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Actualités - REPORTAGES

ÉCOLOGIE - Cri d’alarme de responsables municipaux Les cèdres de Qnat menacés de dessèchement

La municipalité de Qnat (caza de Becharré) lance un appel au secours. Une centaine de cèdres, qui ont échappé aux attaques de l’insecte ravageur Cephalcia tannourinensis, présentent depuis un certain temps «des symptômes de dessèchement en commençant par le haut». Les villageois s’inquiètent. Les membres de la municipalité craignent d’avoir affaire à un nouvel insecte ravageur semblable à celui qui s’attaque aux cèdres voisins de Hadath el-Jobbé et Tannourine. Alerté, un groupe d’experts de l’Université américaine de Beyrouth, dépêché sur les lieux, a réservé son diagnostic dans l’attente des résultats de laboratoire. Pour gravir la montagne de cette région de Becharré, il faut d’abord obtenir la «bénédiction» de Mar Challita, patron de la ville, se rafraîchir à la source qui porte son nom et entamer ensuite un périple de trois heures pour atteindre le sommet. Randonnée pénible, certes, mais compensée par le bonheur de découvrir une nature exquise, revêtue de couleurs chatoyantes. Juste en face, sur le versant ouest de la montagne de Qnat, un bosquet de pins parasols offre un spectacle apaisant sur fond de vert intense. Au bout du chemin, en arrivant à la cédraie, le problème se manifeste clairement. Une centaine de cèdres rassemblés sur un même plateau, affichent des cimes desséchées, exhibant un contraste alarmant avec la verdure de leurs aiguilles. De graves fissures apparaissent dans le tronc. «Il peut y avoir plusieurs causes à l’apparition de ce type de symptômes, explique Nasri Kawar, professeur de pesticides et de protection végétale à l’AUB. La diminution des chutes de neige durant ces dix dernières années pourrait entraîner plusieurs problèmes physiologiques dont celui du dessèchement de la terre. La sève, transportant les éléments nutritifs du sol, aura alors du mal à atteindre le point culminant de l’arbre», ajoute-t-il. Pour l’entomologiste Nabil Nemer, qui continue d’étudier le Cephalcia tannourinensis qui se nourrit des bourgeons en croissance, «le problème qui se manifeste aujourd’hui n’est pas un problème d’insectes ravageurs des bourgeons puisque ces derniers sont intacts», précise-t-il. Il n’exclut pas d’ailleurs le cas de champignons attaquant les racines et causant «la descente de la cime» ou «dieback» qui se manifeste par un dessèchement de haut en bas. «Nous avons pris un échantillon d’une branche récemment desséchée pour l’examiner de près au laboratoire», a-t-il ajouté. En estimant que c’est un problème physiologique, le Dr Kawar conseille de découper les branches sèches pour augmenter la production de pousses latérales en attendant les résultats des analyses du laboratoire. La cédraie trône à 1 750 mètres d’altitude sur le plus grand village du caza de Becharré, Qnat. Elle constitue une partie de la grande cédraie de Tannourine, Hadath el-Jobbé et Kfour el-Arabi et Niha qui s’étend sur une superficie de 600 hectares. Celle-ci a été la proie à de multiples attaques par l’hymenoptère Cephalcia tannourinensis, décimant des dizaines de milliers de cèdres bicentenaires durant les dix dernières années. Un plan de contrôle a été entamé il y a deux ans pour traiter les arbres par hélicoptère en utilisant un inhibiteur de mue, Dimilin, inoffensif à l’environnement. La plus grande partie de la cédraie de Qnat – sauf 40 000 m2 qui reviennent à la municipalité – constitue des propriétés privées qui ont été cultivées de blé, poussant jadis à profusion aux pieds des cèdres. Aujourd’hui, délaissée par les agriculteurs, elle est excessivement exploitée par les éleveurs de chèvres dans la région. Parcellement minée, la plus grande cédraie du Liban est menacée d’extinction par plusieurs facteurs biologiques et physiologiques. Le président du conseil municipal de Qnat, Challita Karam, a hâte de connaître le problème «pour pouvoir le résoudre le plus tôt possible». Mobilisés par une catastrophe qui touche le plus cher symbole de notre pays, une dizaine de personnes, originaires de la région, se sont rendues sur place dimanche dernier pour examiner les arbres. Les membres du Rassemblement des amis des cèdres de Tannourine – Hadath el-Jobbé, présidé par le Dr Mounzer Dagher, ont adressé une note aux ministères de l’Agriculture et de l’Environnement, demandant aux responsables de prendre en considération l’importance de cette catastrophe et de prévoir un budget pour les études requises afin de résoudre le problème.À la demande de M. Berge Hatjian, directeur général du ministère de l’Environnement, les ingénieurs forestiers Nabil Nemer, Koshaya Hanna, Michel Khouzami et les membres de la municipalité de Qnat et Tannourine se sont réunis hier mardi pour cerner le problème, établir une gestion saine pour la cédraie et embaucher des gardes-forestiers. M. Hatjian a insisté sur l’importance de l’information appelant à une attention particulière de la part des organismes locaux et internationaux. Le cèdre du Liban est menacé d’extinction. Après les ravages provoqués par les insectes, l’influence du changement climatique et les catastrophes qui ne cessent de s’abattre sur lui, le cèdre sera-t-il encore debout dans vingt ans ? Jenny NASR
La municipalité de Qnat (caza de Becharré) lance un appel au secours. Une centaine de cèdres, qui ont échappé aux attaques de l’insecte ravageur Cephalcia tannourinensis, présentent depuis un certain temps «des symptômes de dessèchement en commençant par le haut». Les villageois s’inquiètent. Les membres de la municipalité craignent d’avoir affaire à un nouvel...