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Actualités - CHRONOLOGIE

Climatologie Plusieurs incendies imputables à l'effet de foehn

En droite ligne de Munich, la voix cuivrée et virile des saxophones a superbement retenti sous les voûtes de l’Assembly Hall de l’AUB. Quatre jeunes musiciens inspirés et tout de noir vêtus (des «Men in Black» avec les lunettes noires en moins), réunis depuis 1995 par l’amour des partitions pour saxo (soprano, alto, tenor, bariton), ont offert aux mélomanes avertis un concert sortant des chemins battus et tranchant sur le ronron habituel du paysage musical libanais dont la rentrée s’annonce pour cette année du moins originale. Du classique au jazz en passant par le répertoire moderne des compositeurs contemporains (différemment connus et perçus du public), la fête est exclusivement aux saxos. Détenteurs en 1997 du premier prix de musique de chambre de Vérone, ces musiciens présentés par le Goethe Institut de Beyrouth sont Thomas Sälze (saxo soprano), Dieter Kraus (saxo alto), Guntram Bumiller (saxo tenor) et Stefan Eger (saxo bariton). Au menu des pages (la plupart arrangées pour saxo) de J. S. Bach, Philip Glass, Desendos, Nyman, Graham. Berstein, Reade, Piazzolla, Schauble, Mowe et Gershwin. Premières notes introduites en toute gaieté en une farandole-fanfare se frayant un passage parmi le public debout et les applaudissant déjà... Joli contact pour briser la glace. Ouverture en beauté avec le prélude et fugue BWV 857 de J. S. Bach où architecture raffinée et esprit de rigueur ont dominé une narration baroque alliant la piété chrétienne et l’humanisme de la Renaissance. Passage sans transition, si ce n’est la beauté cuivrée des sons, de l’époque du Kantor à celle bien contemporaine de Philip Glass, compositeur «minimaliste», dans un morceau intitulé Compagnie en quatre mouvements. Dans le même sillage, toujours en excellente compagnie, une pièce (un quartette dont on a écouté ici seulement le troisième mouvement : poco largo, mariseluto et allegro con fuoco) d’Alfred Desendos. Une chanson pour Tony de Michael Nyman (auteur de la musique du film The Piano) continuait sur cette lancée bien moderne où mélodie et rythmes explorent des sonorités inédites pour les battements de cœur d’une amitié profonde. Retour au «père de la musique», c’est-à-dire le Konzertmeister Bach avec une délicieuse «badinerie» débordante de vitalité, aux notes fuyantes comme du mercure et où la gaieté et la vivacité sont de rigueur. Pour terminer la première partie, un Best of West Side Story de Leonard Bernstein images sonores chaudes et sensuelles ressuscitant les amours contrariées et violentes de deux jeunes gens des quartiers pauvres d’une Amérique encore puritaine et intolérante. Images sonores somptueuses dominées par un film où brillent les yeux de braise de Nathalie Wood et la grace feline d’un Georges Chakiris. Maria, America et Tonight ont reveillé les démons d’anciens souvenirs. Après l’entracte, une belle toccata de Paul Reade suivie par le thème d’amour (admirablement transcript pour saxo) de Léonora de l’Argentin Astor Piazzolla. Musique d’atmosphère du génial enfant né à Mar del Plata et qu’on écoute ici dans la fièvre des souffles des saxos déchaînés. Hommage à Duke Ellington avec Nico Schäube né en Allemagne mais vivant en Australie où le «blues» a couleur éminemment ébène... Matin bien lumineux que celui de Mike Mower, compositeur britannique qui signe là une œuvre dédiée à nos jeunes musiciens ; œuvre prestement talonnée par une sélection de thèmes de «Porgy and Bess» de George Gersshwin. Partition célèbre et familière au public mais qu’on entend ici dans les déchirantes intonations des saxos d’une singulière éloquence. Ah ! surtout ce nostalgique, languide et torride Summer Time, véritable morceau d’anthologie même et surtout pour un saxo. Pour clôturer cette suite d’images sonores, retour une fois de plus à Astor Piazzolla avec trois pièces : Milonga picaresque, Oblivion, Libertango. Lumière des mélodies ensoleillées placées sous le signe syncopé du jazz, de la sensualité des rythmes des tangos et surtout de la liberté. Liberté d’aimer, de vivre, de rêver. Magie d’une musique incantatoire qu’on écoute avec ravissement et un grand soupir de satisfaction... Tonnerre d’applaudissements (et ce n’est guère là une figure de style) d’un public nombreux plus que conquis. Quatre roses rouges pour ces séduisants hommes en noir, trois bis généreusement honorés et toujours cet air de saxos dans la nuit. Pour cette belle jeunesse, pour tant de fougue, de talent et des saxos aussi puissants que des orgues qui tonnent, on doit bien convenir qu’il s’agit là d’une soirée heureuse.
En droite ligne de Munich, la voix cuivrée et virile des saxophones a superbement retenti sous les voûtes de l’Assembly Hall de l’AUB. Quatre jeunes musiciens inspirés et tout de noir vêtus (des «Men in Black» avec les lunettes noires en moins), réunis depuis 1995 par l’amour des partitions pour saxo (soprano, alto, tenor, bariton), ont offert aux mélomanes avertis un concert...