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Actualités - OPINION

Municipales - Le facteur politique le dispute aux histoires de clans L’opposition ne croit pas à la neutralité du pouvoir

C’est confirmé : les municipales auront lieu dans les délais légaux. Les courants loyalistes qui prônaient le report y renoncent. D’autant plus volontiers qu’en définitive, sauf dans des contrées déterminées, ces élections vont bien moins servir de test au niveau des rapports de force entre l’opposition et le pouvoir que d’enjeu pour les intérêts très localisés des clans. Dans plusieurs agglomérations, en effet, ce sont des familles traditionnellement antagonistes, voire divisées sur elles-mêmes, qui vont s’affronter. Ce puzzle va malgré tout permettre d’expérimenter des cas d’espèce, des alliances déterminées qui pourraient être reconduites pour les législatives de l’an 2005, selon les intérêts des uns ou des autres. En tout cas, l’Intérieur se dit fin prêt et Élias Murr devrait préciser les dates du scrutin dans les jours à venir. Son père, Michel Murr, garde dans ce domaine précis un rôle de meneur de jeu, dans son fief du Metn. Où sa fille préside les destinées de la Fédération des municipalités. Pour cette édition, Michel Murr donne à ses partisans des directives d’ouverture et il joue l’apaisement. Il précise qu’à ses yeux, la confrontation doit revêtir un caractère socio-économique bien plus que politique. Il ajoute qu’il ne s’agit pas là d’un bras de fer entre l’opposition et le pouvoir. Affrontement qui, à son avis, ne devrait intervenir que dans le cadre des législatives. Il invite toutes les parties à laisser de côté les ressentiments sectaires. Enfin, Michel Murr va jusqu’à plaider pour un climat de concorde familiale. Et il entend y concourir personnellement, dit-il, en restant neutre. Sur un plan plus global, le président de la Chambre, Nabih Berry, déclare à qui veut bien l’entendre que les municipales sont le choix des gens. C’est-à-dire que la population y tient tout particulièrement, car elles mettent sur le tapis son vécu quotidien. Il souhaite que des arrangements à l’amiable se produisent en série, pour éviter des tensions qui empoisonneraient la vie des localités. Pour lui, un climat d’entente faciliterait en outre la réalisation des projets de développement dont les régions ont besoin. En somme Berry, tout comme Murr, veut dépolitiser le dossier. Une intention louable a priori, mais qui fait un peu ricaner leurs contempteurs respectifs. Ces derniers évoquent en effet, à propos des deux leaders, la réaction du renard de la fable, pour qui les raisins de la treille, inaccessibles, sont trop verts. Ce qui signifie, selon ces âmes charitables, que Berry et Murr, constatant que les résultats des municipales risquent de ne pas leur être favorables, préfèrent s’en laver les mains. En adoptant une attitude prudente, autant qu’apparente, de neutralité positive. Ce procès d’intention montre par lui-même qu’en s’appuyant sur certains cas de figure emblématiques, c’est-à-dire sur les quelques villes ou villages où les camps en présence se réclament fortement de l’opposition ou du pouvoir, des pôles déterminés recherchent une bataille d’ordre général. Une tendance qui se manifeste essentiellement au Mont-Liban. Mais même dans cette zone centrale, charnière, du paysage politique, il est certain que la plupart du temps, ce sont des considérations purement locales qui prennent le pas sur les idéologies. Cependant, l’un des piliers de Kornet Chehwane estime qu’il existe assez d’éléments mettant en jeu le regard que la population porte sur le système et sur ses effets au quotidien, pour qu’on puisse parler d’épreuve de force politique. En d’autres termes, les municipales peuvent à son avis montrer aussi bien que les législatives le manque de confiance des Libanais dans le pouvoir en place, ses tenants et ses aboutissants. Et l’opposition compte bien marquer des points à cette occasion, en montrant sa force sur le terrain. En récusant la neutralité, fausse à ses yeux, que les responsables affichent. Elle va dès lors tenter de former des listes cohérentes, notamment à travers les contacts préparatoires que la Rencontre déploie en direction des FL comme des aounistes. Mais ces derniers déclarent pour le moment que les accords devront se faire au coup par coup, au cas par cas, sans package deal général. Du côté des FL, c’est l’attentisme, également préparatoire, Sethrida Geagea ne s’étant pas encore prononcée. Quant au Hezbollah, ses cadres indiquent qu’il ne va pas se lancer dans la bataille en tant que formation politique, mais laisser le jeu se faire dans les cités suivant les particularités locales. Ce qui signifie, en pratique, qu’il ne compte pas rééditer l’expérience d’un accord général avec le mouvement Amal. Il reste que dans l’ensemble, les loyalistes et les opposants semblent avoir également raison. Les premiers en estimant que l’enjeu est surtout à caractère local. Les deuxièmes en affirmant que toute consultation populaire donne finalement le pouls de la rue. Philippe ABI-AKL
C’est confirmé : les municipales auront lieu dans les délais légaux. Les courants loyalistes qui prônaient le report y renoncent. D’autant plus volontiers qu’en définitive, sauf dans des contrées déterminées, ces élections vont bien moins servir de test au niveau des rapports de force entre l’opposition et le pouvoir que d’enjeu pour les intérêts très localisés...