Une statue de David Beckham dans un temple bouddhiste de Bangkok

L’idolâtrie du public thaïlandais pour David Beckham risque de dépasser les bornes depuis qu’une statuette du footballeur anglais orne un temple bouddhiste de Bangkok, s’inquiète l’administration locale des cultes. L’effigie de l’idole de Manchester United a été sculptée au pied d’une statue du Bouddha, place habituellement réservée aux divinités mineures. Façonnée par un supporteur du club le plus riche du monde, la figurine recouverte de feuille d’or, haute de 30 centimètres et assez peu ressemblante, est un symbole de réussite et de prospérité à l’échelle de la planète. Mais elle n’est pas tellement du goût du Département des affaires religieuses : «Il n’est guère convenable de créer des styles différents de la représentation du Bouddha parce qu’il s’agit là de la chose la plus sacrée pour les Thaïlandais, et de la religion nationale», a expliqué à l’AFP le directeur général adjoint du département, Suthipong Tantayapisarnsuth. M. Suthipong a l’intention de dépêcher des fonctionnaires de son administration pour examiner le piédestal du Bouddha et décider s’il est sacrilège ou non. Toutefois, le haut fonctionnaire a concédé qu’il n’existait pas de «règles absolues concernant les piédestaux... aussi longtemps qu’ils ne représentent pas des femmes». Le football anglais, et en particulier son club-phare des années 90, Manchester United, sont extrêmement populaires en Thaïlande, omniprésents à la télévision. Véritable poule aux œufs d’or, il donne lieu à une industrie très lucrative de paris (interdits) et de marchandisage. Chaque centre commercial de Bangkok abrite sa boutique spécialisée de souvenirs (maillots, vidéos, posters, etc.) consacrés quasi exclusivement au foot anglais. Paradoxalement, alors qu’il est à la mode en Occident, le bouddhisme traverse une grave crise d’identité en Thaïlande, due notamment à des scandales d’argent et à un déclin des principes d’ascétisme et de pauvreté.