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Actualités - COMMUNIQUES ET DECLARATIONS

Liban-Sud - Durcissement de la position libanaise avant le Conseil de la Ligue arabe Le retrait unilatéral ne règle qu'une partie du problème, souligne Lahoud

Le président de la République, le général Émile Lahoud, a défini hier la position officielle du Liban au sujet du retrait programmé d’Israël du Liban-Sud d’ici à juillet prochain, en affirmant en substance qu’en l’absence de paix globale entre l’État hébreu d’une part, la Syrie et le Liban de l’autre, les autorités libanaises ne sauraient en aucun cas garantir la sécurité de la frontière libano-israélienne, même après la fin de l’occupation militaire au Liban-Sud et dans la Békaa-Ouest. Le général Lahoud se basait dans sa déclaration, distribuée par le palais de Baabda, sur l’éventualité d’un retrait unilatéral des troupes israéliennes, retenue comme l’une des deux options possibles par le gouvernement israélien, l’autre consistant à se retirer après un accord avec Damas et Beyrouth. Le chef de l’État a laissé entendre que dans un tel cas, la présence armée palestinienne au Liban pourrait à nouveau constituer un facteur d’instabilité dans la région frontalière et qu’en l’absence d’un règlement de la question des réfugiés palestiniens, le Liban n’était pas disposé à entrer en conflit avec ces derniers afin de satisfaire les besoins de sécurité d’Israël. Pour lui, seules des «réponses claires» d’Israël sur un retrait total du Liban-Sud, de la Békaa-Ouest, mais aussi du Golan syrien, ainsi que sur une solution définitive du problème des réfugiés, permettront au Liban et à la Syrie d’examiner les revendications israéliennes. La position présidentielle, qui marque un durcissement trois jours avant la réunion samedi à Beyrouth des ministres arabes des Affaires étrangères, censée exprimer le soutien des Arabes au Liban, rompt définitivement avec la politique suivie depuis plus de deux décennies par les régimes libanais successifs, à savoir la séparation totale entre la résolution 425 du Conseil de sécurité des Nations unies et les autres textes de cette instance se rapportant au conflit arabo-israélien. C’est en se posant en défenseurs de cette séparation entre le problème du Liban-Sud et le contentieux global que de nombreux hommes politiques libanais, parmi lesquels Nabih Berry, qui a depuis accédé à la présidence de la Chambre, s’étaient vainement opposés en 1991 à l’entrée du Liban dans le processus de Madrid. Quant à l’ancien président de la République Élias Hraoui, il a affirmé à plusieurs reprises durant son mandat qu’aucun tir ne serait dirigé contre Israël après le retrait du dernier soldat israélien du Liban-Sud. « Une grande défaite israélienne » Le général Lahoud a commencé par estimer que «tout retrait israélien du Liban-Sud et de la Békaa-Ouest, sous l’effet des coups portés par la Résistance et la ferme détermination libano-syrienne, devra être considéré comme une victoire certaine pour le Liban et la Syrie et une grande défaite militaire et politique pour Israël». Selon lui, l’État hébreu «tente de tromper son opinion publique en lui faisant croire que ce retrait unilatéral est un moyen de se mettre à l’abri, alors qu’en réalité il s’agit d’un moyen de ne pas faire la paix». «Le retrait israélien réglerait un aspect fondamental du problème, mais il laisserait en l’état l’autre aspect qui n’est pas moins important à nos yeux. Il s’agit de la question des réfugiés palestiniens et de leur droit au retour dans leur patrie, d’où ils avaient été chassés par Israël par vagues successives en 1948 et en 1967», a poursuivi M. Lahoud. «Le règlement de ce problème est avant tout une responsabilité israélienne, car de même que la Résistance est la conséquence de l’occupation, (la présence au Liban) des réfugiés (palestiniens) est la conséquence de leur expulsion», a-t-il souligné. «Voilà pourquoi les allusions d’Israël à propos de garanties de sécurité pour l’après-retrait, de même que ses menaces au cas où ces garanties ne lui seraient pas fournies, sont totalement inacceptables. Accepter de donner ces garanties signifierait automatiquement pour le Liban qu’il accepte l’implantation (des Palestiniens) sur son sol», a-t-il dit. «En termes plus clairs, qu’est-ce qui inciterait Israël à se soucier du règlement de ce problème si nous garantissons nous-mêmes la sécurité de ses frontières après un retrait réalisé hors du cadre d’un accord de paix juste et globale ?» s’est-il interrogé. D’autre part, a-t-il poursuivi, «comment pourrions-nous garantir (la sécurité de) ces frontières alors même que dans les camps palestiniens se touvent des dizaines de milliers de réfugiés en armes qui réclament le droit au retour et ne reçoivent aucune réponse à leurs interrogations sur leur avenir ?» «Le Liban n’est pas disposé, pour servir la cause de la sécurité d’Israël, à entrer dans une nouvelle guerre des camps. Il n’est pas prêt non plus à de petites guerres quotidiennes à ses frontières dans le but de protéger Israël, pas plus qu’il n’est disposé à retourner à l’ambiance qui prévalait dans les années soixante-dix rien que pour rassurer l’État hébreu», a dit le chef de l’État. «En résumé, le Liban refuse d’assurer le repos d’Israël en remplissant le rôle que l’État hébreu s’est révélé incapable de tenir depuis l’invasion de 1982 et jusqu’à son retrait programmé», a-t-il insisté. «En revanche, a affirmé M. Lahoud, le Liban est prêt, tout comme la Syrie, à une paix juste et globale qui fournirait les réponses et les garanties opportunes aux revendications fondamentales de chacun des protagonistes. En ce qui nous concerne, la Syrie et nous, nos demandes se résument à des réponses israéliennes claires au sujet du retrait total du Liban-Sud, de la Békaa-Ouest et du Golan, ainsi que sur la question des réfugiés palestiniens et de leur droit au retour. C’est seulement à ce moment-là que nous serions disposés à examiner les revendications de l’autre partie, y compris la sécurité et d’autres questions encore», a-t-il conclu.
Le président de la République, le général Émile Lahoud, a défini hier la position officielle du Liban au sujet du retrait programmé d’Israël du Liban-Sud d’ici à juillet prochain, en affirmant en substance qu’en l’absence de paix globale entre l’État hébreu d’une part, la Syrie et le Liban de l’autre, les autorités libanaises ne sauraient en aucun cas garantir...