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Actualités - CHRONOLOGIE

Japon Croulant sous les dettes, l'Etat nippon se tourne vers les banques

L’État japonais, qui a accumulé une énorme dette au cours des 10 dernières années en tentant de relancer l’économie, a décidé de manière insolite de se tourner vers les banques privées plutôt que recourir à de nouvelles émissions obligataires. «Nous prévoyons d’emprunter 8 000 milliards de yens (76,9 milliards d’euros, 75 mds USD) auprès de banques privées locales pour l’exercice fiscal 2000 (débutant en avril)», a indiqué un responsable de la division budgétaire du ministère des Finances. Les autorités redoutent un trou dans les caisses de l’État parce qu’elles prévoient des retraits massifs de la part des particuliers ayant placé leurs économies dans le système des fonds postaux qui héberge au total 259 000 milliards de yens. Cette épargne, le plus important volume au monde, est gérée par le Trust Fund Bureau du ministère des Finances, mais la politique de taux faibles de la Banque du Japon, destinée à stimuler la reprise de l’économie, a fait radicalement chuter les taux des fonds postaux à 0,2 % en moyenne en ce moment. Les épargnants japonais sont de plus en plus nombreux à se délester de leurs placements postaux pour des investissements plus lucratifs, notamment en Bourse. «La situation du Trust Fund Bureau est grave», a estimé M. Tsugue. Selon Miyoka Taniguchi, analyste pour Warburg Dillon Read à Tokyo, 222 milliards de yens ont quitté le système postal au mois de janvier. «Au cours des deux prochaines années, quelque 106 000 milliards de yens de comptes postaux (dépôts à terme) arriveront à maturité», a noté un responsable du ministère des Postes et Télécommunications. «Sur ces 106 000 milliards, nous prévoyons que 30 000 milliards seront retirés définitivement», a-t-il ajouté. Le gouvernement est d’autant plus préoccupé que le Trust Fund Bureau finance en grande partie à travers le Programme de prêts et investissements budgétaires (appelé souvent deuxième budget) les gouvernements régionaux de l’archipel qui croulent pour la plupart sous les dettes. Or la crise économique qui dure depuis près de 10 ans s’est traduite par une chute des rentrées fiscales de l’État japonais qui l’a obligé à ponctionner de plus en plus sur le marché obligataire. Le budget pour le prochain exercice (avril 2000-mars 2001) de nouveau en expansion sera financé par un record d’émissions obligataires, représentant 38,4 % du total. Ce n’est pas la première fois que le gouvernement se tourne vers les banques puisqu’il l’avait fait il y a trois ans pour emprunter une somme non précisée, destinée à la maintenance des forêts. Le ministère des Finances a confirmé cependant que les autorités y ont rarement recours. «C’est une décision rare mais nous avons fait ce choix parce que nous ne voulons plus émettre d’obligations gouvernementales», a précisé M. Tsugue. «Cette décision est un choix naturel poour le gouvernement compte tenu de sa terrible situation financière», a commenté Hidehiko Fujii, économiste sénior au Japan Research Institute. L’énorme budget de 84 990 milliards en cours d’examen au Parlement fera monter la dette japonaise à 132,9 % du PIB d’ici à la fin de l’exercice et le déficit sur l’année atteindra 9,4 % du PIB, ce qui fera du Japon la lanterne rouge de l’OCDE. Les analystes ont relativisé la décision des autorités, soulignant que cela permettra surtout de diversifier les moyens de financement. «En empruntant de l’argent aux institutions privées, le gouvernement étend ses sources de financement qui vont des comptes postaux aux obligations gouvernementales à court et long terme, afin d’opérer plus en douceur», a estimé M. Fujii. Peter Morgan, économiste en chef chez HSBC Securities, a rejeté l’idée selon laquelle cette décision reviendrait à monétiser la dette nippone, en faisant tourner la planche à billets. «Seule la Banque du Japon peut accomplir le miracle de la monétisation», a estimé M. Morgan. «Les banques japonaises sont déjà les plus grandes créancières pour la dette du gouvernement japonais et il n’y a pas beaucoup de différences entre prêter (au gouvernement) en allouant des fonds ou en achetant des obligations gouvernementales», a-t-il fait remarquer.
L’État japonais, qui a accumulé une énorme dette au cours des 10 dernières années en tentant de relancer l’économie, a décidé de manière insolite de se tourner vers les banques privées plutôt que recourir à de nouvelles émissions obligataires. «Nous prévoyons d’emprunter 8 000 milliards de yens (76,9 milliards d’euros, 75 mds USD) auprès de banques privées...