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Actualités - ANALYSE

Selon une source officieuse, les trois Israéliens seraient « des prisonniers de guerre » Beyrouth s’étonne des contradictions US

Selon un cadre libanais, les trois Israéliens capturés par le Hezbollah «sont des prisonniers de guerre et non pas des otages». Cette position, bien que défendue sur le plan argumentaire par plus d’un responsable local, est cependant exprimée jusque-là à titre officieux. Et c’est en quelque sorte heureux. Car à un moment où la Syrie elle-même, par la bouche de son ministre des Affaires étrangères, affirme qu’elle ne souhaite pas plus la guerre que le Liban ou le Hezbollah, il serait étrange que Beyrouth se livre officiellement à des surenchères à ce propos. Et fasse de la prise d’une monnaie d’échange en vue de la libération des prisonniers libanais un casus belli, un cas de guerre, autorisant du même coup toute sorte de riposte israélienne. – Cependant les propos précités s’inscrivent dans la logique des reproches que les responsables libanais croient devoir adresser à l’Administration US. «Comment, déclare un responsable, les Américains peuvent-ils, pour en réclamer la libération immédiate, qualifier les trois soldats israéliens d’otages. Il s’agit de prisonniers de guerre. Ils ont en effet été capturés par la Résistance sur le sol libanais encore occupé, dans la région des hameaux de Chebaa. L’opération a visé des militaires d’active et non des civils. Si les Israéliens et les Américains veulent les récupérer, il leur faut négocier un échange avec les prisonniers libanais détenus en Israël». Et de rappeler que «Washington n’avait pas parlé de rapt, comme il le fait maintenant, lorsque Moustapha Dirani avait été enlevé de son domicile dans la Békaa par un commando israélien. De même, les Américains n’avaient pipé mot quand cheikh Abdel-Karim Obeid a été kidnappé». – Dénonçant pareillement «le parti-pris US», un cadre politique regrette pour sa part que «Washington oublie, au profit d’Israël, le rôle d’honnête courtier, d’arbitre impartial que la conférence de Madrid lui a dévolu. Il n’est pas étonnant dès lors que le processus de paix se retrouve si souvent en panne. Et que l’on s’achemine vers des tensions de guerre plutôt que de paix». Cette personnalité affirme que «la position du Liban, répétée par le chef de l’État, le président Émile Lahoud, ne varie pas d’un pouce. Aucune pression, américaine ou autre, ne saura nous faire plier, car nous avons le bon droit pour nous. Nous sommes pour une paix régionale globale et équitable. C’est-à-dire, Israël doit rendre le Golan, les hameaux de Chebaa et les prisonniers libanais qu’il détient. Il doit aussi accepter le retour des réfugiés palestiniens installés chez nous. Et, enfin, il nous doit des dommages de guerre». Se livrant ensuite à une approche analytique de la situation, ce responsable estime que « la confrontation violente avec les Palestiniens dans les territoires, les heurts à la frontière libanaise et la capture de trois de ses soldats par le Hezbollah désarçonnent le gouvernement Barak. Il se retrouve en pleine confusion et ne sait comment s’en sortir. Apparemment, il choisit la fuite en avant, en maintenant, voire en renforçant, les conditions qu’il pose pour la reprise des négociations avec Arafat. Les difficultés dans lesquelles Barak se débat ont incité les Américains à intervenir rapidement pour le tirer d’affaire. Ils veulent le maintenir au pouvoir car un retour du Likoud risquerait de compromettre définitivement leurs initiatives en faveur du processus de règlement régional. Mais force nous est de constater que dans leur volonté d’aider Barak, les Américains se montrent encore une fois trop lourdement partiaux, presque anti-Arabes à la limite. Preuve en est qu’ils ont failli opposer leur veto à la résolution du Conseil de sécurité, pourtant très adoucie, condamnant le carnage perpétré par les Israéliens (même pas nommés !) dans les territoires. En ce qui concerne le Liban, le comportement US se révèle truffé de contradictions. Washington appuie le pouvoir libanais à l’intérieur, dans tous les domaines, sans faire obstacle à d’excellentes relations avec la Syrie. Mais il insiste toujours pour l’envoi de l’armée libanaise au Sud, au profit d’Israël. Pour nous, la situation dans cette région est suffisamment calme, au regard de nos intérêts. Il y a la Finul et il y a les gendarmes. Les camps palestiniens sont sous haute surveillance et il n’y aura pas d’opérations de Fedayine à partir du Liban. Cela suffit, répétons-le. Pour le reste, on ne peut exiger de nous une stabilisation totale de la bordure frontalière, du moment qu’Israël continue à occuper une bande de notre territoire, au mépris de la 425, et qu’il garde des citoyens libanais dans ses geôles. Nous n’allons pas envoyer l’armée protéger la frontière israélienne», répète ce responsable local, que l’idée de protéger la frontière libanaise, notamment à Marwahine où les Palestiniens déferlent, ne semble même pas effleurer. Philippe ABI-AKL
Selon un cadre libanais, les trois Israéliens capturés par le Hezbollah «sont des prisonniers de guerre et non pas des otages». Cette position, bien que défendue sur le plan argumentaire par plus d’un responsable local, est cependant exprimée jusque-là à titre officieux. Et c’est en quelque sorte heureux. Car à un moment où la Syrie elle-même, par la bouche de son...