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Pour une fois, le pouvoir se montre à la hauteur Un pays ré-uni dans la douleur

Une tragédie nationale poignante. Qui a rapproché les Libanais. Et dont l’ampleur, l’injustice profonde ont pour ainsi dire porté à bout de bras le pouvoir. Pour l’élever à la hauteur de ses responsabilités, auxquelles, par simple respect humain, il ne saurait faillir. Surtout face à la soudaine montée, au niveau de la population, d’un sentiment national qu’on croyait drogué, engourdi, justement par les pratiques ou les déviations du personnel politique. Dans l’affliction d’une catastrophe aérienne d’une effroyable dureté, selon les termes de Michel Samaha, les familles, les communautés, les régions ne vibrent plus que d’une même souffrance. Car dans ce microcosme, qui pleure tant de victimes, bien rares sont ceux qui n’ont pas été éprouvés, directement ou par ricochet.
Les gens, il faut le répéter, ont, dans leur malheur, apprécié que l’État soit vraiment à leurs côtés. Ils retrouvent ainsi l’espoir, qui est la meilleure des condoléances. Les autorités ont en effet immédiatement dépêché en Afrique des équipes médicales. L’armée a envoyé, sur ordre du commandant en chef le général Michel Sleimane, des plongeurs qui ont beaucoup contribué sinon à sauver des rescapés, du moins à retrouver des corps, pour que les proches puissent faire leur deuil. Des secouristes libanais ont aidé à soigner ou à transporter les blessés. Des délégations d’enquêteurs ou de journalistes ont également afflué à Cotonou. Tout cela très vite, car d’entrée de jeu, les Béninois ont franchement fait savoir que leurs possibilités, et leurs capacités, sont des plus limitées. Il reste que l’effort, qu’on nous pardonne cette expression, ne doit pas rester orphelin. Le climat d’union nationale doit inciter les responsables à continuer sur la voie de la correction de trajectoire. En aidant les familles éprouvées, d’une part. En réétudiant la stratégie dite du ciel ouvert, d’autre part. Car c’est à cause de cette disposition que l’avion, trop chargé dit-on, et dont les autorités libanaises avaient refusé l’inscription (ce qui avait poussé UTA à l’inscrire en Guinée), a pu prendre son envol en direction de Beyrouth. Peut-être bien que le Liban a besoin du programme ciel ouvert, comme l’affirment des économistes. Mais le drame doit l’inciter à multiplier les précautions préventives, pour mettre des barrières devant les vols manifestement dangereux. Le ministre des Transports, Négib Mikati, doit en parler ce mardi, lors d’un point de presse. Et, sans doute, livrer des détails techniques supplémentaires sur les causes du terrible accident. Le dossier doit rester ouvert jusqu’à ce que toute la lumière soit faite, et toutes les responsabilités bien établies. D’autant que s’il devait se confirmer que l’appareil était trop chargé en marchandises de fret, les assurances pourraient ne pas payer. Il convient de signaler que, selon des sources concordantes, UTA aurait fermé précipitamment ses bureaux au Bénin et au Ghana, tandis que ses dirigeants ne seraient plus joignables. La compagnie aurait parallèlement refusé de livrer aux autorités béninoises et libanaises la liste des passagers. Et, ajoutent ces sources, le copilote a été évacué de l’hôpital où il était soigné, sans être sous garde. Il s’agit aussi de savoir si les transporteurs ont bénéficié d’appuis au Liban.

Philippe ABI-AKL
Une tragédie nationale poignante. Qui a rapproché les Libanais. Et dont l’ampleur, l’injustice profonde ont pour ainsi dire porté à bout de bras le pouvoir. Pour l’élever à la hauteur de ses responsabilités, auxquelles, par simple respect humain, il ne saurait faillir. Surtout face à la soudaine montée, au niveau de la population, d’un sentiment national qu’on...