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Actualités - REPORTAGES

La sagesse de Raffi

Il a 22 ans, Raffi, et va bientôt achever sa maîtrise de droit, et il est lucide, et entier, avec lui c’est direct au but, «la Turquie doit reconnaître le premier génocide du XXe siècle, restituer les terres qu’elle occupe, payer des dommages et intérêts», affirme-t-il d’une traite. «Le ministère de la Défense turc a ouvert sur Internet un site tout ce qu’il y a de plus officiel, sur lequel il travaille à fausser toutes les informations, toutes nos revendications sont refusées, ils ont érigé le révisionnisme et le négationnisme comme seule règle de dialogue». Un des rares points communs que Raffi partage avec Élisa, c’est cette double appartenance, «je suis libanais et arménien, arménien et libanais», répète-t-il à l’envie. Sauf que là où ça commence à diverger avec Élisa, c’est lorsque Raffi considère que «la priorité des priorités», c’est remettre l’Arménie sur pieds, c’est commencer par la (re)bâtir, «bâtir la petite Arménie, la nouvelle république, précise-t-il, pour pouvoir réaliser, après, la grande, et c’est une fois que nous serons forts que nous pourrons prétendre à quelque chose, nous occuper de la reconnaissance du génocide». Quant aux raisons de ce génocide, et contrairement à Élisa, Raffi considère que c’est uniquement une question de religion, que le principal moteur des massacres de 1915, «c’est le panislamisme turc, ils voulaient réunir tous ceux de la même race, et l’Arménie, au milieu, elle gênait, alors ils ont tué…» Il lutte aussi contre toutes les injustices, Raffi, il est de tous les combats lorsqu’il s’en prend, par exemple, à Staline, «en dessinant un trait sur la carte, il a fait des 90% d’Arméniens chrétiens du Nagorny-Karabakh, une minorité noyée dans une république islamique». Par contre, dès qu’il s’agit de rendre hommage aux associations culturelles ou sportives, dès qu’il s’agit de défendre les traditions et les constantes de sa civilisation, Raffi est totalement synchrone avec Élisa. Et son credo, son leitmotiv, c’est, parallèlement à cette sauvegarde des spécificités de sa communauté, un mot, «une nécessité» : l’intégration. «Je trouve aberrant qu’il existe encore des Arméniens qui ne maîtrisent pas parfaitement la langue arabe», lance-t-il. «Nous avons toujours eu peur de nous dissoudre, voilà pourquoi nous nous sommes “ghettoisés” et ça, ce n’est pas bien, je suis contre les ghettos, ce n’est pas eux qui garantiront notre arménité, qui nous empêcheront de nous dissoudre ; ce qui nous empêchera de nous dissoudre, d’oublier, c’est l’éducation que l’on reçoit, tous les jours, de nos parents». Cette lucidité dont fait montre Raffi ne peut, ne doit absolument pas se limiter à une (sa) seule confession : gageons que si chaque jeune Libanais suivait cet heureux exemple, cet appel à toutes les intégrations, bon nombre de problèmes seraient résolus.
Il a 22 ans, Raffi, et va bientôt achever sa maîtrise de droit, et il est lucide, et entier, avec lui c’est direct au but, «la Turquie doit reconnaître le premier génocide du XXe siècle, restituer les terres qu’elle occupe, payer des dommages et intérêts», affirme-t-il d’une traite. «Le ministère de la Défense turc a ouvert sur Internet un site tout ce qu’il y a de...