Voile - Transat en double Le jour se lève sur Fauconnier

Le jour ne s’était pas encore levé sur Saint-Barthelemy lorsque Sergio Tacchini Itineris, le voilier de Karine Fauconnier et Lionel Lemonchois, a franchi en vainqueur, hier à 4h50’38’’ (8h50’38’’ GMT), la ligne d’arrivée de la transat en double Lorient-St-Barthelemy après un peu plus de 27 jours de course. La lune et une dizaine d’embarcations ont accompagné les deux marins lors de leurs derniers bords. Aveuglés par les projecteurs de la télévision, ils ont procédé aux dernières manœuvres pour mener leur petit monocoque de 9,14 m à la victoire. Au moment du coup de canon, la jeune navigatrice a sauté au cou de son coéquipier. Malgré l’arrivée très matinale, une centaine de personnes se sont rendues dans le petit port de Gustavia pour venir accueillir les deux vainqueurs. «Je vais faire des photos de famille pour le papa», a déclaré, émue, la mère de Karine Fauconnier, Dany, en brandissant un petit appareil jetable. «De la lumière, du monde, c’est magique», a déclaré la nouvelle révélation féminine de la voile française, le sourire jusqu’aux oreilles en humant un petit bouquet de fleurs, cadeau d’un de ses nombreux amis. «L’arrivée est toujours un moment fort. La pleine lune, les copains qui nous attendaient à 20 milles de là et qui nous chantaient des chansons alors que nous avancions sous spi», a-t-elle poursuivi avant de sauter sur le quai. «J’ai le mal de terre et je mangerai bien quelque chose», a-t-elle encore ajouté. Même sourire radieux sur le visage de Lionel Lemonchois. «C’est un moment intense. Nous savourons l’arrivée après avoir savouré les derniers instants de la course et le plaisir d’être en mer», a-t-il commenté. «La petite a du talent. Elle est teigneuse. Si une femme peut gagner la Solitaire du Figaro, cela pourrait bien être elle. Je la sens bien», a déclaré le Normand. La voile comme un jeu «J’ai eu beaucoup de plaisir à naviguer avec Lionel. Il est très talentueux, serein et souvent de bonne humeur. Cela s’est super bien passé. J’espère repartir pour une transat avec lui, mais sur un bateau plus rapide. Pourquoi pas sur un multicoque à 18 nœuds de moyenne au lieu de 5», a enchaîné Fauconnier. «Nous avons réussi à ne pas nous mettre la pression, à garder du recul par rapport à la situation. Au début, nous avons pris cela à la rigolade. Tiens, nous sommes en tête. Tiens, nous sommes encore en tête, etc. C’est resté un grand jeu et nous avons eu du plaisir à le jouer», a-t-elle poursuivi. Sergio Tacchini Itineris est resté en tête de la flotte de cette cinquième transat en double Lorient-St-Barthelemy pendant 18 jours sur les 27 de course. Un parcours sans faute. Talonnés par Gildas Morvan et Bertrand de Broc sur Cercle Vert et Jérémie Beyou et Pascal Bidegorry sur Volkswagen Castrol, Fauconnier et Lemonchois ont réussi à prendre une avance confortable sur une dernière option météo payante. «Les deux autres, qui allaient plus vite que nous, se marquaient et n’ont pas réalisé qu’ils partaient dans le Nord. Nous en avons profité pour empanner et partir un peu plus Sud et c’est là que nous leur avons mis 15 milles. Le dernier tiers a été un peu la loterie. Disons qu’Eole a été avec nous à la fin», a conclu Lionel Lemonchois. C’est la première grande victoire pour ce Normand de 40 ans, qui avait déjà engrangé de nombreux milles. Quatrième de cette même transat Ag2r en 1992, il compte également trois Solitaires du Figaro, quatre Mini-transat, une Route de l’or avec Isabelle Autissier et une victoire l’an dernier dans la Fastnet à bord du monocoque de 60 pieds de Catherine Chabaud. Une première grande victoire également pour Karine Fauconnier, 28 ans, fille du vainqueur de la transat anglaise en solitaire en 1984, qui avait déjà suscité l’admiration de ses camarades de jeu masculins en terminant à la 7e place de la Solitaire du Figaro 1999.