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Actualités - CHRONOLOGIE

Vient de paraître « Ville à Vif », d’Imane Humaydane-Younès Vie de femmes à travers la guerre

Les choses de la vie en temps de guerre ? Voix de femmes à travers des portraits pleins de sensibilité, d’émotion mais aussi d’ironie, d’humour et de poésie ? Tout cela à la fois mais aussi réflexion sur l’absurdité de l’existence quand les obus pleuvent… Étrange toile oscillant entre surréalisme effrayant ou réalisme résigné avec des moments de désarroi et de révolte. Voilà le premier roman, un véritable coup de maître, d’une femme qui a tenu la plume, non pour se raconter avec complaisance ou nombrilisme, mais pour témoigner et dénoncer. Imane Humaydan-Younès, née à Aïn Enoub, a publié, en arabe, en 1997, Ville à vif, salué avec sympathie et respect par la presse et qui vient de sortir dans sa traduction française (Valérie Creusot) aux éditions Verticales (266 pages). Récit écrit dans une narration moderne libre, où les personnages et les situations sont insaisissables. Narration qui mène le lecteur dans le dédale des vies de femmes quand Beyrouth est sous un déluge de feu et que se fracassent les immeubles et volent en éclats les vitres. Vision cauchemardesque tempérée par le monde intérieur et les rêves d’une poignée de femmes qui ne savent plus ce qu’est une meilleure vie... Dans un immeuble de Beyrouth-Ouest vivent Liliane, Warda, Camillia et Maha entre appartements livrés à la précarité de la lumière du jour ou terrées dans les abris quand les batailles font rage... Destins croisés comme les notes d’une triste cantate où la mort est bien une lugubre clef de sol. Tout le destin des femmes libanaises se lit à travers ces lignes certes poignantes mais non dénuées d’un certain espoir. Espoir tenu à travers les gestes usuels ou les élans du cœur et du corps. Le livre de Humaydan-Younès ne sombre guère dans le misérabilisme, mais donne une image de ce que la guerre peut faire de ravages dans l’esprit humain. Avec des audaces verbales et descriptives (que le français atténue !) l’auteur plonge le lecteur dans un univers à la fois atroce et grave sans pour autant tomber dans une écriture larmoyante. Il y a là, par-delà un ardent plaidoyer contre la violence, du punch, de la force, de la poigne. Le combat pour la vie reste l’enjeu principal de cette fiction si proche d’une réalité, hélas, que nous avons bien tristement subi et côtoyé. E.D. Extrait « La porte de sa cage laissée ouverte en permanence, l’oiseau avait pris l’habitude de s’échapper pour s’ébattre aux quatre coins de l’appartement ; puis il venait se poser tranquillement sur l’épaule de Josepha, qui se mettait à fredonner une chanson. Lui l’accompagnait de ses trilles sans cesser de battre des ailes. À la fin, elle lui donnait de petits bécots du bout des lèvres. Tandis qu’elle préparait le café, je l’entendais reprendre sa ritournelle, le canari sautillant de-ci, de-là sur son épaule. C’était sa chanson préférée, une romance espagnole : une femme pleurait son oiseau envolé, quand un homme qui passait lui tendait un mouchoir. La malheureuse séchait ses larmes et retrouvait le sourire. Regardant alors autour d’elle, elle s’apercevait qu’à son tour l’homme s’était envolé. »
Les choses de la vie en temps de guerre ? Voix de femmes à travers des portraits pleins de sensibilité, d’émotion mais aussi d’ironie, d’humour et de poésie ? Tout cela à la fois mais aussi réflexion sur l’absurdité de l’existence quand les obus pleuvent… Étrange toile oscillant entre surréalisme effrayant ou réalisme résigné avec des moments de désarroi et de...