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Actualités - CHRONOLOGIE

L'Allemagne professe la décontraction face aux déboires de la monnaie unique

Le chancelier allemand Gerhard Schröder semble s’être autoproclamé chantre de la décontraction face à la débandade de l’euro sur les marchés des changes, afin de convaincre les investisseurs internationaux tout en rassurant chez lui une opinion traditionnellement attachée à une monnaie forte. Mercredi, sur la radio privée française Europe-1, il se disait «pas du tout préoccupé» par la chute de l’euro. La déconfiture de la monnaie unique européenne «ne constitue en soi pas un développement qui justifie que l’on monte sur les barricades», lâchait-il la veille sur la chaîne de télévision allemande RTL. Et de répéter que les marchés finiront par revenir à la raison et accorder à l’euro une valeur reflétant la santé, selon lui, «éclatante» de la conjoncture européenne. Et de souligner à l’envi les avantages de la faiblesse de l’euro pour les exportations allemandes, moteur de la croissance de la première économie de la zone. Comme pour lui donner raison, les derniers chiffres (provisoires) de la balance commerciale allemande pulvérisent tous les records : excédent de 6,2 milliards d’euros en mars (5,6 milliards de dollars), grâce à un montant d’exportations jamais vu depuis la création des statistiques en 1950 (52,8 milliards d’euros, soit un bond de 21,1 % en un an) face à des importations en progression de 22,5 % à 46,5 milliards d’euros. Les économistes ont beau faire valoir que la reprise économique mondiale, en Europe en particulier, et l’insolente croissance américaine jouent un plus grand rôle dans ces résultats que la dépréciation de l’euro face au dollar, Gerhard Schröder joue sur du velours. «La faiblesse de l’euro a sans conteste un effet positif sur les exportations, elle leur donne de l’élan», remarque Rolf Kroker, économiste à l’institut de recherche IW (Institut der deutschen Wirtschaft) de Cologne. En outre, le plus grand calme règne sur le front de l’inflation dans la zone euro, la flambée récente des prix du pétrole ayant été maîtrisée, ajoute M. Kroker. De quoi envisager pour l’instant «avec décontraction» la petite forme de l’euro, en dépit de la montée relative des prix à l’importation qu’elle entraîne, explique-t-il. Le chancelier social-démocrate romprait-il avec la tradition ininterrompue de monnaie forte de l’Allemagne de l’après-guerre? Au contraire, répond-on au gouvernement. Gerhard Schröder «dit que l’euro est une devise intrinsèquement forte et qu’il va se rétablir». «Il ne fait qu’exprimer sa confiance dans l’euro». D’habitude peu enclin à soutenir le chancelier, le quotidien populaire Bild, lu par dix millions d’Allemands, affirme lui aussi haut et fort que, «en dépit de sa faiblesse actuelle, l’euro reste une bonne monnaie». Pourtant, le 29 avril, un sondage Forsa montrait que 27 % des Allemands n’avaient «pas confiance» et 43 % une «confiance plutôt faible» dans la monnaie unique européenne. L’éditorialiste de Bild appelle à la sérénité : «Le problème de l’euro ne se résoudra pas à coups d’initiatives de soutien désordonnées». «L’Europe et son euro méritent une confiance à long terme». Car la confiance est la clef. Pour l’économiste de l’institut de Cologne, Gerhard Schröder fait bien de rappeler sans relâche que l’Allemagne s’est engagée dans l’assainissement budgétaire, doit adopter un paquet d’allégements fiscaux des ménages et des entreprises et s’est attaquée aux réformes du système d’assurance maladie et des retraites. La France et l’Italie devraient la rejoindre sur ce terrain et s’attacher à convaincre les marchés de leur engagement, ajoute M. Kroker. «Le problème, selon lui, est dans les grandes économies» de la zone euro.
Le chancelier allemand Gerhard Schröder semble s’être autoproclamé chantre de la décontraction face à la débandade de l’euro sur les marchés des changes, afin de convaincre les investisseurs internationaux tout en rassurant chez lui une opinion traditionnellement attachée à une monnaie forte. Mercredi, sur la radio privée française Europe-1, il se disait «pas du tout préoccupé»...