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Actualités - INTERVIEWS

Interview - L'ancien ministre français de l'Intérieur reçoit L'Orient Le Jour Pasqua : la maturité du Hezbollah est frappante

Cet homme est d’une étonnante constance malgré tout. Sa bonhomie, certes pas toujours commode. Sa maîtrise, parfaite, du sens de la communication. Sa capacité à toujours réagir comme si tout allait bien pour lui. Sa rapidité à dégainer, en France, les «non», plus vite que son ombre. Charles Pasqua nous a reçus, une demi-heure avant sa conférence de presse, dans sa chambre de l’hôtel « al-Bustan ». Nous avons d’abord demandé à M. Pasqua si le revirement que nous avons noté entre son discours de l’AIB et celui de Dimane, chez le patriarche Sfeir, était dû à ses entretiens avec l’ensemble des responsables libanais. «J’ai dit que les conditions de la paix ne sont pas réunies et elles ne le sont toujours pas : il n’y a pas de contact direct Liban-Syrie-Israël, les choses sont polarisées ailleurs. Par contre, les dirigeants libanais sont presque tous relativement optimistes : il n’y a plus de problèmes majeurs entre le Liban et Israël, et d’un autre côté, ce qui va faire bouger les choses, c’est l’arrivée d’un homme jeune à la tête de la Syrie». Son impact sur le Liban et l’atavisme en politique ? «L’impact sera très important, Bachar est un homme ouvert sur le monde, et l’atavisme politique existe naturellement, mais il y a la personnalité de chacun». «Bachar voudra moderniser son pays et cela n’aura lieu que s’il y a la paix». Dans quelle mesure cette modernisation implique-t-elle une refonte des rapports syro-libanais ? «Probablement…», nous dira-t-il. Et au sujet de l’application de la résolution 520 de l’Onu, Charles Pasqua répondra sans équivoque : «Les mêmes efforts qui ont été faits pour l’application de la 425 devront être fournis par les Libanais pour la 520». Quant au déploiement de l’armée dans la bande frontalière et l’éventuel renforcement du contingent français de la Finul, l’ancien locataire de la place Beauvau, considérant tout à fait normal que Paris attende la décision de Beyrouth, estime que «l’État a la volonté de résoudre ce problème». La volonté suffit-elle en politique ? «Sans doute manque-t-il de moyens, nous dira, tout sourire, M. Pasqua. Dans tous les cas, la maturité du Hezbollah est frappante». Et les négociations de Camp David ? «Je ne suis pas très optimiste, comment voulez-vous allier l’eau et le feu ? Le gros problème, c’est Jérusalem, le reste peut toujours se résoudre à coups de milliards de dollars…». Pense-t-il que l’acceptation de l’autre et le droit à la différence peuvent être la base de la paix au Proche-Orient ? «C’est indispensable, le Liban peut donner l’exemple, la coexistence est là, malgré tout, et la France doit s’inspirer de cela et s’investir davantage ici. Le général de Gaulle disait que “la France doit s’intéresser au PO et que le PO, ça passe par le Liban”». Cette présence peut-elle s’effectuer dans le cadre du projet EuroMed ? «Évidemment et il faut faire attention à ce que les pays du Sud ne soient pas les victimes de l’importance accrue accordée aux pays de l’Est par l’Europe». Sera-t-il à Beyrouth en 2001 pour le sommet de la francophonie ? «Oui, parce qu’il faut renforcer la création d’un espace de solidarité : il faut que la France fasse un peu plus preuve d’imagination». Justement, sur le plan de la politique intérieure française, nous avons interrogé Charles Pasqua sur le quinquennat, «j’aimerais bien de temps en temps pouvoir dire oui, mais là, c’est non, le quinquennat dénaturera complètement la nature de la fonction présidentielle». Et que reproche-t-il au juste au président Chirac au point de lui barrer la route en 2002 ? «Mon problème n’est pas de lui barrer la route ou pas, je considère qu’il n’a pas cessé de changer par rapport aux axes fondateurs du RPR, et lorsque je vois aujourd’hui les abandons de la souveraineté nationale, je suis contre. Et je le lui dis». A-t-il conservé des rapports avec les anciens preneurs d’otages, pendant la guerre, à l’époque où il était ministre de l’Intérieur ? «Avec les terroristes, certainement pas, avec nos intermédiaires, le Liban ou l’Iran ou les autres, nous avons gardé des relations amusantes, presque de la complicité, on se connaît bien, même si on s’est affrontés…». Charles Pasqua est décidément inénarrable…
Cet homme est d’une étonnante constance malgré tout. Sa bonhomie, certes pas toujours commode. Sa maîtrise, parfaite, du sens de la communication. Sa capacité à toujours réagir comme si tout allait bien pour lui. Sa rapidité à dégainer, en France, les «non», plus vite que son ombre. Charles Pasqua nous a reçus, une demi-heure avant sa conférence de presse, dans sa...