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Actualités - OPINION

perSPECTIVEs - Cardahi bénéficie du soutien de l’opposition face aux attaques des milieux haririens Le débat à la Chambre demain, un épisode pas comme les autres dans la guerre du cellulaire

Dans cet interminable feuilleton du cellulaire qui défraie la chronique locale depuis de longs mois, les prochaines quarante-huit heures pourraient constituer un épisode quelque peu rocambolesque. Le Parlement tiendra en effet, demain mardi, et probablement mercredi, une séance plénière pour débattre de l’interpellation sur le dossier de la téléphonie mobile, déposée par les députés du Front national pour la réforme, Nayla Moawad, Omar Karamé, Boutros Harb, Nassib Lahoud et Hussein Husseini. Les Libanais seront témoins à cette occasion d’un débat pas comme les autres. Un débat qui ne prendra pas la forme, comme on aurait pu s’y attendre, du clivage traditionnel opposition vs loyalistes ou camp de Lahoud vs camp de Hariri. La scène qui se jouera, place de l’Étoile, pourrait être plutôt similaire à une intrigue typique du théâtre de boulevard. Ainsi, les députés de l’opposition, qui ont présenté l’interpellation, ne dirigeront pas leurs attaques contre le ministre des Télécommunications, Jean-Louis Cardahi. Et pour cause : ils partagent ses vues, pour l’essentiel, sur la façon de réorganiser le secteur du cellulaire. M. Cardahi risque, par contre, d’être dans le collimateur du... chef du gouvernement, Rafic Hariri, soit directement ou tout au moins (« cohésion » ministérielle oblige) par le biais des très fidèles députés haririens, lesquels auraient l’intention de contester le caractère légal de l’appel d’offres lancé par le ministère des Télécoms. Auquel cas M. Cardahi bénéficiera sans doute du soutien des députés de l’opposition face à la petite guerre que pourraient mener contre lui les parlementaires loyalistes haririens ! Pour compléter le tableau, force est de relever que l’indomptable ministre des Télécoms (connu pour être proche du président Émile Lahoud) ne pourra pas compter nécessairement sur un appui enthousiaste de tous les pôles parlementaires « lahoudiens »... Ses rapports avec MM. Issam Farès et Michel Murr, à titre d’exemple, ne sont pas au beau fixe. L’on se retrouve ainsi face à un schéma pour le moins qu’on puisse dire quelque peu original : un ministre frondeur qui a la confiance du chef de l’État, mais qui est considéré comme « gênant » par certains milieux proches de Baabda, qui est combattu par son propre chef de gouvernement, mais qui est soutenu par les députés de l’opposition... C’est dire à quel point la séance parlementaire de demain ne manquera probablement pas de piquant. Le débat place de l’Étoile devrait être axé principalement sur l’une des principales pommes de discorde entre M. Cardahi et les cercles haririens : les revenus du secteur de la téléphonie mobile. Le ministre des Télécoms soutient, chiffres à l’appui, que les recettes perçues par le gouvernement depuis que la propriété du réseau a été transférée à l’État, en septembre 2002, ont augmenté de près de 20 millions de dollars par mois, en comparaison avec les recettes enregistrées lorsque le contrat BOT était toujours en vigueur. Ce bilan est, certes, contesté par les milieux proches de M. Hariri, mais il constitue le cheval de bataille des opposants qui relèvent que les chiffres avancés par M. Cardahi prouvent que durant toute la période du contrat BOT, soit depuis 1994, une partie des recettes a été occultée par les opérateurs. Ce dernier point est au cœur de l’interpellation déposée par les membres du front national pour la réforme qui font assumer principalement au chef du gouvernement la responsabilité de ce manque à gagner subi ainsi par le Trésor. D’où la détermination affichée par les députés du front à pousser le gouvernement à poser la question de confiance au terme du débat. Mais comme à l’accoutumée, la baguette magique interviendra en temps opportun (ou est déjà intervenue) afin de calmer le jeu et éviter que le déballage politique dans l’hémicycle ne déstabilise un peu trop le gouvernement. L’opposition parlementaire ne se fait d’ailleurs pas beaucoup d’illusions sur ce plan. Elle est, d’entrée de jeu, consciente des limites de son action. Elle sait que les rouleaux compresseurs présents à la Chambre empêcheront un vote de méfiance. Elle sait aussi que le tuteur syrien pèsera de tout son poids dans la balance afin de ne pas mettre en péril la fragile trêve imposée entre Baabda et Koraytem. Il reste qu’aux yeux du Front national pour la réforme, l’enjeu véritable se situe autre part. Le but déclaré est de montrer que, malgré tout, certains pôles au sein du Parlement n’hésitent pas à réclamer des comptes au gouvernement lorsque la gestion des affaires publiques est déficiente ou, surtout, lorsque des ministres s’abstiennent de tracer une limite claire entre leurs propres intérêts privés et leur mission au niveau de l’Exécutif. À la lumière de la nouvelle adjudication organisée par le ministère des Télécoms en vue de la gestion du réseau cellulaire, une telle démarche devrait constituer un signal positif à l’adresse des entreprises étrangères. À moins que les calculs politiciens et l’appétit mercantile de certains hauts responsables ne fassent fi, une fois de plus, de l’intérêt réel du Trésor. Michel TOUMA
Dans cet interminable feuilleton du cellulaire qui défraie la chronique locale depuis de longs mois, les prochaines quarante-huit heures pourraient constituer un épisode quelque peu rocambolesque. Le Parlement tiendra en effet, demain mardi, et probablement mercredi, une séance plénière pour débattre de l’interpellation sur le dossier de la téléphonie mobile, déposée par...