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Actualités - REPORTAGE

INSOLITE - Scanner, IRM, echodoplers, et des quadrupèdes heureux SOS vétérinaire, un hôpital où les animaux sont rois

Une grande vitrine, des murs et des meubles multicolores, un espace de 500 mètres carrés, un laboratoire, une salle d’opération, un service d’urgences ouvert 24 heures sur 24, et… des animaux heureux. SOS vétérinaires est un hôpital pour animaux domestiques. Il fallait y penser. Hoda Nassif n’est pas vétérinaire. Psychologue et mère de famille, elle a décidé, il y a dix ans, d’ouvrir une clinique « où les animaux bénéficieraient des mêmes soins dispensés aux humains, où ils seraient très bien traités », indique-t-elle. C’est que Hoda avait perdu il y a bien longtemps son chien et son cheval « par erreur médicale » (ou vétérinaire). Elle a alors rêvé qu’un jour les animaux domestiques profiteraient de soins médicaux comparables aux soins assurés aux humains. Bonjour donc les IRM, les scanners et les échodoplers que l’on effectue dans les hôpitaux, les interventions chirurgicales qui nécessitent la participation de plus d’un vétérinaire ou encore les « visites médicales » que l’on effectue à domicile en pleine nuit. Hoda a ouvert, il y a dix ans, une première clinique à Sioufi. La clientèle se constitue grâce au bouche-à-oreille et l’espace devient trop petit. Cha Dog, le nom de la première clinique, déménage au secteur du Musée et devient SOS vétérinaire. L’hôpital est spacieux. Cinq vétérinaires qui se font aider par des médecins quand c’est nécessaire, une véritable salle d’opération où tout est stérilisé (des équipements aux costumes vert pistache des spécialistes), du matériel que l’on n’utilise qu’une seule fois, comme les seringues et les sondes, un laboratoire où l’on développe des tests dermatologiques (qui sont aussi performants que ceux destinés aux êtres humains, les chiens et les chats étant très sensibles aux maladies de peau), un jardin pour accueillir les pensionnaires de la garderie, et d’autres services aussi. De plus, SOS vétérinaire est l’une des rares cliniques à utiliser la morphine et ses dérivés, en complément à l’anesthésie. Pour Hoda Nassif, le plus important c’est que l’on épargne aux animaux la souffrance. Ne le fait-on pas pour les humains ? Ce n’est donc pas uniquement le gaz qui est utilisé pour anesthésier les animaux domestiques mais des piqûres pour endormir l’animal avant de l’opérer et d’autres pour le réveiller à l’issue de l’intervention chirurgicale. « Ainsi, un chien ou un chat rentrera à la maison ayant la capacité de tous ses sens, tout à fait comme les êtres humains », indique Hoda Nassif. Ici les animaux domestiques sont rois. De la toiletteuse anglaise, à la dresseuse allemande, en passant par les cinq vétérinaires et la propriétaire de la clinique, tout le monde est aux petits soins des animaux. Si un chat déteste se faire couper les ongles, on le laisse se calmer, on lui chante des chansons, on lui raconte des histoires, comme on le fait généralement avec les enfants, et tout se passe ensuite dans le calme. Si un chien ne veut pas se faire examiner sur la table d’auscultation, le vétérinaire officie en s’asseyant par terre, se met à sa hauteur. Dans les établissements hospitaliers… après les horaires d’ouverture « Cette clinique est destinée aux animaux, l’endroit est pour eux », relève la propriétaire de l’établissement qui tient à réduire « les erreurs médicales » qui peuvent tuer les chiens comme les humains. C’est pour cette raison d’ailleurs que des scanners, des échodoplers, des IRM et des biopsies sont pratiqués. Parfois les analyses de selles et d’urine d’animaux trop malades sont effectuées dans les laboratoires d’autres hôpitaux. Hoda Nassif préfère ne pas citer les établissements hospitaliers avec lesquels SOS vétérinaire traite. « Au début, quand je les appelais, ils étaient très surpris, maintenant, ils se sont habitués à nous », indique-t-elle, soulignant qu’il « suffit parfois de dire : “Il y a un chien malade et s’il est mal soigné et ne subit pas les examens nécessaires, il peut mourir” ». Et de lancer : « Nous au moins, nous ne comptons pas sur la Sécurité sociale pour que l’hôpital soit remboursé. » Elle précise également que les prix pratiqués par les établissements hospitaliers avec lesquels la clinique traite sont « des prix de première classe ». Et pour ces examens, il faut que les animaux domestiques soient conduits à l’hôpital après les heures d’ouverture… Évidemment, peut-être qu’un humain malade ne sera pas très content de voir un gentil chien sortir de la machine à IRM, même si ce dernier est très mal en point. Certains médecins ne