et à l’unité pour mettre fin à l’occupation ». Pour sa part, la plus ancienne formation chiite irakienne, le parti Daawa, a pris ses distances de cette contestation, qui risque d’échapper à tout contrôle et pourrait obérer les bénéfices engrangés par les chiites, représentés en nombre pour la première fois depuis près d’un siècle dans les plus hautes sphères de l’État.
Un de ses dirigeants a appelé « au respect de la loi et des biens publics » et a souligné « la gravité d’une escalade de la violence » à l’approche du transfert de souveraineté aux Irakiens prévu pour le 30 juin.
« Le pays est dans une impasse. De tels actes influeront sur la date du transfert du pouvoir et laissent croire que nous ne sommes pas prêts à prendre nos affaires en main », a affirmé M. Adnane el-Assadi. Des médiations ont été effectuées à Najaf par des dignitaires locaux auprès de Moqtada Sadr sans réussir à le faire fléchir, a-t-on appris auprès de ces responsables.
Les principaux dirigeants chiites étaient divisés hier face à la révolte fomentée contre la coalition par le jeune chef radical Moqtada Sadr, craignant qu’une escalade de la violence ne se retourne contre la communauté et remette en cause ses acquis depuis la chute de Saddam Hussein. Au moment où des centaines de fidèles du jeune imam se lançaient à l’assaut des édifices publics et...
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