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Actualités - REPORTAGE

Le monde célèbre la femme

Au moins une femme sur trois a été battue, forcée à des relations sexuelles ou violentée à un moment de sa vie dans le monde. La violence domestique reste pour les femmes de 16 à 44 ans la principale cause de décès ou d’invalidité. Avant le cancer, avant les accidents de la route. Le rapport d’Amnesty International, publié vendredi, claque comme une gifle. Une gifle assénée à une humanité malade. Au XXIe siècle, les femmes sont encore assassinées pour l’honneur de la famille ; on les mutile pour les « préserver » de la tentation et du plaisir. Cauchemar... Mais les femmes ne sont pas uniquement victimes de violences, elles demeurent également sujettes à des inégalités sociales. Si elles ont aujourd’hui un accès plus facile au monde du travail, si elles sont plus nombreuses désormais à gonfler les rangs des salariés, elles sont davantage victimes du chômage, de la précarité et de la pauvreté que leurs collègues masculins. Un tableau plutôt sombre donc. Mais, en cette Journée mondiale de la femme, destinée à hurler contre les horreurs que cette moitié de l’humanité encaisse chaque jour, il faut se souvenir de toutes ces belles choses qui font aussi la vie des femmes. De tout ce chemin parcouru, et ce même s’il reste encore beaucoup à faire. De tous ces acquis arrachés, même si tant de défis restent encore à relever. Il faut se souvenir de la force de ces Shirin Ebadi, de ces Aung San Suu Kyi et de toutes les anonymes qui, chaque jour, plus ou moins consciemment peut-être, travaillent à un avenir meilleur. Autant de femmes qui sortent les griffes quand il le faut, mais savent également ouvrir leur cœur sans fausse pudeur et redonner un peu d’humanité à un monde qui, trop souvent, se perd. E.S. Le combat d’une femme, membre du Conseil de gouvernement, pour les Irakiennes Une femme peut-elle gouverner l’Irak ? Rajaa Habib Khouzaï, l’une des trois femmes membres du Conseil de gouvernement transitoire irakien, en est d’autant plus persuadée qu’elle s’en sent capable. Elle a bataillé dur pour défendre les droits des femmes dans un pays musulman, où elles sont généralement considérées comme des citoyens de seconde zone. Seule, elle a combattu ses collègues hommes pour garantir un taux de 25 % de femmes représentées dans le futur Parlement, comme le stipule la Constitution provisoire. Elle avait pourtant demandé que ce taux soit de 40 % dans la mesure où les femmes représentent plus de la moitié de la population irakienne. Mais même avec 25 %, ce taux est l’un des plus élevés au monde et le plus élevé au Moyen-Orient. Fin février, ce médecin chiite de 57 ans avait remporté une première victoire en convainquant la majorité des 25 membres du Conseil de gouvernement de revenir sur l’abrogation du code de la famille de 1959, l’un des plus avancés du monde arabe. « J’ai réclamé l’annulation de la loi 137, votée le 29 décembre par le Conseil, car elle contient des articles empêchant le développement social et le progrès des femmes », dit-elle. La plupart des Irakiennes, voilées, restent cantonnées à la maison, élevant leurs enfants et partageant parfois leur mari avec deux ou trois autres épouses. Dans les années 60, elles jouissaient de davantage de droits que dans la plupart des autres pays du Moyen-Orient, mais cette situation s’est dégradée sous le régime de Saddam Hussein. À partir de 1991, il a amendé à plusieurs reprises le code de la famille pour le rendre plus proche de la charia, sans toutefois en altérer l’essence. « Nous ne pouvions rien dire. Nous n’osions pas parler, même à l’intérieur de notre propre maison », rappelle Mme Khouzaï. Depuis la chute du régime, des centaines d’organisations de femmes ont vu le jour et des rassemblements de femmes demandant d’avoir la voix au chapitre sont devenues plus courants. Déterminée à relever le défi Le mois dernier, à Bagdad, une quarantaine de femmes de tout âge, certaines vêtues de tenues traditionnelles, d’autres d’habits occidentaux, ont brandi des banderoles, appelant à s’intéresser à leur cause. Malgré ces quelques exemples, de nombreuses Irakiennes doutent que leur condition s’améliore. Mme Khouzaï est consciente de la difficulté de la tâche, mais semble déterminée à relever le défi. « Je me suis impliquée en politique à présent et je pense que les Irakiennes ont besoin de moi. Je veux aider la femme irakienne à retrouver sa dignité. » À la question de savoir si un jour elle pense pouvoir devenir présidente de l’Irak, elle lance : « Peut-être bien, peut-être bien que oui. » Les femmes travaillent