rechignent pas à soigner des animaux. Dans ce cadre, quelques chirurgies plastiques ont été effectuées sur des chiens qui souffraient de séquelles d’accidents ou d’importantes morsures occasionnées par des querelles entre quadrupèdes. Hoda Nassif précise également que beaucoup de chats ont eu droit à des échodoplers car ils sont souvent sujets à des problèmes de reins. Elle évoque aussi les animaux que son établissement a pu sauver, comme un pélican atteint à l’aile par les chasseurs et dont la blessure s’est infectée. Les pêcheurs de Batroun qui ont pu le récupérer l’ont amené à la clinique. Il a été amputé de l’aile mais vit toujours au bord de l’eau avec ses bienfaiteurs. Elle parle également d’une gazelle au Chouf dont la patte s’est coincée entre deux rochers. Amenée en urgence à la clinique, elle s’est remise à courir une fois sa fracture guérie. Hoda Nassif se souvient également de beaucoup d’aigles et de rapaces touchés par les chasseurs et soignés par SOS vétérinaire. Elle montre également un chat blanc, fort silencieux et bien vorace, l’une des pattes plâtrées, en convalescence à la clinique. Il était tombé du 9e étage pour atterrir au balcon situé au premier étage d’un appartement vide. Ses propriétaires ont mis quinze jours à le retrouver, il était affamé et il avait la patte cassée. Disponibilité 24 heures sur 24 « Nous sommes disponibles 24 heures sur 24, nous nous déplaçons en cas d’urgence en pleine nuit pour ausculter des animaux malades, et s’il est nécessaire nous les transportons à la clinique », dit Hoda Nassif, soulignant que « s’ils sont très mal en point et doivent rester sur place à cause des perfusions par exemple, quelqu’un de nous passe la nuit avec eux ». Pour elle, si jamais une personne décide d’adopter un animal domestique, elle se doit de bien le traiter. Elle évoque des cas de maltraitance, des chiens qui deviennent agressifs par exemple parce qu’ils sont tout le temps attachés ou emprisonnés sur un balcon ou parce qu’ils ne sont pas habitués à voir du monde. «Un animal n’est pas un jouet, c’est un projet d’avenir. Avant d’en adopter un, il faut savoir si l’on peut assumer sa responsabilité durant une dizaine d’années », indique Hoda Nassif, qui vend parfois des animaux et qui refuse de les récupérer au bout d’une semaine ou de quelques mois parce que les propriétaires ont tout simplement « changé d’avis ». Les patients de SOS vétérinaire sont très bien suivis. À la demande de leurs maîtres, ils peuvent prendre régulièrement leur bain à la clinique, ils peuvent également passer quelques jours sur place. « Quand les propriétaires partent pour le week-end ou en vacances, nous avons une garderie », relève la propriétaire de SOS vétérinaire. Parfois aussi, le personnel de la clinique effectue des visites à domicile pour s’enquérir du bien-être des animaux domestiques (alimentation, hygiène…). Jouffy se réveille en douceur de l’anesthésie. Le petit chat souffrait d’infections urinaires répétitives. Une intervention chirurgicale s’est donc imposée. Trois vétérinaires étaient à son chevet. Toujours sous perfusion, une heure plus tard, on le réveillait avec, tout près, un grand « spot light » et une chaufferette pour qu’il n’ait pas froid. Hoda Nassif a toujours rêvé d’un monde moins cruel envers les animaux. « Quand quelqu’un trouve un animal perdu et malade, nous soignons la petite bête gratuitement », raconte-t-elle, se souvenant du chien mascotte de SOS vétérinaire, baptisé Saucisse. « On l’a acheté pour le sauver. Quand il est né, des gens l’ont trimbalé quatre mois dans une cage d’oiseau pour le vendre, il est arrivé chez nous les pattes atrophiées et puis il s’en est remis petit à petit », dit-elle. Chez elle, Hoda Nassif vit avec trois chiens ( un mini pincher, un husky et un rottweiller) et un chat. « Tous les quatre vivent en harmonie. Ils jouent ensemble et ils aiment les enfants », dit-elle, soulignant que ses deux enfants étaient tout-petits quand elle avait reçu le rottweiller « qui n’est pas un chien méchant mais qui peut sous-estimer sa force », dit-elle. Ses animaux domestiques, elle ne les a pas choisis. Ils étaient maltraités ou égarés et avaient juste besoin d’un refuge. Elle a donc tout simplement adopté, espérant encore que le monde soit plus clément envers les animaux. Patricia KHODER
Une grande vitrine, des murs et des meubles multicolores, un espace de 500 mètres carrés, un laboratoire, une salle d’opération, un service d’urgences ouvert 24 heures sur 24, et… des animaux heureux. SOS vétérinaires est un hôpital pour animaux domestiques. Il fallait y penser. Hoda Nassif n’est pas vétérinaire. Psychologue et mère de famille, elle a décidé, il y a...