PÉTROLE Le Tchad entre officiellement dans son ère pétrolière

Le Tchad, l’un des 10 pays les plus pauvres de la planète, a officiellement entamé hier son ère pétrolière en inaugurant son premier complexe pétrolier, en présence de cinq chefs d’États et de 600 invités de marque.
Le projet pétrolier Tchad-Cameroun, d’un investissement de 3,7 milliards de dollars, prévoit l’exploitation sur 25 ans des 900 millions de barils estimés du gisement de Doba et leur évacuation vers le terminal camerounais de Kribi, sur la côte atlantique, via un oléoduc de 1 070 km.
Son exploitation par un consortium américano-malaisien composé des compagnies ExxonMobil (40 %), Chevron (25 %) et Petronas (35 %), a concrètement débuté mi-juillet.
Elle devrait rapporter 2 milliards de dollars au Tchad et 500 millions de dollars au Cameroun.
La production du Tchad atteint déjà 100 000 barils/jour et va grimper à son maximum prévu de 225 000 b/j début 2004, selon le consortium.
« Une utilisation efficace et transparente des premiers revenus pétroliers par les autorités tchadiennes sera décisive pour renforcer la confiance du peuple tchadien et des instances internationales », a averti Nils O. Tcheyan, chef de la délégation de la Banque mondiale (BM).
Le Tchad, épaulé par la BM, a voté une loi le contraignant à attribuer plus de 80 % des futures recettes pétrolières à des projets de développement prioritaires (éducation, santé, agriculture, infrastructures).
Le président Deby a toutefois souligné que le pétrole ne devait « pas être considéré autrement que comme un support (...) pour sortir le pays de l’ornière du sous-développement ».
Le représentant d’ExxonMobil a souligné que le taux de croissance du PIB au Tchad avait « atteint 11 % par an, par rapport à 1 % avant le début de la construction ». Cette manne va doubler le budget national de ce pays africain agricole et pastoral, qui tire l’essentiel de ses revenus de la culture du coton et dont la plupart des habitants vivent avec moins d’un dollar par jour.