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Actualités - CHRONOLOGIE

Les anciens détenus racontent leur calvaire La prison de Khiam, un lieu de pèlerinage (photos)

La prison de Khiam est devenue un lieu de pèlerinage pour ses ex-pensionnaires et pour les habitants de la région, depuis que les Israéliens se sont retirés de la région et que les 145 derniers détenus ont été libérés à mains nues par la population. Sleiman Ramadan, son premier et dernier prisonnier, montre aux visiteurs la cellule où il a croupi pendant 15 ans. Blessé à la jambe à 18 ans dans une attaque anti-israélienne de la résistance laïque, il raconte ses 73 premiers jours de détention, étendu sur un brancard, son pied valide et ses mains enchaînés. Faute de soins, sa jambe gangrenée a été amputée et il marche aujourd’hui avec une prothèse posée à l’hôpital Rambam de Haïfa, au nord d’Israël. Dans les cellules, une insupportable odeur de moisi et d’urine prend à la gorge. Les geôliers, encerclés par la population, ont fui en laissant tout en l’état, y compris la salle de tortures, équipée d’un groupe électrogène à différents voltages. «Durant les interrogatoires, ils utilisaient des décharges électriques sur les phalanges, sur le lobe des oreilles et sur les seins», se souvient Ahlam Awada, 30 ans, qui a tenu à se faire photographier dans la cellule où elle a été détenue de 1989 à 1993. Ses deux sœurs ont subi le même sort. Selon le chef du Comité de défense des détenus libanais dans les prisons israéliennes, Mohammed Safa, lui-même un ex-détenu, 1 600 personnes, dont 25 femmes, sont passées par cette prison. Douze prisonniers sont morts en détention et deux autres après leur sortie, d’autres souffrent de maux divers, précise-t-il. Beaucoup d’anciens détenus souffrent de tension artérielle, de maladies de peau, d’ulcères à l’estomac, de rhumatismes, de baisse de la vue à cause des mauvais traitements, indique-t-il. Ses affirmations sont corroborées par les organisations internationales de droits de l’homme, notamment Amnesty International, qui a souvent dénoncé les tortures et les mauvais traitements à Khiam. Israël a constamment soutenu que cette prison, à l’origine une ancienne caserne de l’armée française construite dans les années 30, était gérée par l’Armée du Liban-Sud et ne relevait donc pas de sa responsabilité. Mais selon les témoignages d’ex-prisonniers qui étaient amenés les yeux bandés, des Israéliens, reconnaissables à leur accent, assistaient aux interrogatoires poussés sans se salir les mains, laissant ce soin aux geôliers libanais. La plupart des cellules, étroites, sans fenêtre, contenaient en moyenne 12 prisonniers, sans WC, à l’exception de la cellule des femmes. Pour la mise à l’isolement, les prisonniers étaient jetés au «poulailler», des blocs de 2 mètres sur 2 au plafond bas où le pensionnaire était obligé de rester accroupi. Les cellules entourent une sorte de cour au plafond grillagé, surnommée «salle de bronzage» par les prisonniers, qui y passaient à tour de rôle une vingtaine de minutes pour la promenade quotidienne et pour sécher leur linge. «Je suis venu pour montrer à ma famille ce que j’ai enduré. Je ne peux pas oublier ce cauchemar», affirme Ali Jamil Raad, 35 ans, interné de 1985 à 1994. Dans la cour, un homme se tient sur la pointe des pieds, accroché à un poteau, tandis qu’un autre simule des jets de seaux d’eau chaude et froide pour illustrer les mauvais traitements, devant une foule de visiteurs médusés. À partir de 1994, à la suite de campagnes de presse des organisations humanitaires, une aile supplémentaire, aux cellules moins rudimentaires, sera construite et le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) sera autorisé à effectuer des visites et à organiser des rencontres entre les détenus et leurs familles.
La prison de Khiam est devenue un lieu de pèlerinage pour ses ex-pensionnaires et pour les habitants de la région, depuis que les Israéliens se sont retirés de la région et que les 145 derniers détenus ont été libérés à mains nues par la population. Sleiman Ramadan, son premier et dernier prisonnier, montre aux visiteurs la cellule où il a croupi pendant 15 ans. Blessé à...