Vie politique - « Il n’y a plus d’État », lance de Dimane l’ancien Premier ministre Vers un « Rassemblement de sauvetage » Karamé-Husseini-Hoss-Moawad-Harb(photo)

L’ancien chef du gouvernement, Omar Karamé, a révélé hier qu’il menait actuellement des concertations avec Sélim Hoss et Hussein Husseini, respectivement ex-Premier ministre et ancien président de la Chambre, ainsi qu’avec les députés Nayla Moawad et Boutros Harb, pour la formation d’un rassemblement politique qui se doterait d’un programme de sauvetage.
M. Karamé a fait cette annonce à l’issue d’un entretien avec le patriarche maronite, le cardinal Nasrallah Sfeir, au siège patriarcal d’été, à Dimane.
L’ancien chef du gouvernement était accompagné de Mme Moawad et de M. Harb qui ont tous deux confirmé les préparatifs pour la création prochaine de ce rassemblement. Les trois députés ont été retenus à déjeuner par le patriarche.
M. Karamé avait déjà évoqué lundi, lors d’un déjeuner en présence de Mme Moawad et du député du Akkar, Mikhael Daher, l’existence de concertations en vue de la formation d’un groupement d’opposition élargi, sans donner de précisions sur les personnalités appelées à y adhérer.
Recevant mercredi M. Hoss, M. Harb avait pour sa part indiqué que des efforts étaient actuellement déployés en vue de former un front d’opposition.
« Nous avons évoqué avec le patriarche ce qui constitue le principal souci des gens, à savoir la crise économique et la cherté de vie », a déclaré M. Karamé à la presse à l’issue de la rencontre d’hier, indiquant avoir également examiné avec Mgr Sfeir la situation dans la région et ses répercussions au Liban.
« Nous sommes tous préoccupés par les moyens d’assurer le sauvetage, mais nous constatons toujours que les mesures qui sont prises et les déclarations qui sont faites ici et là, selon lesquelles “les choses vont de l’avant dans ce pays”, sont en fait parfaitement éloignées de la réalité », a-t-il souligné.
« Nous ne pouvons plus nous suffire de déclarations et de théories. Il nous faut impérativement joindre nos efforts au niveau national pour assurer le salut », a-t-il ajouté. « Il ne s’agit plus d’un problème de partisans et d’opposants, mais d’une question nationale », a-t-il dit.
« Nous rêvions de l’État de droit et des institutions, et nous voici aujourd’hui sans État », a poursuivi M. Karamé, affirmant que le patriarche Sfeir, dont il a loué la « raison » et le « patriotisme », est « disposé à apporter son soutien moral à toute opération de réforme ».
Interrogé sur les moyens possibles pour résoudre la crise, il a répondu : « Je ne suis pas en mesure, dans ce contexte, de définir l’alternative, mais vous savez que nous nous concertons actuellement avec les députés Nayla Moawad et Boutros Harb ainsi qu’avec les présidents Hussein Husseini et Sélim Hoss pour mener une action politique réformatrice que nous annoncerons bientôt ».
Interrogée à son tour, Mme Moawad a confirmé les propos de l’ancien Premier ministre. « Nous nous apprêtons à annoncer bientôt la naissance d’un rassemblement », a-t-elle indiqué. « Nous n’agissons nullement dans un esprit confessionnel », a-t-elle ajouté.
Quant à M. Harb, il a déclaré : « Notre visite chez le patriarche a pour objectif d’abord d’exprimer notre souhait et notre détermination à mener une action politique et nationale commune dans le but de faire face à la crise économique, sociale et politique dont souffre le pays ».
« Le patriarche encourage et soutient une action nationale commune susceptible de dépasser les sensibilités ainsi que les appartenances communautaires », a poursuivi le député de Batroun.
« Certes, notre action est encore à ses débuts », a-t-il souligné, expliquant qu’il ne s’agira pas d’une simple « rencontre entre des personnalités politiques » mais d’un « rassemblement autour d’un projet d’action que nous nous engagerons à appliquer ».