Un autre ministre proche du chef de l’État, Talal Arslane, a eu ce commentaire concernant la dernière réunion du cabinet : « Pour la première fois, je sens que le Conseil des ministres a joué son rôle en tant qu’organe exécutif dans le pays. » « En effet, tous les membres du gouvernement ont eu la possibilité d’exprimer leur point de vue en toute franchise », a-t-il dit. M. Arslane a toutefois déploré les problèmes suscités par l’embauche d’officiers pour le compte de la Sûreté générale. Selon lui, « cette affaire aurait dû être traitée sous l’angle technique et non politique, d’autant plus que la direction de la SG a prouvé sa compétence dans le domaine ». Talal Arslane a conclu en souhaitant que les prochaines réunions du Conseil des ministres soient à l’image de la réunion du mardi.
Il est évident que si la conjoncture gouvernementale actuelle est favorable au président de la République, c’est en raison notamment du soutien dont celui-ci bénéficie auprès des deux ténors de la scène politique, Nabih Berry et Walid Joumblatt. Mais il est difficile de ne pas rester sceptique quant à la bonne volonté des uns et des autres, dans la mesure où cette coalition risque fort d’être éphémère. De fait, rien de concret ne justifie cette solidarité, sauf peut-être la détermination syrienne à éviter tout conflit au sein du pouvoir libanais. D’où ce trait d’esprit de l’ancien ministre Joseph Hachem, qui a proposé de poster « un gendarme syrien à la porte du Conseil des ministres ». Selon lui, c’est la meilleure façon de créer une atmosphère paisible permettant de « discuter et d’approuver l’ordre du jour, sans qu’un ministre-martyr ne vienne provoquer une flambée lors de la réunion ». Une allusion claire et ironique au rival kataëb, Karim Pakradouni...
Quid à présent des ministres partisans de Rafic Hariri, ou encore, de ceux qui ne sont pas nécessairement acquis au président Lahoud ? Le ministre des Finances, Fouad Siniora, qui, il est vrai, n’avait pas été directement sollicité hier sur la question, a tout de même pratiquement occulté la réunion de mardi. Il a toutefois mis en garde contre un retard dans l’adoption du projet sur les expropriations en vue de la construction de nouvelles écoles.
La bouderie de Aridi
Quant au ministre de la Culture, Ghazi Ardi, au terme d’un entretien hier avec le chef de l’État, il s’est félicité du « climat de coopération et de coordination » qui s’est manifesté à cette occasion entre les deux présidents de la République et du Conseil. Il s’était pourtant absenté de la réunion de mardi. Selon des sources bien informées, il l’aurait même boudée en signe de protestation contre l’appui inconditionnel du leader de son bloc, Walid Joumblatt, au président Lahoud. M. Aridi aurait insisté en effet sur la « neutralité » que le PSP devrait observer dans le conflit opposant les chefs de l’État et du gouvernement.
Reste à signaler enfin la réaction positive de Abdel-Hadi Mahfouz, président du Conseil national de l’audiovisuel, quant à la décision du gouvernement de renconcer à prendre des mesures contre la chaîne NTV, contrairement aux vœux de M. Hariri. Il a affirmé que le Conseil des ministres a ainsi évité de tomber dans le piège des sanctions contre les médias.
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