plus, mais les inégalités demeurent, s’inquiète le BIT Les femmes n’ont jamais autant travaillé, mais elles sont davantage que les hommes victimes du chômage, de la précarité, de la pauvreté et des inégalités salariales, déplore le Bureau international du travail (BIT) dans un rapport publié à l’occasion de la Journée internationale des femmes. Avec 1,208 milliard de travailleuses (contre 1,006 md en 1993), les femmes représentent désormais plus de 40 % de la main-d’œuvre mondiale, souligne le BIT dans son rapport intitulé Tendances mondiales de l’emploi pour les femmes. « Jamais auparavant tant de femmes n’ont été économiquement actives (...) Pourtant, l’écart entre les sexes n’est près de se résorber dans aucune région du monde, analyse l’organisation. Une véritable égalité dans le monde du travail reste hors d’atteinte. » Les femmes sont plus touchées par le chômage (6,4 % contre 6,1 % pour les hommes), sauf en Extrême-Orient et en Afrique subsaharienne. Les emplois occupés par les femmes sont également plus précaires. Résultat, les femmes sont plus nombreuses à faire partie des « travailleurs pauvres », qui touchent moins d’un dollar par jour : elles représentent 60 % de cette population, soit 330 millions de personnes. Autre conséquence, « partout dans le monde, les femmes sont moins payées que les hommes », avec au mieux 90 % du salaire de leurs collègues masculins. La première femme pilote saoudienne veut prendre les airs Dans un pays où la femme n’a pas le droit de conduire, Hanadi Hindi (notre téléphoto AFP), une Saoudienne de 25 ans, rêve de devenir la première femme pilote à prendre les airs aux commandes d’un avion du transporteur national. Pour le moment, elle ne dispose que d’une licence privée de pilotage, qui ne l’autorise pas à effectuer des vols commerciaux, mais elle peut prendre les airs « juste pour s’amuser », dit-elle. Elle affirme qu’elle est déterminée à aller de l’avant jusqu’à ce qu’elle obtienne sa licence commerciale de pilotage de la même école, la Mideast Aviation Academy, en Jordanie. « Le commandant Hanadi », comme elle se fait déjà appeler, indique, paradoxalement, comprendre les raisons de l’interdiction faite aux femmes de conduire en Arabie saoudite, une monarchie conservatrice, mais elle estime que le pilotage est différent. « Lorsqu’une femme conduit une voiture, tout le monde peut la voir et elle peut s’exposer à des situations déplaisantes. Mais personne ne peut savoir qui est dans un cockpit », dit la jeune Saoudienne, affirmant se sentir totalement confortable avec son voile sous son chapeau de pilote. La loi sur le voile islamique divise les féministes françaises L’interdiction du voile islamique dans les écoles publiques, qui entrera en vigueur en France dans six mois, divise les féministes. La loi adoptée en février, présentée comme une réaffirmation de la laïcité à la française, vise à interdire tout signe religieux ostentatoire à l’école publique, en particulier le voile islamique de plus en plus répandu. Cette affaire divise les mouvements féministes comme il a divisé le pays où se trouve la plus forte population musulmane d’Europe. Les désaccords – qui portent sur le fond, mais également sur le message politique à envoyer au gouvernement avant une période électorale – ont marqué la traditionnelle manifestation samedi à Paris. D’un côté, les féministes « traditionnelles », les plus nombreuses, soutenues par les partis de gauche et les syndicats, se disent contre le voile et pour la loi, mais ne veulent pas en donner crédit au gouvernement de droite. Pour le mouvement Ni putes ni soumises, né dans les banlieues difficiles à forte population immigrée, la priorité est la résistance des femmes au « machisme ». Ses militantes sont contre le voile, en faveur de la loi et considèrent que la priorité n’est pas de s’en prendre au gouvernement. À l’inverse, un troisième groupe a manifesté pour dénoncer la loi contre le voile à l’école, non parce qu’il approuve le voile, mais parce que cette loi conduira à exclure des jeunes filles du système scolaire. Derrière les manifestantes de ce collectif, Une école pour tous-tes, se retrouvaient une dizaine de femmes voilées, poussées par les mouvements intégristes voulant abroger la loi sur le voile.
Au moins une femme sur trois a été battue, forcée à des relations sexuelles ou violentée à un moment de sa vie dans le monde. La violence domestique reste pour les femmes de 16 à 44 ans la principale cause de décès ou d’invalidité. Avant le cancer, avant les accidents de la route. Le rapport d’Amnesty International, publié vendredi, claque comme une gifle. Une gifle...