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Actualités - ANALYSE

Mobilisation à la rue Clemenceau Autour du chef druze, les partisans resserrent les rangs

«Désolé, Walid bey ne reçoit pas les journalistes aujourd’hui». Le jeune homme est très poli, mais très tendu et surtout très ferme. Dans la rue étroite qui abrite la villa du leader druze à Beyrouth, dans le secteur de la rue Clemenceau, Range Rover et Mercedes se bousculent, mais députés, ministres et autres membres du commandement du PSP qui en descendent ou y montent gardent un mutisme annonciateur d’orage. L’heure est visiblement grave et dans l’entourage du chef du Parti socialiste progressiste, l’inquiétude est presque palpable. Réunis en cellule de crise, les plus proches collaborateurs de M. Joumblatt multiplient les contacts pour tenter de connaître l’étendue de l’opprobre qui frappe soudain l’ancien allié de la Syrie. Ils sentent que l’affaire pourrait même les dépasser tous et qu’à travers eux c’est peut-être le gouvernement et l’ensemble de la classe politique qui sont visés. Dans la petite cour qui entoure la villa rose, si élégante et pimpante qu’on la prendrait pour un havre de sérénité, les jeunes partisans du leader druze défilent par petits groupes, depuis midi, heure à laquelle la nouvelle a commencé à être connue. Ils sont tous prêts à défendre leur chef. Mais les instructions sont strictes : il faut rester discret, faire le gros dos et laisser passer la tempête en attendant de pouvoir en comprendre la cause. Qui a annoncé la nouvelle au chef druze ? Nul ne le sait ou en tout cas ne veut le dire. Mais Walid bey a aussitôt annulé sa causerie à l’USJ et ses rendez-vous avec la presse. Devant son domicile, des jeunes commencent à raconter que dans le Chouf, après une présence réduite au minimum, les soldats syriens occupent de nouveau leurs barrages et la tension dans la montagne est grande. Le chef est-il réellement menacé ? Officiellement, nul ne veut avancer une telle hypothèse. Pour se rassurer, les partisans reprennent à leur compte les dénégations d’un journaliste syrien interrogé par la chaîne arabe al-Jazira. Et plus tard, lorsqu’une source responsable syrienne précisera que M. Joumblatt peut se rendre en Syrie comme n’importe quel citoyen mais que désormais il ne sera plus reçu officiellement, la nouvelle est accueillie avec soulagement comme s’il s’agissait d’un allègement «de la peine». Une condamnation qui d’ailleurs n’est pas bien comprise. Après tout, Joumblatt a simplement réclamé un redéploiement des troupes syriennes au Liban et un rééquilibrage des relations entre les deux pays. De plus, il y a deux semaines, il recevait les condoléances pour sa belle-mère en Syrie, où il possède une maison. Alors comment peut-on aussi rapidement passer de la situation d’hôte de marque à celle de persona non grata ? Le mystère demeure inexplicable. Apparemment, les autorités syriennes ne veulent même plus que le sujet des relations libano-syriennes soit évoqué. Le nouveau climat d’ouverture n’aurait-il été qu’une illusion ? Il en faut en tout cas bien plus pour calmer la rue. Même si tout le monde reste convaincu qu’à travers l’allié d’hier, d’autres sont visés. S.H.
«Désolé, Walid bey ne reçoit pas les journalistes aujourd’hui». Le jeune homme est très poli, mais très tendu et surtout très ferme. Dans la rue étroite qui abrite la villa du leader druze à Beyrouth, dans le secteur de la rue Clemenceau, Range Rover et Mercedes se bousculent, mais députés, ministres et autres membres du commandement du PSP qui en descendent ou y montent...