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Actualités - ANALYSE

Affaire Gemayel - Un prélat soupçonne l'existence de causes électorales Les assurances des responsables jugées insuffisantes

Le président du Conseil, M. Sélim Hoss, affirme, au sujet de l’affaire Gemayel, que c’est une simple question de quiproquo, que rien n’empêche l’ancien président de la République de regagner le pays. Le président de la Chambre, M. Nabih Berry, proclame de son côté que tout citoyen a le droit de revenir au Liban. Le ministre de la Justice, M. Joseph Chaoul, souligne qu’il n’existe pas de dossiers judiciaires qu’une partie non identifiée pourrait brandir pour dissuader l’ancien chef de l’État de retourner. Prenant les responsables au mot, et mettant du même coup les points sur les i, un dignitaire religieux relève qu’en pratique, «ces déclarations ne suffisent pas. Il faut les concrétiser par des actes. Le chef du gouvernement doit ainsi prendre la peine d’entrer en contact avec M. Gemayel pour lui demander de revenir. M. Hoss doit de la sorte assumer la responsabilité de toute entrave à un tel retour. Il est temps qu’on cesse de tout mettre sur le dos de X, cette mystérieuse partie que tout le monde prétend ignorer. Il faut d’ailleurs à ce propos que le président du Conseil ouvre une enquête sérieuse sur les péripéties administratives de cette affaire. M. Hoss est requis par la loi d’identifier la source qui est entrée en contact avec notre ambassadeur à Paris, M. Raymond Baaklini, pour lui enjoindre d’aviser M. Gemayel qu’il n’est pas persona grata dans son pays. Bien entendu, M. Hoss est tenu de rendre publiques les révélations qu’il aura pu obtenir. Il n’est pas admissible que tout se termine en queue de poisson par quelques récriminations à la Chambre, comme si de rien n’était. Sauf, bien entendu, si l’on est prêt, dans les milieux officiels, à proclamer que la présente république n’a rien d’un État de droit». Ce qui rappelle un peu la boutade de Courteline : «En quel État j’erre ! », au sujet de l’étagère sur laquelle se remisent les scandales. Cette personnalité religieuse, qui ne veut donc pas qu’on classe l’affaire à la va-vite ou à la va-comme-je-te-pousse, souligne ensuite que «l’on parle de dossiers qui seraient exhumés en cas de retour de l’ancien chef de l’État. S’ils existent, qu’attend donc la justice, dont le seul devoir est d’appliquer la loi, pour les ouvrir ? Que les tribunaux rendent donc leurs jugements et qu’on en finisse avec cette épée de Damoclès brandie au-dessus de la tête d’un homme qui ne sait pas sur quel pied danser. L’intéressé et l’opinion ont le droit d’être fixés». Passant au plat de résistance, si l’on peut dire, cette personnalité religieuse s’attaque «au secret de polichinelle, colporté par certains, attribuant à la Syrie les mesures d’ostracisme qui frappent M. Gemayel. La preuve que ces insinuations ne sont pas exactes est apportée par l’invitation officielle syrienne adressée à l’ancien chef de l’État libanais afin qu’il participe aux cérémonies du quarantième pour le décès du président Hafez el-Assad. Il faut donc chercher la source de l’interdit ailleurs, probablement dans les cercles de certains tenants du pouvoir local. L’action entreprise se rapporte sans doute à des considérations électorales. Il n’est donc pas exclu qu’une fois les élections terminées, on apprenne que le retour de M. Gemayel bénéficie désormais d’un nihil obstat». Le prélat note ensuite que «le cas du général Michel Aoun n’est pas bien différent de celui du président Gemayel. Le pouvoir doit clairement proclamer devant l’opinion publique s’il autorise ou non le retour de l’ancien chef de gouvernement. S’il est mis en accusation et poursuivi en justice, que son procès s’ouvre donc in absentia. Il serait grand temps, dix ans après son éviction. Il faut, s’il y a des poursuites, qu’un jugement d’acquittement ou de condamnation soit rendu. On ne peut laisser des citoyens, des hommes dans l’incertitude de leur sort pour des motifs politiques. Cela n’est pas digne du Liban ni d’aucun État qui respecte les libertés et cultive la démocratie». La personnalité citée se montre par ailleurs «assez perplexe, finalement, devant la maladresse de l’appareil du pouvoir. En bonne logique, au lieu de se mettre dans une posture embarrassante, les autorités auraient dû, il y a longtemps déjà, prendre l’initiative de presser elles-mêmes le président Gemayel et le général Aoun de retourner. Pour participer aux élections, au niveau du vote ou à celui des candidatures, sans pouvoir exploiter sur le plan populaire leur statut de victimes d’une vindicte aveugle. Replongés dans le bain politique local, ils y auraient retrouvé leur véritable volume, sans être surdimensionnés, sans pouvoir se réclamer de l’aura des opprimés». «Du reste, s’exclame ce dignitaire religieux, pourquoi les courants Gemayel, Aoun et FL n’entreraient-ils pas à la Chambre et n’y auraient-ils pas quelques députés, comme le PSNS, le Hezbollah, le Baas, le PSP ou Amal ? Quel danger constituerait pour le Liban la présence de ces forces au Parlement et ne permettrait-elle pas l’ouverture d’un vrai dialogue interlibanais ?». Et de conclure en affirmant que «les déséquilibres intérieurs sont provoqués par ces barrières qui interdisent aux leaderships chrétiens d’exercer leur rôle comme le font les pôles mahométans. Ce n’est pas ainsi qu’on peut réaliser l’entente nationale».
Le président du Conseil, M. Sélim Hoss, affirme, au sujet de l’affaire Gemayel, que c’est une simple question de quiproquo, que rien n’empêche l’ancien président de la République de regagner le pays. Le président de la Chambre, M. Nabih Berry, proclame de son côté que tout citoyen a le droit de revenir au Liban. Le ministre de la Justice, M. Joseph Chaoul, souligne...