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Actualités - INTERVIEWS

F. el-Saad : une nouvelle politique se dessine avec Joumblatt

Comment expliquez-vous ce revirement qui vous a poussé à vous retrouver sur la liste que parraine M. Joumblatt ? «J’ai été le premier à commencer à œuvrer pour le retour des déplacés de la montagne, même en pleine guerre, j’ai été un des rares à ne pas avoir cru que le déplacement des chrétiens était irréversible. Et la décision du retour des villages du Harf s’est faite chez moi. Il y a eu ensuite un certain conflit avec M. Joumblatt, par rapport à la gestion des déplacés, un conflit qui s’est étendu à d’autres domaines et, en 1996, nous nous sommes retrouvés face à face avec lui aux élections législatives et nous avons perdu». Que s’est-il passé depuis ? «Maintenant, M. Joumblatt n’est plus ministre des Déplacés, et il est en train de hâter le processus de réconciliation. Dans certains villages, cela va aboutir. En politique, vous savez, il n’y a rien d’éternel, les positions évoluent avec les situations, et aujourd’hui la situation a changé : M. Joumblatt s’est considérablement ouvert sur Bkerké, et ça c’est très important». Et avec Pierre Hélou, auquel vous étiez uni, longtemps, dans un même combat ? «J’aurais préféré que l’on ne parle pas de cette triste histoire. Mais il faut que je réponde à une interview qu’il a accordée dernièrement à un hebdomadaire libanais. Aucun élément politique n’est intervenu dans notre séparation. Nous nous étions réunis, Pierre Hélou, Marwan Abou-Fadel et moi-même, et M. Hélou nous a dit qu’il souhaitait envisager seul les prochaines élections législatives. Il voulait rompre l’accord que nous avions tous les trois et jouer sa carte, indépendamment des deux autres. Nous avons dû, malgré nos divergences profondes à ce sujet, accepter le fait accompli. Il pensait qu’il n’y allait avoir qu’une seule liste, qu’il avait donc plus de chance de trouver une place s’il n’était pas embarrassé d’une alliance à trois. Et quelques mois plus tard, il s’est retrouvé avec M. Abou-Fadel sur le chemin de Khaldé, chemin que je ne voulais pas emprunter. D’ailleurs, on ne me l’a pas proposé». C’est donc par défaut que vous vous êtes retrouvé sur la liste de M. Joumblatt ? «Non. Parce que même si le chemin de Moukhtara m’avait été fermé, je n’aurais pas voulu d’une alliance avec l’émir Talal. Et ce n’est que depuis trois mois seulement qu’un accord est intervenu entre nous. Il semble qu’une nouvelle politique se dessine avec M. Joumblatt, qui s’est traduite par ce rapprochement Moukhtara-Bkerké pour lequel j’ai toujours œuvré et duquel je suis très satisfait. Dans tous les cas, avec M. Hélou, nous nous sommes quittés bons amis, nos rapports sont civilement très bons et je lui souhaite toute la chance possible. Simplement, politiquement, nous sommes dans deux camps opposés et chacun de nous est tenu d’appuyer l’équipe dont il fait partie». Deux mots sur l’actuel découpage électoral… «De tout temps, chaque gouvernement a commis des découpages et légiféré à sa convenance. Les élections de l’an 2000 n’échappent pas à la règle. À ce sujet, nous avions organisé une rencontre de concertations autour de l’évêque de Kornet Chehwan, Mgr Youssef Béchara, et qui a réuni plusieurs hommes politiques chrétiens avec des spécialistes de droit constitutionnel et de droit électoral. Nous avions prôné la petite circonscription, et le découpage 2000 est loin de nous avoir entièrement satisfaits. Il est relativement meilleur que ceux de 1992 et 1996, mais loin d’être équitable et uniforme : il répond aux besoins du gouvernement Hoss». Et la réconciliation nationale ? Par quel biais pourrait-on enfin y arriver ? «Il faut d’abord que les sièges chrétiens à la Chambre cessent d’être l’objet d’un partage ou d’une répartition par les leaders des autres communautés. Il ne faut plus que l’on impose aux chrétiens leurs députés. La représentation communautaire doit être réelle et pas fictive. Et je n’ai jamais cru qu’entre les Libanais, il y avait des conflits profonds pouvant aller jusqu’au conflit militaire que l’on a vécu. Ce qui a eu lieu est le résultat des politiques intérieures et de facteurs étrangers. Vous savez, c’est uniquement quand les hommes politiques font vibrer la fibre confessionnelle de chaque Libanais que celle-ci répond et vibre. Le peuple de lui-même est très loin de tout cela. Il suffit simplement que les hommes politiques arrêtent d’employer le levier confessionnel qui fait oublier aux électeurs toute la faiblesse de ceux qui les dirigent. Il est plus facile d’exciter les gens que de les satisfaire par une politique socio-économique sérieuse». Par rapport à la présence des soldats syriens au Liban, maintenant que la résolution 425 a été appliquée ? «Les soldats syriens, tôt ou tard, quitteront le Liban, ce sera en fonction de la situation interne du pays, de sa stabilité et du gouvernement, le jour où il se verra en mesure de prendre ses responsabilités. Personne ne souhaite la présence syrienne au Liban ad vitam aeternam». Et les rapports syro-libanais ? «Je me joins à MM. Joumblatt et Mikati, pour ne citer qu’eux, et réclamer une nouvelle conception des relations entre nos deux pays. Elles ne peuvent être que très étroites mais il faut qu’elles soient basées sur le respect mutuel et la souveraineté des deux pays». Quelles solutions pour la crise économique ? «Ce qui est sûr, c’est que le futur Parlement devra traiter en priorité la situation économique explosive du pays, qui est au bord de la banqueroute. Et c’est maintenant l’argent de la paix, que l’on nous a maintes fois promis, qui ne nous a jamais été donné, et qui se fait cruellement sentir. Réguler la récession est la priorité des priorités». Comment vous qualifierez-vous, M. el-Saad ? «Je suis un professionnel de la politique, j’ai la vocation de la chose publique et je prétends pouvoir la servir mieux que quiconque, sinon je me serais écarté. Si l’on se sent incapable de réaliser quelque chose en politique, alors il faut s’écarter».
Comment expliquez-vous ce revirement qui vous a poussé à vous retrouver sur la liste que parraine M. Joumblatt ? «J’ai été le premier à commencer à œuvrer pour le retour des déplacés de la montagne, même en pleine guerre, j’ai été un des rares à ne pas avoir cru que le déplacement des chrétiens était irréversible. Et la décision du retour des villages du Harf s’est faite...