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Actualités - OPINION

Climat - Mot d’ordre en faveur d’une concorde généralisée La Syrie accentue l’ouverture en direction du patriarche maronite

Des ministres et des députés qui ont leurs grandes et petites entrées en Syrie confirment que les décideurs ont lancé un véritable mot d’ordre à leurs troupes de fidèles : il faut jouer la détente à fond. En n’excluant que les radicaux de l’Est qui ne veulent eux-mêmes pas dialoguer. À croire ces hérauts, dont l’interprétation paraît cependant partielle sinon réductrice, le but premier du cycle de concertations qu’entreprend Bachar el-Assad est de généraliser la détente imposée aux présidents de ce pays. Pour qu’il puisse amorcer son redressement économique. Mais, sans mettre en doute l’intérêt syrien pour la situation économique libanaise, des spécialistes, eux-mêmes bien introduits à Damas, mettent un bémol prudent (sans doute sur les conseils des décideurs) aux spéculations euphoriques de certains loyalistes. À leur avis, il ne faut pas exagérer la portée que le chef de l’État syrien attribue à sa présente dynamique de contacts. Car, affirment-ils, les échanges se veulent essentiellement d’ordre psycho-politique, sans dispositions concrètes fracassantes, pour le moment. Pourquoi cette réserve ? Parce que, répondent ces personnalités, Damas estime qu’il est toujours prématuré (et en quelque sorte dangereux, en termes de stabilité politique intérieure) de parler de la présidentielle. Il faut dès lors comprendre que l’on n’est pas encore sur le point d’empoigner le taureau par les cornes. Mais aussi que l’on prend soin de bien préparer la corrida. Afin qu’au moment voulu il n’y ait pas de fausses notes, ou de mauvaises surprises. Damas se met donc en campagne pour harmoniser les positions, pour inciter les joueurs d’harmonium à positiver en chœur, à ne plus se regarder en chiens de faïence. Afin que tout le monde soit prêt, en été, à composer, à accepter tel ou tel compromis. Voire à se montrer moins abrupt dans le refus, quasi général à ce stade, de toucher à la Constitution pour permettre la reconduction. Sur ce point précis, comme le soulignent les prosyriens, Damas ne peut pas se permettre aujourd’hui, face aux pressions US et aux menaces israéliennes, d’écarter la possibilité de maintenir le présent régime libanais. Car il lui semble gage d’une stabilité libanaise dont elle a sérieusement besoin. Allant à l’essentiel, les sources en question indiquent que désormais aux yeux des Syriens, Bkerké est incontournable quand on veut parler de dialogue national libanais. Ainsi les visiteurs de Damas sont systématiquement, quelles que soient les tendances qu’ils affichent, bombardés d’éloges applaudissant « la haute sagesse » de l’Église catholique, le pape en tête. En insistant surtout sur les mérites du cardinal Sfeir. Cependant, tout au long des derniers mois, le cardinal avait été amené à constater que l’on n’avait guère dépassé le stade verbal et que le rapprochement souhaité n’avait rien de consistant. Aujourd’hui, la bonne balle est reprise au bond. Les Syriens n’en sont certes pas encore à proposer publiquement une rencontre directe. Mais ils pressent leurs alliés locaux de ne rater aucune occasion de dire du bien de Bkerké. Et de s’y rendre, comme le fait, entre autres, Nasser Kandil. Cependant, les opposants modérés de l’Est, tout comme certains loyalistes d’ailleurs, soulignent qu’il faut du concret pour que le dialogue prenne un sens. C’est-à-dire qu’il faut, dans le domaine politique, une loi électorale équilibrée, équitable, afin de mettre un terme à la discrimination comme à la marginalisation du camp chrétien. On sait que c’est là l’un des chevaux de bataille favoris de Bkerké. Qui voit, dans une saine représentation parlementaire, le meilleur moyen de mettre de l’ordre dans la baraque. Afin d’assurer, grâce au caza par exemple, une saine représentation de proximité. Ce que souhaitent d’ailleurs des personnalités qui participent au pouvoir, comme Walid Joumblatt et Élie Ferzli. Et afin que les groupes s’institutionnalisent, comme le fait la formation créée par Nassib Lahoud. Ce qui est nécessaire quand il n’y a plus sur la scène des figures de proue aussi charismatiques que les Béchara el-Khoury, Camille Chamoun, Sabri Hamadé, Saëb Salam, Pierre Gemayel, Kamal Joumblatt et autres Sleimane Frangié ou Rachid Karamé. Philippe ABI-AKL
Des ministres et des députés qui ont leurs grandes et petites entrées en Syrie confirment que les décideurs ont lancé un véritable mot d’ordre à leurs troupes de fidèles : il faut jouer la détente à fond. En n’excluant que les radicaux de l’Est qui ne veulent eux-mêmes pas dialoguer. À croire ces hérauts, dont l’interprétation paraît cependant partielle sinon...