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EN DENTS DE SCIE La confusion des genres

Sixième semaine de 2004. Il ne faut pas dire : Fontaine, etc. Bien plus calmes que ceux qui les ont précédés, ces sept derniers jours n’en ont pas moins été l’occasion pour les Libanais de mesurer le degré de schizophrénie galopante qui n’a pas fini de contaminer l’ensemble de la vie politique du pays. Et ce jeu consistant à rendre à César ce qui est censé lui appartenir pourrait somme toute s’avérer fort édifiant. Agréablement surprenant parfois, tristement désespérant souvent. Qui a dit : « Il est nécessaire d’en finir au plus vite avec le problème des fonctionnaires surnuméraires, en appliquant les décisions prises dans tous les ministères et les administrations publiques » ? Kornet Chehwane ? Sélim Hoss ? Omar Karamé ? Non. Émile Lahoud. Sachant que le chef de l’État préside les Conseils des ministres au cours desquels ces décisions sont adoptées, que cela fait près de six ans qu’il est au pouvoir, et bien plus d’une décennie que les unes et les autres des huiles de la République entassent leurs électeurs sur les fiches de paie des institutions de l’État. Qui a dit : « Nous voulons que l’Université libanaise soit totalement indépendante de l’État, des conflits et des ingérences politiques, du principe du partage du gâteau... » ? Ibrahim Kobeissi ? Les enseignants ? Les étudiants ? Non. Rafic Hariri. Les propos du Premier ministre n’ont besoin d’aucun commentaire, surtout que la grève à l’UL n’a été qu’ajournée... Qui a dit : « Des forces totalement inféodées à Damas ont été jusqu’à planifier l’assassinat de 18 cadres du Front de la résistance nationale libanaise » ? Michel Aoun ? Dany Chamoun ? Non. Des intellectuels de gauche. Qui a dit être pour l’ouverture d’un dialogue avec Kornet Chehwane et rendu un hommage appuyé à Amine Gemayel ? Le suspense est là bien inutile : c’est le porte-voix des desiderata de Damas, le baromètre des humeurs du tuteur syrien : l’irracontable Nasser Kandil. Sans compter la République libanaise qui décide enfin – info ou intox – de s’impliquer en tant que telle, à l’instar de l’Iran et d’Israël, dans la seconde phase de l’échange de prisonniers, récupérant ainsi quelques-unes des essentielles prérogatives qu’elle avait cédées au Hezbollah... Le monde est fou. Il n’empêche, il restera toujours aux Libanais quelques repères, plus ou moins bons, plus ou moins mauvais, quelques constantes, prometteuses ou stériles, c’est selon, que laisseront ces sept jours écoulés. Kornet Chehwane déterminé à prendre d’assaut les régions chrétiennes aux prochaines municipales – même si l’on est en droit de se demander pourquoi ses membres entendent ne faire bénéficier que les habitants de l’Est politique de leurs idées de gestion locale (qui sont bonnes lorsque l’opposition se décide pour l’unité et l’union) ; Gebrane Tuéni qui se demande tout haut, en toute légitimité et, finalement, d’une façon très généreuse et très altruiste à l’égard du député du Metn, pourquoi Émile É. Lahoud ne s’est pas défendu lorsque son nom a été cité par le Washington Times ; Bkerké et Nassib Lahoud qui appellent à la libération des détenus en Syrie ; l’éternelle et sunnito-sunnite polémique Rafic Hariri-Tammam Salam – cette semaine sur la municipalité de Beyrouth ; l’insensée et indécente mauvaise foi des Kataëb de Karim Pakradouni à l’encontre de Solide, une ONG respectable et respectée, etc. Une semaine dure, fatigante. Mais les Libanais, toutes communautés confondues, se sont consolés ces sept derniers jours avec les mots d’un des plus fidèles disciples de cheikh Mohammed Mehdi Chamseddine, et qui a fait des recommandations de l’imam trop tôt disparu sa bible politique. Des mots qui choquent – un choc positif, salvateur : « Il ne s’agit pas de protéger les chrétiens physiquement, sinon ce serait des musées qu’il faudrait, mais de faire en sorte que les Arabes chrétiens occupent la place qui leur revient dans la vie politique. » Il faut que Séoud el-Mawla fasse très vite de la politique. Chrétiens, musulmans, les hommes comme lui sont nécessaires. Ziyad MAKHOUL
Sixième semaine de 2004.
Il ne faut pas dire : Fontaine, etc.
Bien plus calmes que ceux qui les ont précédés, ces sept derniers jours n’en ont pas moins été l’occasion pour les Libanais de mesurer le degré de schizophrénie galopante qui n’a pas fini de contaminer l’ensemble de la vie politique du pays. Et ce jeu consistant à rendre à César ce qui est censé lui...