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CORRESPONDANCE Fraises et cerises : le rouge est mis(PHOTOS)

Paris – De Mirèse AKAR

Chaque année, c’est la fraise espagnole qui se pointe la première, belle mine et prix relativement raisonnable. Mais elle n’a qu’à se bien tenir car, avec un décalage de quelques semaines, c’est la fraise française qui vient la supplanter sur les étals. Deux à trois fois plus chère et, en ces temps de folle flambée des prix, personne ne fait semblant de ne pas s’en apercevoir. Sans aller jusqu’à lui faire grise mine, on ne manque pas de s’en plaindre aux commerçants. « Mais c’est de la française ! » répondent-ils aussitôt. Et l’argument est sans réplique.

Du clientélisme
Les aurait-on oubliées qu’on se fait alors un devoir de remonter aux origines de ce fruit rouge, le plus apprécié des Français selon un récent sondage. C’est François Frézier, cartographe et officier de marine, qui avait rapporté en 1724 du Chili cinq pieds de « fragria chiloensis » qu’il acclimata dans son jardin de Plougastel.
La fraise a parcouru du chemin depuis, et celle de Carpentras, capitale du Contat-Venaissin où elle fut cultivée à partir de 1882, est même venue, au culot, faire du clientélisme à Paris en s’installant comme de plein droit dans les salons de la présidence du Sénat. La région produit chaque année pas moins de 4 200 tonnes de 4 variétés fameuses — l’agatha, la pajaro, la ciflorette et la gariguette, créée en 1976 et la plus médiatisée — dans des conditions d’ensoleillement et de maturation exceptionnelles, et elle entend le faire savoir.
Trois desserts à base de ce fruit se trouvaient inscrits ce jour-là au menu des restaurants du Sénat et de l’Assemblée nationale, cependant qu’une tonne entière en était servie en dégustation et qu’un certain nombre de personnalités — de Jacques Chirac à Johnny Hallyday en passant par Zinedine Zidane ou l’abbé Pierre, ainsi encouragé à commettre le péché de gourmandise – en recevaient chez elles un panier contenant aussi quelques produits dérivés.

Le cracher de noyaux
C’est maintenant au tour de la cerise, un peu plus tardive, de faire de l’épate : à Céret, petite ville des Pyrénées-Orientales qui organise en son honneur, pour la dixième année consécutive, quelque chose qui ressemble fort à un festival. Avec cortèges solennels accompagnés de groupes folkloriques, sardanes, ballets et bal catalan. Mais, surtout, avec deux concours particulièrement appréciés du public : ceux de cracher de noyaux et de rapidité au dénoyautage. Vient s’y ajouter un autre où se mesurent des cuisiniers improvisant des recettes à base de cerises. Il n’est jusqu’aux cafetiers qui ne prennent part à la fête en servant à leurs clients une bière à la cerise.
La Poste elle-même veille à sa promotion, garantissant qu’un colis de ce fruit fragile ne mettra pas plus d’un jour pour vous parvenir. Voire. Avec des mouvements de grève qui nous privent déjà de courrier d’un arrondissement à l’autre de Paris !
Paris – De Mirèse AKARChaque année, c’est la fraise espagnole qui se pointe la première, belle mine et prix relativement raisonnable. Mais elle n’a qu’à se bien tenir car, avec un décalage de quelques semaines, c’est la fraise française qui vient la supplanter sur les étals. Deux à trois fois plus chère et, en ces temps de folle flambée des prix, personne ne fait semblant de...