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Actualités - REPORTAGES

Le courant ne passe plus entre les Etats-Unis et l'Europe

La multiplication des sujets de discorde entre les États-Unis et l’Europe, du bouclier antimissile aux OGM, ajoutée à l’insuffisance des investissements militaires de l’Union européenne risquent de saper durablement la cohésion de l’Otan, estime l’IISS. «Ces signes d’érosion de la solidarité transatlantique pourraient avoir de lourdes conséquences pour la capacité de l’alliance à fonctionner en tant que structure de coopération», relève l’Institut international d’études stratégiques dans son rapport annuel. Le système américain très controversé de défense antimissile (NMD), visant des états comme la Corée du Nord, est venu enfoncer un nouveau coin dans des relations transatlantiques. La plupart des pays européens – Grande-Bretagne mise à part – y voient une manifestation d’isolationnisme qui risque de relancer la course aux armements, Moscou refusant de modifier le traité ABM sur les armes antibalistiques signé en 1972 qui interdit un tel déploiement. «Les États-Unis n’ont guère réussi à convaincre les critiques européens que le projet est nécessaire, sensé et utile», constate l’institut. En retour, les avancées de la politique européenne commune de sécurité et de défense, avec l’annonce de la création d’ici à 2003 d’une force de réaction rapide composée de 50 à 60 000 hommes, ont contribué à raidir Washington. «Les États-Unis sont profondément préoccupés» par ces développements, relève l’IISS. Ils redoutent de voir «l’identité» européenne de défense dupliquer à terme les structures déjà existantes de l’Otan, en affaiblissant la capacité opérationnelle globale de l’Alliance. Les nouvelles velléités européennes en matière de défense souffrent en outre, aux yeux de l’IISS, d’un manque patent de crédibilité compte tenu du fossé militaire croissant entre l’UE et les États-Unis. Le conflit du Kosovo a mis cruellement en lumière «les disparités en termes de capacité entre pays membres de l’Otan», souligne l’IISS. Les dépenses de défense des pays européens de l’Otan n’ont atteint en 1999 que la moitié de celles des États-Unis, et seulement un quart des investissements dans le secteur de la recherche-développement militaire. «Combler cet écart exigera beaucoup d’efforts, de détermination et d’argent. Dans la mesure où ces choses semblent manquer à l’heure actuelle, le fossé menace davantage de s’agrandir que de se réduire», analyse l’IISS. Ces dissensions s’ajoutent, hors la sphère militaire, à plusieurs conflits économiques: ceux menés via l’OMC sur la banane, le bœuf aux hormones ou la fiscalité, mais aussi plus récemment les divergences au sujet des produits transgéniques, qui suscitent une opposition croissante des opinions publiques européennes. «Si des efforts ne sont pas entrepris pour mettre fin aux dégâts en cours, l’Alliance va perdre sa capacité à agir de concert», prévient l’IISS.
La multiplication des sujets de discorde entre les États-Unis et l’Europe, du bouclier antimissile aux OGM, ajoutée à l’insuffisance des investissements militaires de l’Union européenne risquent de saper durablement la cohésion de l’Otan, estime l’IISS. «Ces signes d’érosion de la solidarité transatlantique pourraient avoir de lourdes conséquences pour la capacité de...