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Actualités - ANALYSE

Vie politique - Le thème de l'abolition ouvre toutes les vannes L'opposition se déchaîne comme jamais contre le cabinet

Une comparaison facile mais de circonstance : tout comme les corps érigés attirent la foudre, la mise en relief de sa doctrine abolitionniste – en matière de confessionnalisme – vaut à M. Sélim Hoss une avalanche de boulets rouges allègrement tirés par l’opposition, M. Walid Joumblatt en tête. Si le président du Conseil est plus ou moins préservé, comme leader beyrouthin, par son prestige personnel ainsi que par le soutien de Baabda, par contre le gouvernement en tant que tel, formé de techniciens, se trouve secoué comme un cocotier par les intempéries politiques, à cause de sa faiblesse congénitale dans ce domaine. On sait en effet que ses détracteurs, un moment calmés durant les deux mois précédents par les décideurs, réclament de nouveau avec force le départ des 16. Une campagne qu’explique très largement l’approche des élections législatives. En effet, les rivaux de M. Hoss et leurs alliés n’ont évidemment aucun intérêt à ce qu’il reste en place pour gérer cette échéance. Dans ces conditions, un modéré observe que «M. Hoss, qui a entamé sa carrière publique en temps de guerre, c’est-à-dire dans des circonstances tout à fait extraordinaires, reste un peu inexpérimenté en matière de politique traditionnelle. Il ne semble pas avoir perçu l’inopportunité de soulever, en pleine période d’échauffement pour la bataille des législatives, un sujet aussi détonant, aussi facilement exploitable sous tous les angles, que le confessionnalisme politique. L’effet boomerang de ses déclarations abolitionnistes, même s’il y met désormais des nuances en parlant plutôt de «dépassement », n’a pas tardé à se faire sentir. Aucun maestro en technique électorale n’ignore que dans un tel compartiment, la sincérité, l’idéalisme ne sont pas payants. M. Hoss développe certes une thèse on ne peut plus rationnelle. Mais en ces temps de compétition, ce n’est pas de grands concepts qu’il faut entretenir une population qui, accablée par la crise socio-économique, a bien d’autres soucis en tête. À moins, bien entendu, qu’on ne souhaite pas se gagner l’électorat». L’attitude de M. Hoss est donc considérée grosso modo comme déphasée. «Surtout, reprend la même personnalité, qu’elle vient paradoxalement renforcer les désagréables retombées à coloration confessionnaliste des événements de Denniyé. En effet quand une virago pousse des hurlements, si on lui lance “Ne crie pas”, elle va s’époumoner encore plus. En d’autres termes, en insistant sur la question du confessionnalisme pour la réprouver, le chef du gouvernement met en saillie, en valeur, cet élément dangereux. En s’adressant aux Libanais, il aurait bien mieux fait de se focaliser entièrement sur la question plus immédiate et moins discutable de la sécurité nationale. Il aurait été mieux compris et n’aurait pas prêté le flanc aussi facilement aux flèches que l’opposition lui décoche». Le fait est que les contempteurs du gouvernement lui ont reproché sa passivité dans les événements de Denniyé, sur le double plan informationnel et politique, en l’accusant d’avoir laissé la responsabilité de tout à l’armée. C’est-à-dire de s’être abrité pour ainsi dire derrière cette institution qui a payé le prix fort sans trouver auprès du pouvoir civil la couverture requise. Bien sûr, M. Hoss a tenté de réfuter ces arguments et de soutenir que le gouvernement n’a nullement failli à sa mission. Mais ses multiples protestations à ce propos ne semblent pas avoir beaucoup convaincu l’opinion. L’opposition s’est donc fait un plaisir de mettre le doigt sur la plaie et d’y retourner le couteau, en soulignant ces failles. Avec d’autant plus d’efficience que «pour couronner le tout, enchaîne la source citée, M. Hoss a stupéfié le public en lui parlant de tout autre chose que de la situation véritable et en développant à son enseigne de grandes théories laïcisantes. Il a fait ainsi le jeu de ses adversaires qui l’ont accusé non seulement d’être hors du coup mais aussi de se lancer dans une fuite éperdue en avant pour éviter le vrai débat. Avec sans doute une bonne dose de mauvaise foi, mais en politique c’est de bonne guerre, les opposants affirment que M. Hoss au lieu d’assumer en homme d’État ses responsabilités de gouvernant, n’est obsédé que par sa rivalité avec M. Rafic Hariri, n’agit et ne réagit qu’en fonction de cette inimitié qui n’a aucun intérêt pour les Libanais. Une critique qui s’inscrit d’ailleurs tout à fait dans le même cadre d’hostilité, mais qui porte ses fruits, dans la mesure où M. Hariri pour sa part n’est pas à la barre. Et ne doit pas faire bien attention à tout ce qu’il dit en public» Mais toutes ces péripéties relève pour sa part un vieux loup de mer «n’ont aucune importance en pratique. Affaibli ou pas, le Cabinet reste en place puisque les décideurs le veulent. Et d’ici les élections, bien d’autres polémiques prendront cours. On a ainsi bien vite oublié, par exemple, la campagne orchestrée au sujet de la «dérobade» de M. Hoss en ce qui concerne la direction des éventuelles négociations avec Israël…» En somme, rira bien qui rira le dernier. Le jour des élections.
Une comparaison facile mais de circonstance : tout comme les corps érigés attirent la foudre, la mise en relief de sa doctrine abolitionniste – en matière de confessionnalisme – vaut à M. Sélim Hoss une avalanche de boulets rouges allègrement tirés par l’opposition, M. Walid Joumblatt en tête. Si le président du Conseil est plus ou moins préservé, comme leader...