Autant en emporte le temps

 Chaud, chaud, le temps. Les temps aussi. Et comment peut-on prendre autant de temps quand il en va ainsi. C’est vrai : l’article 53 C (Constitution) qui règle, tout à fait sommairement du reste, la procédure d’un changement de Cabinet ne fixe de délai à aucun stade. Mais qui dit pas de délai dit sans délai. D’autant que l’article précédent, le 52, précise que « le président de la République négocie et ratifie les traités en accord avec le président du Conseil». Et d’ajouter même que « les traités ne sont ratifiés qu’après l’approbation du Conseil des ministres». À la lumière crue de ce texte, on observe qu’un chef de gouvernement démissionnaire, ministre des Affaires étrangères de surcroît, ne peut assister à un sommet qu’en observateur. Les résolutions potentielles de la conférence du Caire ne doivent en effet engager le Liban qu’après la mise en place d’un Conseil des ministres dûment investi des pouvoirs de l’Exécutif. Dans l’esprit de la Constitution, il eût donc mieux valu que le chef de l’État se fasse accompagner au sommet arabe du Caire par un président du Conseil entrant plutôt que par un partant. Ceci étant, il est assez étrange d’entendre les loyalistes soutenir que rien ne presse, puisqu’il n’y a pas de problème ou de conflit en ce qui concerne la désignation d’un nouveau Premier ministre. Si c’est bien le cas, pourquoi ne pas expédier cette simple formalité au plus vite. Même le président Sélim Hoss s’étonne d’une pareille désinvolture, d’une telle ahurissante inertie. En oubliant un peu qu’en 1998 il avait bénéficié lui-même de ces petits accrocs à la démocratie. J.I.