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Actualités - OPINION

Dégradation

La dégradation politique à laquelle nous assistons est le reflet d’une dégradation culturelle. Nous nous sommes donné une journée pour ne pas oublier. Ne pas oublier quoi ? Que nous sommes des sauvages ? Mais l’avons-nous seulement admis ? Tout le monde ne continue-t-il pas à croire qu’il était dans son bon droit ? Armes non comprises, ne sommes-nous pas au même point qu’en 1975 ? Ne pas oublier quoi ? Que personne n’a le droit de dicter sa volonté aux autres ? Mais c’est déjà fait. Que nul ne peut prétendre à l’infaillibilité politique ? C’est fait. Que nous devons préférer nos compatriotes à toutes autres solidarités ? Que nous devons nourrir tout ce qui renforce notre volonté de vivre en commun ? Que le Liban vit de modération et meurt d’extrémisme ? Que cette société est composée de communautés aux sensibilités différentes et que nous devons, par des prévenances réciproques, éviter tout ce qui cabre les autres ? Que ce pluralisme est précieux et que notre liberté finit là où commence celle de l’autre ? Ne pas oublier quoi ? * * * Un ambassadeur américain itinérant pour la liberté religieuse se trouvait chez nous voici quelques jours. Il fait bon savoir que les États-Unis considèrent que le modèle de pluralisme religieux au Liban est précieux et mérite d’être défendu, protégé, encouragé. Bon de savoir que les États-Unis sont intéressés à autre chose qu’à leur sécurité nationale et leur prospérité économique. Il faut espérer que ces priorités seront conciliables avec le Liban, modèle de pluralisme, et ne le contrediront pas. Notre existence, notre indépendance, sont en jeu. Quand l’intérêt économique ou la sécurité nationale américaine sont en jeu, le respect de la démocratie, celui de la liberté des peuples, ou la liberté religieuse pèsent vraiment de très peu de poids. Songez à ces pays où même le signe de la croix est interdit, ou le mot «évangile» dérange. La modération, comme la mesure, est une valeur de civilisation. Le Liban sera le pays de la mesure, où il ne sera pas.
La dégradation politique à laquelle nous assistons est le reflet d’une dégradation culturelle. Nous nous sommes donné une journée pour ne pas oublier. Ne pas oublier quoi ? Que nous sommes des sauvages ? Mais l’avons-nous seulement admis ? Tout le monde ne continue-t-il pas à croire qu’il était dans son bon droit ? Armes non comprises, ne sommes-nous pas au même point...