CORRESPONDANCE Mille occasions de se mettre au vert(photo)

PARIS – de Mirèse AKAR

Du temps qu’il était le maître de la rue de Valois, Jack Lang avait lancé une vaste campagne intitulée « Visitez un jardin en France », et ses invités – dont les journalistes – revenaient de brefs voyages de découverte ayant engrangé quelques boutures, mais aussi les conseils éclairés de jardiniers dont l’un, je me souviens, tenait à établir, quoique à mi-voix, l’incontestable supériorité de ses pairs d’Outre-Manche. Mais d’humilité, d’autoflagellation, point trop n’en faut. Sinon pour se stimuler et chercher à faire encore mieux en France que dans le Kent.

Une dimension culturelle
Aujourd’hui, l’intitulé a changé, « Rendez-vous aux jardins » étant devenu le nouveau mot d’ordre, pas moins engageant et impératif que le précédent. À l’injonction de Jean-Jacques Aillagon qui souligne la dimension culturelle des parcs et jardins, éléments à part entière du patrimoine national, quelque 800 parmi eux, publics ou privés, secrets ou célèbres, ont accueilli les visiteurs au cours du dernier week-end de mai tandis qu’était annoncée la restauration de 110 laissés à l’abandon et la création, ex nihilo, de 60 autres.
C’est l’époque où l’on reçoit, dans son courrier, toute sorte de dossiers se rapportant, de près ou de loin, au sujet. Il suffit d’être attentif, de prendre le temps de les lire et de faire des recoupements quand il y a lieu. Ainsi, du Vaucluse qui, au XIXe siècle, fut le premier producteur de garance, cette plante qui donnait le rouge vif des pantalons de l’ancienne infanterie de ligne, nous parviennent des informations sur un jardin conservatoire de plantes à couleurs situé sur les terrasses du château de Lauris, au pied du Luberon. Un alchimiste des temps modernes y cultive justement la garance, mais aussi le pastel ou l’indigotier parmi beaucoup d’autres variétés tinctoriales et organise des ateliers d’initiation à la fabrication d’encres ou de pigments.
Autre type de courrier : celui du voyagiste Mondes et merveilles qui propose pas moins de 27 séjours sur le thème inépuisable des jardins : aussi bien en Vénétie ou en Sicile qu’à Madère, à Dresde et en Afrique du Sud. Comme quoi il n’y a pas que l’Angleterre pour nous dispenser des leçons dans ce domaine.

Jardinage urbain
Sans aucunement faire d’opportunisme, Christofle met à profit cette vague verte pour vanter le chic du jardinage urbain, et l’on se sent tout d’un coup très fier de ses plantes en pots et de ses bacs à fleurs. La vénérable maison, qui fait travailler sans relâche ses équipes de créateurs – deux collections par an –, vient de sortir un arrosoir en métal argenté qui fait avec autant d’aplomb que d’humour l’apologie de la verticale. Et, avec non moins d’humour, joue les Frégoli en se laissant détourner de sa vocation première pour devenir broc ou carafe pour jus de fruits. L’accompagnent deux timbales, elles aussi à multiples fonctions : sucriers, confituriers, pots à crayons, vases, cache-pots, selon votre fantaisie, et puis quoi encore ? L’inventaire n’est pas exhaustif. On l’aurait deviné : l’ensemble, qui sera présenté dans le cadre de l’Art du jardin, au domaine national de Saint-Cloud, s’intitule «Garden Party ».